L’espéranto en Vendée et dans le monde

Publié le vendredi 28 décembre 2001 par admin_sat

Publiés au "Journal Officiel" du 16 octobre 1996, les buts déclarés de l’association Espéranto-Vendée étaient formulés dans ces termes : "organiser à des fins éducatives, culturelles et sociales, la diffusion de la langue internationale espéranto par l’information, l’enseignement et diverses formes d’action."
Les premiers cours d’espéranto avaient déjà commencé à La Roche-sur-Yon dès 1995. Il y en a actuellement trois de divers niveaux.
D’autres cours ou cercles de conversation ont été ouverts par la suite à Fontenay-le-Comte, Aizenay et Les Sables d’Olonne. Une demande assez importante, dans un secteur s’étendant de St Michel-en-L’Herm à Talmont-St-Hilaire, en passant par Angles, Longeville-sur-Mer et La Tranche-sur-Mer, justifie l’ouverture d’un nouveau cours. Nous recherchons actuellement une salle. Nos besoins d’enseignants qualifiés ne cessent de croître.

L’enseignement de l’espéranto est une activité enrichissante et passionnante. Dans le domaine scolaire, il constitue la meilleure approche possible de toutes les langues du monde puisqu’il réunit des caractéristiques de langues aussi différentes que le chinois, dont les éléments sont invariables ; le japonais, le coréen, le mongol, le turc, le hongrois ou le finnois, du fait que ses éléments sont agglutinables ; et enfin des langues romanes, germaniques et slaves, dans lesquelles il puise largement ses racines.

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que des jeunes qui ont appris l’espéranto aient été ensuite tentés par la découverte d’autres langues. C’est le cas, certes peu commun, de Georges Kersaudy, l’auteur d’un remarquable ouvrage qui vient de paraître sous le titre "Langues sans frontières". Georges Kersaudy a eu en effet la chance de pouvoir apprendre l’espéranto à l’âge de 15 ans et de trouver dans cette langue, elle-même sans frontières, une ouverture peu commune sur de nombreux idiomes puisqu’il parle, écrit et traduit 51 langues d’Europe et d’Asie.

Anthropologue, analyste érudit du monde arabe, auteur d’ouvrages sur l’islam, Maxime Rodinson a appris l’espéranto très jeune puis une trentaine de langues.
L’espéranto fut aussi l’une des premières langues apprises par l’Estonien Paul Ariste. Il devint par la suite un grand polyglotte et éminent linguiste, spécialiste des langues finno-ougriennes.
Auteur d’un ouvrage intitulé "Le défi des langues", Claude Piron a appris l’espéranto à 14 ans et il devint l’un des très rares traducteurs de l’Onu à être polyvalent pour l’anglais, l’espagnol, le russe et le chinois.

Il est donc clair que l’espéranto, en plus d’être une langue internationale, est un instrument de découverte précoce. Il apporte un enrichissement culturel et rend généreusement le temps et les efforts qui lui ont été consacrés. C’est d’ailleurs ce qu’avait prévu le grand écrivain russe Léon Tolstoï après avoir consacré quelques heures à l’étude de la grammaire de l’espéranto. Dans une lettre à Vladimir Maïnov, un journaliste qui lui avait demandé son avis, il avait répondu : " Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen, en consacrant quelque temps à son étude sont tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu’on ne peut se refuser à faire cet essai".
Le renouveau de l’intérêt pour l’espéranto en Vendée et dans le monde est confirmé par la parution, depuis plusieurs années, d’ouvrages qui vont dans le sens de l’idée que l’espéranto est digne d’attention et d’intérêt.

Il existe diverses explications et motivations possibles parmi lesquelles :

 des applications pratiques en plein développement depuis la chanson en passant par le commerce, le tourisme, la communication scientifique, les échanges scolaires, etc.
 l’accès facile aux échanges internationaux par Internet et la place croissante qu’y occupe l’espéranto,
 le développement des relations internationales et des possibilités de voyager, ce qui inclut les diverses migrations qui n’ont malheureusement pas toutes le visage d’un tourisme souriant et détendu,
 Une prise de conscience sur la question des langues et face à la pression du tout-anglais.
Il y a aussi l’attrait pour une langue au sujet de laquelle le chanteur Morice Benin a dit : "L’espéranto n’est au service d’aucun nationalisme, d’aucun négoce, d’aucune technocratie, d’aucun dessein politiquement et réalistement correct. C’est cette indépendance-là qui m’attire depuis si longtemps : l’effort initial qu’exige son apprentissage est commun pour tous ceux qui désirent s’y plonger ; sorte de "démocratie originelle".

