Halloween et bourre-couillons...

Publié le merkredo 3a oktobro 2001 par admin_sat , mis a jour le dimanĉo 8a aŭgusto 2004

Le bourre-couillons

En cuisine, le court-bouillon est un bouillon fait d’eau, de beurre, de vin blanc et d’épices servant à faire cuire le poisson.

Quand il s’agit de cuisiner l’être humain, d’en faire un être stupide "un couillon" cela se fait dans une préparation à l’américaine qui consiste à bourrer les crânes.

Herbert Schiller fut professeur de communication à l’université de Californie, à San Diego. Pourtant Étasunien, il dénonça sans complaisance ce modèle de société vers laquelle certains veulent nous acheminer.
"Manière de voir" a reproduit l’un de ses articles dans son numéro de mai-juin 2001 sous le titre "Décervelage à l’américaine" et avec un chapo résumant le tout : "Publicité omniprésente, matraquage idéologique orchestré par de multiples institutions financées par les entreprises ; méconnaissance du reste du monde ; protectionnisme culturel sans équivalent : tel est le lourd tribut que paient les Américains à l’hégémonie du business".

Oublie-t-on qu’à l’origine des atrocités du Rwanda et des Balkans se trouvaient des radios qui conditionnaient leurs auditeurs à se considérer comme les bons et à mépriser les autres ? Cette vision simpliste qui ne voit que des bons et des méchants, le bien et le mal, ne peut conduire qu’à des désastres.

Sous Staline comme sous Hitler, l’exploitation de ces mécanismes fut poussée à l’extrême, avec une lourdeur extrême.

Hitler n’aurait pas désavoué ce procédé puisqu’il l’avait lui-même ainsi défini dans "Mein Kampf" : "Toute réclame, qu’elle s’exerce dans le domaine des affaires ou de la politique, remporte des succès par la durée et l’unité mécanique de son application. (...) La tâche de la propagande ne réside pas dans la formation scientifique de l’individu, mais consiste à inculquer à la masse des faits, processus, nécessités, etc., dont la signification doit être par ce fait même mise à la portée de la masse" [1].

Dans "La force d’aimer" [2], Martin Luther King citait la même source : "Grâce à des mensonges adroits, répétés sans relâche, il est possible de faire croire aux gens que le ciel est l’enfer, et l’enfer le ciel. Plus grand est le mensonge, plus promptement il est accepté".

Dans "Le viol des foules par la propagande politique" [3], Serge Tchakhotine avait fait état de ses recherches concernant les moyens d’enrayer les mécanismes qui, par l’exploitation des instincts primaires, conduisent à l’abêtissement des masses sur lequel le totalitarisme se crée une assise.
Tchakhotine citait lui aussi Hitler pour lequel prévalaient des principes comme : "Il faut abaisser le niveau intellectuel de la propagande d’autant plus que la masse des hommes qu’on veut atteindre est plus grande", ou encore : "Pour gagner les masses, il faut, en proportions égales, compter sur leur faiblesse et leur bestialité".

Ces principes sont toujours appliqués, et pas seulement par des extrémistes politiques ou religieux qui, en leur temps, ont jeté des peuples, ou leurs adeptes, dans le pire des enfers, par exemple au Cambodge, au Rwanda, en Iran comme en Irak, en Afghanistan, dans les Balkans, etc, ou par des sectes. L’étude des mécanismes psychologiques qui régissent les comportements n’a pas cessé. Le bourrage de crâne devient plus insidieux et les médias modernes accroissent son efficacité. Deux études d’Ignacio Ramonet complètent et actualisent en quelque sorte celle de Tchakhotine : "La tyrannie de la communication" et "Propagandes silencieuses "Masses, télévision, cinéma" (éd. Galilée)

L’enfance comme "cible"

Le journaliste Paul Moreira citait, dans "Manière de voir" ("Ces enfants malades de la pub" ; août 1996) Linda Coco, chercheuse d’un institut fondé aux États-Unis par Ralph Nader, le défenseur des droits des consommateurs : "Cette industrie a de plus en plus recours à des anthropologues, des psychanalistes, des neuropsychologues, des gens d’une extrême compétence qui jouent avec maestria sur les peurs et les désirs des enfants".

Dans "Manière de voir" ("Contrôler les esprits" ; sept.-oct. 2000), Ignacio Ramonet rappelait ces propos lancés dès 1931 par Aldous Huxley : "A une époque de technologie avancée, le plus grand danger pour les idées, la culture et l’esprit risque davantage de venir d’un ennemi au visage souriant que d’un adversaire inspirant la terreur et la haine." Même derrière le sourire de Mickey se cache une entreprise de crétinisation qui fonctionne à plein régime et fait oublier que la vie est un enfer pour une grande partie de l’humanité. Autre illustration de ce procédé : l’introduction de ce bourre-couillons qu’est Halloween.

Et la langue dans tout ça ?

Les aspects linguistiques du conditionnement n’ont été, jusqu’à présent, que très rarement évoqués.
Serge Tchakhotine, qui parlait l’espéranto et le préconisait comme langue commune, avait écrit à ce propos, dans l’ouvrage cité : "Il est clair que la nation dont la langue serait reconnue comme universelle, acquerrait des avantages économiques, culturels et politiques sur toutes les autres. Mais l’inertie et l’esprit conservateur des gouvernants de presque tous les pays empêche encore que l’Espéranto puisse devenir la langue auxiliaire mondiale."

Beaucoup de personnes ne mesurent pas l’enjeu que représente la désignation d’une langue nationale dans le rôle de langue internationale. Ne s’exprime clairement et avec éloquence que celui qui s’exprime dans sa propre langue, la seule dans laquelle il se sent à l’aise, ou en espéranto, créé pour servir non point une seule entité, mais l’humanité tout entière dans un esprit d’équité et de respect réciproque.

Avec l’anglais, les seuls à être réellement à l’aise sont les locuteurs de pays dont cinq appartiennent au réseau d’espionnage "Echelon". Les autres, à part une frange privilégiée ou des personnes très minoritaires qui ont longuement séjourné dans des pays anglophones, sont dans la situation de travailleurs immigrés handicapés dans leurs démarches, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de tout autre chose que d’une conversation banale, même après des décennies de présence dans leur pays d’adoption.