Le syndicaliste (Alger) - mai-juillet 1927

Le Syndicaliste était organe de revendication, d’éducation et d’information syndicales, puis le bulletin officiel du Syndicat des ouvriers des métaux d’Alger

L’ESPERANTO au service du Prolétariat

Le VIIe Congrès de Sennacieca Asocio
Tutmonda (S.A.T.) (en français : Association dépourvue de tout caractère national),aura lieu à Lyon, au commencement
d’août.

Le fait que le mouvement espérantiste
ouvrier tiendra son VIIè Congrès Mondial mérite l’attention. Il prouve que la langue Internationale s’est déjà répandue
dans les rangs prolétariens. C’est pourquoi nous pensons que nos lecteurs suivront avec intérêt un aperçu de l’histoire
et des buts de S.A.T.

Jusqu’en 1921, les esperantistes ouvriers prenaient part d’habitude aux Congrès universels du mouvement esperantiste. Il s’agissait d’abord de prouver qu’une langue artificielle permettait aux hommes des divers pays de se comprendre. Mais cette preuve est
maintenant faite depuis longtemps et les
esperantistes ouvriers ont compris que
leur devoir est d’utiliser l’Espéranto pour
leurs buts de classe.

A l’occasion du XIIIe Congrès Universel d’espéranto (Prague, Tchéco-Slovaquie), ils se groupèrent de leur côté et
fondèrent l’organisation qui a pour but
d’unir une échelle mondiale les esperanlistes ouvriers conscients de leur devoir de classe. Le mouvement s’accrut lentement mais sans arrêt. Chaque année, depuis 1921, S.A.T, tient un Congrès dans fut un pays différent.

L’année dernière, le VIe Congrès eut
lieu à Leningrad et plus de 400 camarades de divers pays y assistèrent.

Des hommes célèbres comme H. Barbusse, R. Rolland, A. Einstein, E. Toller, A. Lounatcharski ont bien voulu appuyer moralement le mouvement de S.A.T. en acceptant la présidence d’honneur du
Congrès.

Après sept ans d’existence, S.A.T. a
réussi à rallier 5.000 membres de toutes
les parties du monde.

Comme son but est de mettre l’Espéranto au service du prolétariat mondial, il créa pour cela un appareil qui fonctionne el montre son utilité. Cet appareil consiste en :

1° Un annuaire avec les adresses de
tous les membres, qui permet de demander des informations, de recevoir l’aide
de camarades dans un voyage et de profiter d’autres divers services ;

2° Une revue hebdomadaire (Sennaciulo, « le Sans-Nation »), qui publie
les informations reçues directement de toutes les parties du monde ;

3° Une revue mensuelle avec un contenu littéraire, scientifique, pédagogique ;

4° Un service de presse qui, après cinq mois d’existence a envoyé plus de 110 informations à des milliers de journaux de 26 pays.

Ces faits démontrent que le mouvement espérantiste n’est plus seulement une question linguistique, mais qu’il devient
un mouvement social qui, de plus en plus,
attire l’attention.

Il est admis par tous que l’émancipation finale du prolétariat ne peut avoir lieu que sur une échelle mondiale. Les barrières linguistiques entravent cette émancipation. S.A.T. livrera le moyen et
montrera la voie pour rompre ces barrières.

E. LANTY

Pour de plus amples informations sur l’Espéranto et sur S.A.T., s’adresser au groupe espérantiste « Prol’ Esper », Brasserie du Centre, 3. rue de Lyon, Belcourt-Alger.

[Puis, dans la rubrique à propos des Causeries organisées à la bourse du travail d’Alger, après le rapport d’une conférence sur la Chine par Louzon :]

Sur l’Espéranto

Le 13 juin, le même groupe s’était revu pour entendre une causerie sur
l’Espéranto (langue auxiliaire).

Le camarade Lauret de la société esperantiste d’Alger (prol esper), exposa
d’abord les avantages considérables
qu’apporterait au monde une langue
unique. Ils se résument par la facilité
des rapports et les progrès qui découlent de ceux-ci ainsi que la suppression de causes nombreuses de conflits et de
guerres.

Si l’on avait adopté une langue en
usage, celle-ci se serait buttée aux jalousies nationales insurmontables et d’autre part aurait conservé des difficultés inutiles.

Pour sa généralisation, la langue nouvelle devait donc être une langue unique.

Cette langue, qui s’appelle Espéranto, Elle
fut créée par le savant Zamenhof.

Le camarade Lauret démontra à l’aide
de nombreux exemples que la langue Esperanto était mathématique par sa précision et sa simplicité.

I1 fit connaître les services qu’elle rendait déjà entre travailleurs qui avaient
sacrifié quelques moments a son étude.

II acheva par des renseignements sur
le développement acquis par l’Espéranto.

Sources : Archives du Syndicaliste