“Difficile”, pour les Chinois : c’est de l’anglais !

Publié le mercredi 22 février 2006

Le "Shanghai Daily" a publié sur son site les lamentations d’un Chinois, Harry Wang, qui a exprimé ses désillusions à propos de l’apprentissage de l’anglais, auquel il a sacrifié une dizaine d’années d’études, et de son enseignement : "Oui, l’anglais est un outil important d’accès au monde. Mais notre enthousiasme pour l’étude anglaise est allé un peu trop loin. Si le "broken English" [anglais cassé, brisé, rompu] est tout ce que nous pouvons apprendre, nous ferions mieux de nous en passer. Trop d’énergie a été gaspillée en apprenant l’anglais cassé sur les campus chinois."(1)

Le problème évoqué par Harry Wang a déjà été traité par Claude Piron dans un article sur la facilité d’apprentissage de l’espéranto.(2)

Par ailleurs, un article très intéressant a été publié dans le tout dernier numéro du magazine économique "Les Échos" (10.02.2006 ) sous le titre : "Les affaires reparlent davantage français"(3). Il devrait inciter les peuples des pays non-anglophones, principalement d’Asie, à plus de prudence et de méfiance par rapport à l’anglais dont la facilité d’accès est bien plus grande pour les Français que pour eux en raison de la proximité de l’Angleterre et du fait que, même s’il existe beaucoup de “faux amis”, l’origine d’une grande partie du vocabulaire de l’anglais est française.

Et, malgré cela, un graphique montre que 77% des entreprises françaises qui avaient auparavant donné priorité à l’anglais font à nouveau usage, maintenant, du français comme langue de travail, par ex. Danone, Renault, etc..

Le journaliste cite le précédent PDG de Renault, Louis Schweitzer, qui avait reconnu en 2001, à propos de la collaboration avec Nissan en anglais : “La langue a été une difficulté un peu supérieure à ce que nous pensions. Nous avions choisi l’anglais comme langue de l’alliance, mais cela s’est révélé un handicap avec un rendement réduit de part et d’autre.

Bien que l’usage parfait de l’anglais soit exigé dans les réunions des dirigeants et entre les collaborateurs de la multinationale d’assurances AXA Assistance, une commission de terminologie y a été créée pour protéger la communication interne contre l’influence croissante anglo-américaine. Selon Catherine Hénaff, directrice des ressources humaines : "L’utilisation du « franglais », notamment, était telle que la communication interne s’en trouvait brouillée. Le langage était parfois abscons et flou, et certains termes étaient utilisés sans que certains salariés connaissent réellement leur signification."

Bien qu’il n’en soit pas fait mention dans cet article, il est bon de rappeler ce qu’avait répondu Jean-François Dehecq, le directeur de la multinationale pharmaceutique Sanofi Adventis au magazine économique "L’Expansion" (28.10.2004) à une question sur la langue officielle du groupe : “Ce n’est sûrement pas l’anglais. Une multinationale est une entreprise dans laquelle chacun peut parler sa langue. Dans une réunion, c’est du cerveau des gens dont on a besoin. Si vous les obligez à parler anglais, les Anglo-Saxons arrivent avec 100% de leurs capacités, les gens qui parlent très bien, avec 50%, et la majorité, avec 10%. A vouloir tous être Anglo-Saxons, il ne faut pas s’étonner que ce soient les Anglo-Saxons qui gagnent.

En ce qui concerne Louis Schweitzer, il est devenu entre-temps président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité en France (HALDE).(4) Peut-être conviendrait-il d’attirer son attention sur l’existence d’une autre forme de discrimination : imposer aux citoyens l’usage d’une langue nationale définie, autre que la leur, difficilement maîtrisable, qui est la langue maternelle pour moins de 5% de l’humanité, étrangère pour un écrasante partie de l’humanité, c’est une façon de les contraindre sinon au silence, du moins à un faible niveau d’expression pour défendre leurs droits. Les annonces pour lesquelles la connaissance de l’anglais est exigé comme langue maternelle pour des postes de décision <http://lingvo.org/nl/2/15> deviennent courantes : l’original est préféré à la copie.
Au moment où l’on parle d’égalité des chances, l’aspect linguistique doit être pris en considération.

1. L’article peut être lu en entier sur :
<http://minilien.com/?dcuZHqMQ5Z>

2. en espéranto

3. <http://www.lesechos.fr/info/rew_metiers/4381610.htm>

4. Contact : HALDE, 11 rue Saint Georges, 75009 Paris.