L’expérience de Villefranche-sur-Saône

Publié le mardi 11 octobre 2005 par admin_sat , mis a jour le mardi 11 juillet 2006

Dans l’édition Rhône-Alpes du “Monde”, le 15 avril 1987, le journaliste Jean Périlhon relatait le succès rencontré par l’espéranto introduit au collège Jean Moulin de Villefranche-sur-Saône à l’initiative de son proviseur, M. Léo Miquel. L’idée lui était venue du fait qu’un collègue britannique lui avait fait part de l’avantage que donnait l’apprentissage préalable de l’espéranto pour l’apprentissage du français. Devenu chef d’établissement, Léo Miquel décida d’inclure l’espéranto dans les horaires de cours, dans le cadre de l’autonomie pédagogique.

Un professeur de français, histoire et géographie, Michel Guillot, accepta de jouer le jeu en consacrant son été 1984 à l’apprentissage de la langue afin d’être prêt pour la rentrée, avec seulement trois mois d’avance sur ses élèves. D’autres professeurs avaient accepté de céder du temps sur leur propre matière. Tout se déroula dans un bon esprit.

Au bout de cinq mois, les vingt-huit élèves de sixième parvinrent à correspondre avec des Yougoslaves, puis des Hongrois. Après trois années, la question se posa d’assurer le relais dans des établissements du second cycle. Mais le succès d’une telle expérience était gênant pour le casseur d’enthousiasme qui a sévi de mai 1988 à février 1992 à la rue de Grenelle, et qui prétendait qu’avec un éventail de douze langues étrangères : “le système éducatif français est de tous les pays de la Communauté économique européenne et du monde, celui qui offre aux familles le choix le plus ouvert et, pour ce motif, il paraît peu justifié d’en accroître encore la diversité“ (J.O., 26 décembre 1988, article n° 5469). Comme ses prédécesseurs et ses successeurs, Jospin s’est montré incapable de faire la différence entre une langue à vocation internationale conçue pour ce rôle et des langues nationales qui, par définition, ne sont adaptées et adéquates que pour l’usage national.