La Dernière Heure.be - 09 août 2010 - Internet et la Chine dopent l’espéranto

DH.be publie le 09 août un article initulé Internet et la Chine dopent l’espéranto.

Internet et la Chine dopent l’espéranto

On croyait la langue internationale tombée en désuétude. Il n’en est rien

NAMUR Le rêve fou d’une seconde langue commune à tous visant à instaurer un dialogue interculturel entre les peuples – tout en sauvegardant et en respectant la langue maternelle de chacun – avait fini, au fil des ans, par être assimilé à une utopie.

Des associations actives à travers le monde continuaient, cependant, d’y croire. Des indicateurs concrets démontrent, aujourd’hui, que l’espéranto retrouve une vigueur certaine, et que ce n’est qu’un début…

Premier indice : l’attrait pour les méthodes gratuites d’apprentissage en ligne de l’espéranto ne cesse d’augmenter, particulièrement auprès des jeunes. Un succès qui s’explique par la facilité et la rapidité avec lesquelles on peut maîtriser cette langue comptant seulement 16 règles de grammaire.

Sans compter que la langue internationale espéranto constitue le chaînon manquant entre la Toile – fabuleuse ouverture sur le monde – et la difficulté pour la majorité d’entre nous de communiquer dans plusieurs langues.

Interpellant, également, le nombre de résultats – 34.400.000 – affichés pour le mot espéranto via le moteur de recherche Google.

Dans l’encyclopédie Wikipédia, l’espéranto se situe en 22e position sur les 269 langues répertoriées et classées selon le nombre d’articles publiés : soit 127.527 articles pour ce qui est de l’espéranto (statistiques de Wikipédia au 14 juillet 2010).

C’est néanmoins du côté de la Chine que l’on trouve le dopant le plus actif de l’espéranto. Une révolution qui se prépare depuis longtemps : cela fait plusieurs décennies que Radio Pékin émet en espéranto et que des cours d’espéranto figurent dans des programmes de formation des enseignants.

Mais c’est depuis 2008 tout particulièrement que les signes d’une réelle émergence de la langue se révèlent au grand jour. Cela se produit lors du forum des langues qui se tient en Chine, à Nanjing. Alors que 70 langues sont représentées et enseignées dans des cours d’initiation, l’espéranto y est la langue la plus sollicitée par les participants, après l’anglais, et avant le français : du jamais-vu dans ce type de forum.

Autre signe de changement propice au développement de l’espéranto : la position de plus en plus intransigeante des Chinois face à l’anglais. Forts du développement de leur commerce extérieur, les Chinois commencent à exiger, lors de tractations économiques internationales, que la langue de travail soit désormais la leur, plutôt que l’anglais. Le chinois – plus précisément le mandarin – étant la langue qui compte le plus de locuteurs au monde et la seconde à être la plus utilisée sur Internet.

À cela s’ajoutent les initiatives mises en place dans l’enseignement avec des projets pilotes menés dans plusieurs classes d’écoles primaires : l’espéranto y est enseigné comme première langue étrangère. Dans certaines universités, comme à Nanjing – ville qui compte 6.000.000 d’habitants –, c’est le recrutement de professeurs étrangers capables d’enseigner l’espéranto, en sus de leur langue maternelle, qui est désormais favorisé.

L’éveil de la Chine va-t-il encourager le monde à communiquer sans suprématie d’une culture sur l’autre, plutôt que le faire trembler ? Une voie semble tracée…

Rosetta Flochon

Source : http://www.dhnet.be/infos/societe/a...

Voir aussi :
 La Dernière Heure.be - 09 août 2010 - Le sésame du routard
 La Dernière Heure.be - 09 août 2010 - Espéranto et les médias
 La Dernière Heure.be - 09 août 2010 - Des ambassadeurs pragmatiques