Comenius, “le Galilée de l’éducation"

Publié le vendredo 1a oktobro 2004 par admin_sat , mis a jour le vendredo 21a marto 2008

Les riches sans sagesse sont-ils autre chose que porcs engraissés par le son ? Les pauvres qui ne comprennent
rien, que sont-ils, sinon des ânes malheureux condamnés à porter la charge ?

Né en Moravie en 1592, Jan Amos Komensky (nom latin : Comenius) est considéré comme le précurseur de la pédagogie moderne. Comme Galilée, il fut inquiété par le pouvoir et par l’Église. Il choisit de s’exiler et vécut longuement en Suède puis aux Pays-Bas où il mourut en 1670. L’école, telle qu’il la concevait, "serait productrice de l’homme humain, se proposant le développement de la qualité même d’homme au lieu d’un dressage professionnel ou d’une préparation à des fonction sociales définies."

Comenius s’efforça de faire prendre conscience de l’importance des langues. En 1636, il publia un ouvrage
intitulé Janua linguarum reserata (Porte ouverte sur les langues).

Dès le XVIIème siècle, dans une Europe qui croit moins aux vertus du latin, plusieurs philosophes recherchent une langue universelle propre à exprimer le vrai. Descartes et le Père Mersenne en France, Godwin et Wilkins en Angleterre, puis le Tchèque Comenius et Leibniz, participent à cette recherche. [1] En effet, Comenius s’était penché sur l’idée de langue internationale qui préfigurait déjà l’espéranto. En 1641, dans Via lucis, il prophétisa “le temps où l’humanité jouira de l’usage d’une langue auxiliaire universelle incomparablement plus facile que nos langues naturelles”. Il en traita aussi en 1662 dans Panglottia, 5ème partie de son oeuvre Panaugia. Il ne put achever le projet sur lequel il travaillait.

Un programme européen porte son nom, mais il ne tient guère compte de sa démarche innovante et intéressante dans une Union qui, aujourd’hui, donne toujours plus de facilités à l’intrusion déjà insidieuse et pesante de l’anglais.

Il trahit ainsi le principe d’égalité des chances qui était cher à Comenius. Lors d’un entretien accordé au Figaro (19 août 1993), le professeur Umberto Eco avait
dit, à propos de l’espéranto : “Je pense qu’une langue « véhiculaire » est nécessaire, mais qu’en même temps il est nécessaire d’arriver à un plurilinguisme raisonnable. On ne peut pas passer son temps à apprendre toutes les langues, mais il faut acquérir une certaine sensibilité aux différents langages.

Or, cette sensibilisation est précisément l’un des aspects offerts par l’espéranto en tant qu’enseignement préparatoire. Mais les “porcs engraissés de son” qui
règnent sur l’UE ont choisi la servilité face à la loi du plus fort.