George Soros, participant d’un symposium de UEA

Publié le sabato 8a januaro 2011 par Vito

Le symposiom du bureau New-yorkais de UEA [1] a été l’objet d’une attention toute particulière et
inhabituelle cette année, en raison de la présence de George Soros, le milliardaire mondialement
connu. Un des points du programme était la présentation de la traduction en Anglais de « Modernaj Robinzonoj » (Les Robinsons modernes) [2] œuvre écrite en espéranto par le père de George
Soros, parue pour la première fois en 1923. Au cours du symposium, on a pu même constater que
Geoge Soros avait appris par cœur un poème de Zamenhof.

Le symposium New-yorkais de cette année s’intitulait « De Zamenhof à George Soros ». Outre les quelques 70 participants, l’initiateur de l’espéranto [3] lui-même fut présent sous la forme d’une biographie sommaire en Anglais, rédigée et traduite à partir d’une version en espéranto plus vaste, rédigée et éditée par Alexandre Korjenkov, il y a deux ans.

Ralph Dumain présenta une étude sur les articles de presse parus à l’ocasion de la visite de Ludovic Zamenhof aux Etats-Unis, en liaison avec le Congrès Universel de Washington en 1910. Le cinéaste de documentaires Sam Green présenta une esquisse de son prochain film sur l’espéranto.

Mais l’attention des journalistes fut principalement centrée sur la présence de George Soros, arrivé en fin de symposium, pour participer au lancement de la traduction anglaise du « Modernaj Robinzonoj » écrit par son père Tivadar Soros, alias Teodoro Schwartz, après une longue captivité en Sibérie, suite à la première guerre mondiale.

En chemin vers Moscou, il joua un rôle dans la fondation de la première association espérantiste soviétique , ensuite à Budapest avec ses amis Kalocsay et Baghy, il lança la revue « Literatura Mondo ». Auparavant des traductions furent éditées en diverses langues de son autre œuvre connue « Maskerado ĉirkaŭ la morto » (Mascarade autour de la mort) dont le thème central est l’occupation nazie de la Hongrie.

L’idée de traduire en anglais aussi l’œuvre plus ancienne de Tivadar Soros date de plus de 10 ans, comme le raconte Humphrey Tonkin :

« - J’ai fait la traduction en 1999 sur la demande de la famille Soros, pour satisfaire leur envie de connaître le contenu. J’ai ajouté un long préambule et de nombreuses notes. De temps à autres, nous nous somme entretenus sur l’opportunité d’une édition. Ce n’est que récemment, qu’est venue d’Italie, une proposition d’utiliser mon préambule et mes notes pour une traduction en Italien. Cette traduction fut faite par Margherita Denti (Margherita Bracci Testasecca) et le livre parut chez l’éditeur Gaspari, l’automne dernier. J’ai proposé ma traduction en anglais à Mondial, et j’ai reçu aussitôt l’autorisation des frères Soros, qui rédigèrent une préface.

Libera Folio : Quel type de rapport eut la famille Soros avec ce projet ?
 Comme vous savez, j’ai aussi traduit « Maskerado ĉirkaŭ la morto » à la même époque. La famille a presque tout de suite décidé de le publier. Il parut la première fois avec succès dans une édition britannique de l’an 2000 (publié en feuilleton dans deux grands journaux britaniques mais aussi en livre), et en 2001 aux Etats-Unis (mais malencontreusement, le même mois que l’attaque du World Trade Center). On projette actuellement une réédition. Je mentionne ceci pour expliquer que les deux frères, Paul (l’ainé) et George se sont activement préoccupés de mon travail, et j’ai fait avec eux, plusieurs interviews, et autres prestations de ce genre, au sujet de leur père.

Libera Folio : Pourquoi vous même estimez cette œuvre digne d’intéret ?
 Les deux œuvres montrent une inventivité et un courage extraordinaire - intéressants en soi - mais aussi comme clés des caractères des deux frères (Paul est un ingénieur efficace, chef d’entreprise) »

La récente traduction anglaise, parue aux éditions Mondial de New-York, comporte une préface des frères Soros. George Soros et son fils Jonathan assistèrent au lancement de l’œuvre à l’occasion du symposium de UEA à New-York. George Soros prit la parole une dizaine de minutes pour évoquer le rôle que l’espéranto avait joué pour son père, les rencontres qu’il eut avec d’autres auteurs espérantistes à Budapest, et de l’aide qu’il reçut des espérantistes à son arrivée en Grande Bretagne en 1947.
Après le symposium, un journaliste demanda à George Soros, s’il avait encore en mémoire un peu d’espéranto. Sans hésitation il cita « Eĉ guto malgranda, konstante frapante, traboras la monton granitan » [4].

Traduit de l’espéranto par Serge Sire,
d’après l’article de Libera Folio :
http://www.liberafolio.org/2010/geo...

George Soros financier milliardaire américain, né le 12
août 1930 à Budapest (Hongrie) est devenu célèbre
pour ses activités de spéculation sur les devises et ses
activités de philanthropie. Il est à l’origine des hedge
funds apparus dans les années 1970. Il est actuellement
président de Soros Fund Management et de l’Open
Society Institute.

Réputé être « L’homme qui fit sauter la banque
d’Angleterre » suite à sa spéculation du « mercredi noir »
le 16 septembre 1992 où sa spéculation contre la livre
lui rapporta la bagatelle de 1100 mégadollars, il n’est
évidemment pas en odeur de sainteté dans les milieux
espérantistes tels que le notre...

L’article de Wikipedia qui lui est consacré le dit « locuteur
natif de l’espéranto », mais comme le rapporte H. Tonkin
(page précédente) il a eu besoin d’une traduction en
anglais pour connaître le contenu des œuvres de son
père, ce qui donne à penser que s’il a été locuteur de
l’espéranto en naissant, il a cessé de l’être bien avant sa
première dent....

Si l’article de « Libera Folio » s’extasie sur la citation en
espéranto de Soros, l’évènement a été redimensionné
avec humour par un de ses « contr-admirateurs » : « Nia
malsamideano Soros malkrokodiligis kelkajn vortojn... ».
Les explications nécessaires pour déguster l’expression,
bien qu’un peu longues, permettent au passage de
présenter quelques « spécificités » de l’espéranto et de
l’usage qu’en font les espérantistes.

Malsamideano : Entre-eux, les espérantistes s’appellent
parfois samideano (sam=même, ide’=idée, ano=membre
soit « membre d’une même idée ») Mal, c’est le contraire
(comme en français maladroit) Mais « malsamideano » est
complètement inhabituel et, en tous cas, jamais employé
pour désigner un non-espérantiste. Il prend ici donc le
sens ironique de « faux-frère », voire d’« anti-frère ».

Malkrodiligis : Krokodili (« crocodiler »), c’est parler
dans sa langue nationale dans un contexte de réunion
espérantiste. Malkrokodili (mal=le contraire, voir ci-
dessus), donc parler en espéranto dans un contexte
espéranto, n’est jamais utilisé, parce que c’est la situation
normale. Ici aussi l’expression prend un sens ironique
où Soros utilise sa langue prétenduement maternelle
dans un contexte anglophone... Si malkrokodili c’est
« non-crocodiler » (intransitif ) malkrokodiligi c’est « non-
crocodiliser (quelque chose) » et la phrase se comprend
« notre faux-frêre Soros decrocodilisa quelques mots ».

Toutefois l’évènement, qui a eu quelques retentissements
met en relief que l’espéranto est bien présent, même sur
le sol Etatsunien, et qu’il s’y trouve des espérantistes de
talent, sinon Soros, du moins Humphrey Tonkin.

Serge Sire