20 minutes - 09 février 2011 - Les étrangers peuvent voter virtuellement

20 minutes publie le 09 février un article intitulé Les étrangers peuvent voter virtuellement et débutant ainsi : "En esperanto, « baloti » signifie voter."

Les étrangers peuvent voter virtuellement

par Irène Languin - Un site permet aux migrants de se prononcer sur les objets fédéraux soumis au vote ce dimanche. C’est un cinquième de la population suisse qui est ainsi invité à s’exprimer officieusement.

En esperanto, « baloti » signifie voter. C’est aussi le nom qui a été donné à un projet permettant aux étrangers et aux moins de 18 ans de participer, virtuellement, à la démocratie directe en Suisse. Durant la phase pilote, qui s’étend jusqu’à fin 2011, ce sont uniquement les objets fédéraux qui pourront être votés sur le site baloti.ch. Ensuite, les migrants pourront aussi s’exprimer sur les scrutins cantonaux.

L’idée est de donner, officieusement, la parole à un grand nombre d’habitants de la Confédération helvétique. « 22% des résidants de ce pays n’ont pas la possibilité d’exprimer leur conviction politique parce qu’ils ne sont pas suisses », relève le professeur Uwe Serdült, vice-directeur du Centre pour la démocratie d’Aarau, qui mène l’étude en collaboration avec l’Université de Neuchâtel.

Dans les conditions du réel

Les informations sur le processus de vote sont données dans les onze langues les plus parlées en Suisse, dont le croate et le tamoul. Le suffrage s’effectue dans les conditions du réel. « Le scrutin est tenu secret, comme pour un vote électronique crypté tel qu’il se pratique à Genève », précise Uwe Serdült. Pour les votations de ce dimanche 13 février par exemple, l’urne électronique ne sera ouverte qu’à midi.

Les résultats du vote virtuel seront ensuite rendus publics sur le site puis analysés par les chercheurs. Ces derniers souhaitent notamment déterminer si le droit de vote accordé aux étrangers modifierait les rapports de majorité-minorité en Suisse. « Notre hypothèse de travail est que le comportement électoral des migrants ne s’éloigne pas beaucoup de celui des Helvètes », souligne Uwe Serdült. « C’est la raison pour laquelle je pense que les craintes de certains Suisses à l’égard du droit de vote des étrangers sont parfaitement infondées. »

Comportements de vote divergents ?

La plateforme a déjà été utilisée lors des votations du 28 novembre 2010. Elle a rencontré du succès dans tous les cantons, mais majoritairement à Zurich, Berne, Bâle-Ville, Vaud et Genève. Les trois-quart des votants étaient des hommes âgés de 30 à 49 ans. D’après le professeur Serdült, c’est assez typique d’une participation politique sur le web.

Contrairement aux Suisses, les centaines d’électeurs virtuels avaient rejeté l’initiative populaire pour le renvoi des étrangers criminels. Ce résultat a amené les chercheurs à modifier leur hypothèse de départ : les comportements de vote pourraient être différent lorsque les sujets touchent de près les migrants. Les scores ne seront toutefois concluants que lorsque le site aura enregistré plus de 1000 suffrages.

Source : http://www.20min.ch/ro/news/suisse/...