La Voix du Nord - 15 avril 2012 - Elle participe à un congrès à Hernicourt sur la tombe rénovée d’un pilier de l’espéranto

Article paru dans la rubrique • LE VISAGE DE L’ACTUALITÉ

Nicole Bécant avec Jacky Ramon, président de l’association arrageoise d’espéranto, devant la tombe en travaux en mars.

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Retraitée de l’enseignement, Nicole Bécant est restée active. Parmi ses loisirs, il en est un qui intrigue, l’espéranto.

Cette habitante de Penin participe aujourd’hui à Hernicourt à un hommage au pilier de ce mouvement, Émile Grosjean-Maupin. Sa tombe dans le cimetière de la commune a été rénovée grâce à l’association arrageoise d’espéranto.

Pour la majorité des gens, celle qui ne parle par l’espéranto, c’est une tombe comme les autres, au cimetière du village d’Hernicourt. « Imaginez, pour nous il est aussi important que Jaurès pour les socialistes ! » Secrétaire de l’association arrageoise d’espéranto, Nicole Bécant est venue il y a quelques semaines de Penin pour suivre les travaux de rénovation de la sépulture d’Émile Grosjean-Maupin, l’un des pères fondateur de l’espéranto.

Un épilogue aussi heureux qu’inattendu pour tous les membres du mouvement espérantiste. « Paul-André Trollé, un historien local, avait connaissance de la tombe d’Émile Grosjean-Maupin suite à des recherches sur les tombes de soldats à Hernicourt. Il a transmis l’information en 2009 aux membres de l’association d’espéranto lors d’un Salon du livre. » Une révélation qui tombe au bon moment puisque le maire a lancé une procédure de reprise de la tombe. Abandonnée, elle doit être détruite et la dépouille d’Émile Grosjean-Maupin doit rejoindre la fosse commune. « C’était impossible de laisser faire ça. On a recherché des descendants mais il était célibataire et n’avait apparemment pas de famille. » Si Émile Grosjean-Maupin repose à Hernicourt, c’est qu’il y a terminé sa vie, aux côtés des époux Labatteux, des amis qui y avaient une maison.

« En septembre 2011, les membres du mouvement ont lancé une souscription », et parallèlement le maire Henri Boitel gèle la procédure. Les dons des espérantistes atteignent près de 4 000 euros, de quoi rénover le monument en marbre et y apposer une plaque avec une inscription.

Aujourd’hui, c’est donc dans le village (et dans la salle des fêtes de Wavrans puisqu’Herniourt n’a pas de salle) que va se dérouler le congrès régional du mouvement, et Nicole Bécant va « en profiter pour faire découvrir pourquoi Émile Grosjean-Maupin était venu ici ».

Pas d’interprète

Sur cette figure emblématique de l’espéranto, Nicole Bécant en connaît autant que sur la langue elle-même, qu’elle a découverte en autodidacte. « J’étais retraitée et je voulais m’occuper. En 1998, j’ai entendu parler d’un congrès d’espéranto qui rassemblait plus de 2 000 personnes de vingt nationalités et tout le monde se comprenait. » L’ancienne enseignante est conquise. « Je trouve ça extraordinaire de ne pas passer par un interprète qui déforme ! Quand on lit un livre d’un hindou ou d’un arabe d’Algérie écrit en espéranto, on a vraiment l’impression d’entrer dans une autre manière de penser, ce sont les mots qu’ils ont choisis eux-mêmes. » Nicole Bécant se lance : « J’ai appris l’espéranto toute seule. Après trois mois, j’ai voulu voir des gens et j’ai rejoint l’association », où elle enseigne maintenant.

La Peninoise est aussi séduite par l’universalité que revendique cette langue : « Je n’ai pas beaucoup voyagé mais j’aimerais recevoir beaucoup de gens chez moi. Il existe un livre qui recense les gens qui à travers le monde parlent l’espéranto et acceptent d’accueillir. C’est une façon de ne pas voyager par les pieds mais par la tête. »

Le congrès régional de l’espéranto est organisé aujourd’hui. Renseignements sur le site Internet de l’association : arrasesperanto.free.fr/

Claire Couillez-Brouet

Source : la Voix du Nord