On peut penser que la force de l’espéranto réside effectivement dans cette indépendance que Claude Hagège, professeur au Collège de France, avait ainsi soulignée lors d’une conférence présentée à Valenciennes : "C’est dans sa facture une langue que l’on peut considérer comme une des grandes langues de l’Europe.
"Je pense que l’espéranto est une solution parmi d’autres, et qu’il pourrait avoir pour lui l’avantage, sérieux, à savoir que, contrairement à n’importe laquelle des langues de vocation européenne, il n’est pas, lui, précédé ou suivi d’un engagement politique et national. C’est la langue d’aucune nation, d’aucun État.
Et c’était du reste l’idée de son inventeur. Zamenhof, en 1887, l’avait dit dès cette époque, quand il a publié le premier livre qui proposait l’espéranto.
On le sait depuis longtemps donc, l’espéranto a pour lui, avait pour lui, aura toujours pour lui, de ne pas être la langue d’une nation et d’un peuple, encore moins d’un État au sens hégélien du terme, ce qui sont des traits plutôt favorables."

Il peut paraître paradoxal que les personnes qui se tournent vers l’espéranto sont de plus en plus nombreuses à connaître l’anglais ou même plusieurs langues.
L’exemple nous est donné par des jeunes couples qui ont entrepris respectivement un tour d’Europe et un tour du monde avec l’espéranto dans leur bagage linguistique, en plus de l’anglais et de l’espagnol.

Partis le 5 mai 1997 du Poiroux pour un tour d’Europe de quatre ans en roulotte, avec leur fille Lola alors âgée de six mois, Gudule Le Pichon et Laurent Cuenot ont déjà sérieusement entamé leur cinquième année. Ils ont passé leurs hivers aux Pays-Bas, puis en Suède, en République tchèque et en Bulgarie. Partis à trois, ils reviendront à quatre puisqu’un fils leur est né en Grèce.
Rachel Prual et David Cholet sont partis le 15 juillet 2000, non loin d’ici [le Parc des Expositions], depuis le rond-point du Dr Zamenhof, l’inventeur de l’espéranto, pour un tour du monde de deux ans en stop. On peut souligner en passant qu’ils ont eu un accueil chaleureux en Iran et au Pakistan. Ils sont actuellement en Amérique du Sud et rejoindront ensuite l’Afrique du Sud pour remonter vers le nord. Ils ne sont pour l’instant que deux ... on ne sait jamais, puisqu’un autre jeune couple, Véronique et Boris, parti du Pas-de-Calais et revenu récemment d’un tour du monde d’un an, lui aussi avec l’espéranto, attend un heureux événement ! (1)
Tous ces couples, comme bien d’autres grands voyageurs, ont appris l’espéranto peu de temps avant leur départ, voire même en cours de route. Tous sont enchantés de l’avoir ajouté aux autres langues qu’ils ont apprises, comme l’avait fait avant eux un autre couple, Maryvonne et Bruno Robineau, qui ont effectué un tour du monde de huit ans pour avoir des contacts dans le milieu de l’agriculture .
La question de l’espéranto va donc bien au-delà de l’idée d’un simple passe-temps. Les ressources qu’il offre sont encore mal connues du public, et notre but est précisément de l’informer.

Conçu spécialement pour faciliter et favoriser les relations internationales, l’espéranto a vu le jour à Varsovie. La Pologne était alors un pays rayé de la carte, occupé par les puissances voisines, étouffé par la censure, tourmenté par des conflits interethniques et raciaux. Dans l’esprit du Dr Zamenhof, qui avait vécu son enfance dans un climat de haine et de méfiance, de tension permanente et de violence, l’espéranto devait offrir, au moins entre les hommes capables de penser autrement qu’avec leurs tripes et de rechercher des solutions honorables et équitables, le moyen de créer un trait d’union entre tous les peuples.

Il est bon de rappeler que le nombre de langues parlées dans le monde varie de 3000 à 6000 selon les spécialistes et selon les critères qu’ils adoptent. L’espéranto fait partie des 4% des langues les plus parlées du monde. Il entre dans le groupe de quelques dizaines de langues parlées par plus d’un million d’habitants de notre planète, mais à l’inverse de la quasi totalité d’entre elles, son aire géographique s’étend au monde entier et non à un pays ou une région. Le pays de l’espéranto, c’est notre planète Terre. L’espéranto donne une dimension supplémentaire à la communication linguistique, y compris pour des personnes qui maîtrisent l’anglais et même plusieurs langues.

Il a donc toujours sa raison d’être, c’est-à-dire celle de permettre aux personnes n’ayant aucune langue commune d’accéder à une communication de qualité dans les meilleurs délais et à moindres frais. Pour une même exigence de qualité, son temps d’apprentissage est de 8 à 10 fois plus bref que celui que nécessite toute autre langue. L’objectif premier du Dr Zamenhof, le père de l’espéranto, est de ce fait pleinement réalisé.

Bien avant que naissent la Société des Nations, puis l’Organisation des Nations Unies, et même l’Union européenne, Zamenhof avait oeuvré dans un esprit qui allait dans le sens de celui qui allait présider à la fondation de ces organisations.