Mille ans devant nous, mais... pas une minute à perdre !

Publié le januaro 2001 par admin_sat , mis a jour le sabato 21a aŭgusto 2004

Chouette planète !

Comparée à l’extrême hostilité des immensités de l’univers, notre planète est un véritable cocon. Même si elle peut apparaître çà et là inhospitalière (déserts, zones polaires, profondeurs et altitudes), ou sujette à des sautes d’humeur (ouragans, inondations, avalanches, éruptions volcaniques, séismes...), elle est magnifique à bien des égards, accueillante, riche par sa diversité et ses ressources, mais... jusqu’à quand ?

L’écologie est parfois présentée comme une idée rétrograde. Le malheur des grandes idées est que les farfelus sont plus rapidement, instinctivement, attirés par elles, alors que les gens dits sensés, réalistes, ne prennent conscience de leur valeur qu’après de longs raisonnements, quand le mal qu’elles visaient à éviter est très avancé, irréversible.
Certes, j’ai le souvenir lointain d’une salle de réunion proche du PC de la force de dissuasion nucléaire, à Taverny, où des écologistes n’avaient même pas pris conscience de leur propre inconséquence : un épais nuage de fumée tabagique y rendait l’air nauséabond, irrespirable !

Aujourd’hui, tout parti ou homme politique se sent obligé d’inclure le dossier "écologie" dans son programme, même si ce n’est que pour pouvoir "faire bien" faute de vouloir faire le bien

"God save the Fric" !

De Tchernobyl jusqu’à l’encéphalopathie spongiforme, qui n’est plus seulement bovine, en passant par les guerres, les désastres sont pour la plupart d’origine humaine.

Commis au mépris des générations futures, ils trouvent leur source dans une conception dévoyée du progrès et surtout dans une obsession thatcherienne du profit illustrée ci-dessus par Iturria, le caricaturiste de "Sud-Ouest" (19.11.2000).

Terre-poubelle ou Terre plus belle ?

Première femme à avoir obtenu le prix Kalinga [1]
, la sociologue et anthropologue américaine Margaret Mead (1901-1978) avait plaidé pour une culture mondiale : "Nous sommes arrivés au point où chaque pays est mis en danger chaque fois qu’un désastre s’abat sur quelque autre pays que ce soit. Il faut donc convertir cette interdépendance effrayante en un type de relation qui procure sécurité et joie de vivre." Ceci correspond fort bien avec l’esprit qui anime l’Association Mondiale Anationale (SAT) , laquelle invite ses adhérents "à s’habituer à ressentir, penser et agir de manière anationale" [2]
. Sa langue de travail est elle-même anationale : l’espéranto.
Margaret Mead avait en outre proposé la normalisation de tous les systèmes et unités de mesure, des termes scientifiques et techniques, une seule monnaie pour le monde entier, et surtout une langue commune basée sur une langue naturelle que tous les peuples utiliseraient tout en conservant leur langue maternelle. L’espéranto fait mieux que ça : il réalise le meilleur équilibre qui soit entre les divers types de langues, ce qui en fait la moins étrangère des langues étrangères pour tous.
Avant elle, en 1931, Gandhi s’était déjà prononcé en faveur d’un même calendrier pour le monde entier, d’une monnaie identique pour tous les pays et d’"une langue auxiliaire mondiale telle que l’espéranto pour tous les peuples".

La barrière des langues a déjà fait perdre trop de temps dans le sauvetage de notre planète, y compris dans la sauvegarde des langues elles-mêmes. Un choix décisif doit être effectué entre une terre-poubelle et une terre plus belle... Et le temps presse.

Homme d’abord

Faute d’avoir compris qu’une langue commune anationale est une nécessité impérieuse, et en préconisant d’apprendre le plus possible de langues, certains élus et décisionnaires mal conseillés ont préparé le terrain à une langue nationale altérée comme langue unique. Il y a ceux qui applaudissent car ils croient, sans avoir rien compris à un processus généré par un jeu truqué, que la solution est d’adopter la langue la plus répandue. Croyant se mettre au "top niveau" avec l’anglais, ils restent au taupe-niveau : complètement myopes.

Et il y a ceux qui applaudissent encore plus fort, car telles étaient bien leurs visées : amener presque tout le monde à se précipiter tête baissée vers le miroir aux alouettes en laissant les choses déboucher sur un chaos tel qu’il mènera vers une situation de fait accompli en faveur d’un anglais altéré, version "bad" [3], comme langue unique.
Les espérantistes de SAT n’invitent pas à apprendre le plus possible de langues, mais à apprendre autant de langues que chacun peut réellement et utilement en maîtriser avec plaisir et satisfaction, sans préjudice à l’encontre d’autres matières, disciplines ou activités qui le tiennent particulièrement à coeur et par lesquelles il peut apporter les plus grands services à l’humanité. L’espéranto, dont la vocation est d’être la langue commune, offre en ce domaine la garantie de diversification, d’indépendance et de liberté face aux groupes de pression pour lesquels ce qui est humain est étranger.

Un bide total (à nos frais)

Le traité de Maastricht (1992) est un chef d’oeuvre de superficialité et d’imprévoyance sur une question aussi essentielle que celle de la communication linguistique.
Le récent sommet de Nice l’a tout autant occultée. Tous les chefs d’états ont affiché une belle satisfaction. Or, le "Weekly Telegraph" (13-19.12.2000) n’a pas caché le triomphe de la délégation britannique pour qui ce sommet "marquera aussi l’hégémonie de la langue anglaise sur le français dans le fonctionnement de la machine bruxelloise". Le 18 juin 2000, un journaliste de TV, français et peu avisé, avait dit de l’espéranto que c’était "un bide total". Or, le XXe siècle s’achève sur le bide total du multilinguisme qui, lui, est l’illustration d’une politique linguistique vachement folle.

Henri Masson <mailto:esperohm@club-internet.fr>