Histoire de l’espéranto en Vendée

Publié le sabato 7a septembro 2002 par admin_sat , mis a jour le vendredo 12a majo 2006

Appel à témoignages

Afin de reconstituer la mémoire de l’Espéranto en Vendée, Espéranto 85 recherche des personnes pouvant témoigner des activités en faveur de la langue internationale dans notre département depuis le début du siècle. On sait par exemple qu’un Yonnais, De Gavardie, fut tué sur le front durant la Première Guerre mondiale et que l’on trouva dans ses poches des livrets de la Croix Rouge en espéranto.
Par ailleurs, des dizaines de villes et localités de France, et plus d’un millier dans le monde, ont honoré la mémoire du Dr Zamenhof en attribuant son nom ou celui de son oeuvre à des rues, places, ponts, monuments, etc. Qu’en est-il en Vendée ?

Répercuté en 1995 par "Ouest-France" et "Vendée-Matin",un premier appel à témoignages relatif à l’espéranto en Vendée a donné lieu à plusieurs appels téléphoniques, fax et lettres qui ont permis de tracer une première esquisse de son histoire dans notre département, point de départ indispensable pour des recherches plus approfondies. Quelle est la part jouée par la Vendée dans cette histoire de l’espéranto, dont Umberto Eco a dit qu’elle est très belle ?

Il importe de savoir que notre département, bien qu’éloigné des frontières, n’a pas été à l’écart du mouvement visant la promotion de l’espéranto, même si son rôle a été mineur. Merci d’avance pour tout renseignement.

Dans un premier temps,Quelques dates sont utiles pour mieux situer l’évolution de l’espéranto en Vendée par rapport à sa diffusion générale en France et dans le monde :

Repères


15 décembre 1859 : Naissance de Lejzer Ludwik Zamenhof à Bialystok, ville située aujourd’hui à l’Est de la Pologne qui était alors rayée de la carte, occupée par les puissances voisines.
26 juillet 1887 : Publication en russe d’un premier manuel intitulé "Langue Internationale" signé par le Dr Esperanto (pseudonyme de Lejzer Ludwik Zamenhof) à Varsovie L’édition en langue française paraît la même année.

1889 : La liste mondiale des mille premiers espérantistes n’a que trois adresses en France.

1895 : La censure du tsar frappe l’espéranto en Russie à cause d’un écrit de Tolstoï qui est ami de l’espéranto mais que le régime tsariste déteste. La Suède prend le relais : c’est le début de la "période suédoise".

1896 : Première femme espérantiste de France, Mlle Alice Roux, professeur d’allemand, fait découvrir l’espéranto à Gabriel Chavet, un lycéen de Louhans (près de Mâcon) qui l’apprend tout seul.

1897 : Gabriel Chavet fonde le premier club d’espéranto de France et l’un des premiers au monde.

1898 : Fondation de la Société Française pour la Propagation de l’Espéranto. La "période française" débute en 1902-1904.

1903 : Premières traces de l’espéranto en Vendée où l’architecte Léon Ballereau écrit au Dr Zamenhof qu’il l’apprend à Luçon avec sa famille.

1905 : Le premier congrès universel d’espéranto se tient à Boulogne-sur-Mer avec 688 participants de 20 pays.

1908 : Fondation de l’Universala Esperanto-Asocio, 21 ans après la naissance de l’espéranto.

1910 : Des associations d’espéranto existent déjà dans de nombreux pays sur tous les continents.

2 août 1914 : A Paris, au Gaumont Palace —" le plus grand cinéma du monde" — doit s’ouvrir le congrès universel d’espéranto pour lequelle se sont annoncés 3739 participants de 50 pays. Le premier conflit mondial éclate ce même jour. L’espéranto n’a que vingt-sept ans d’existence lorsqu’il connaîtra la première des épreuves les plus dures de son histoire : quatre ans de guerre, disparition et dissolution de nombreuses associations d’espéranto, mort d’espérantistes par faits de guerre.

14 avril 1917 : Mort du Dr Zamenhof.

Tout d’abord, des documents fort intéressants sont parvenus... des Pyrénées Orientales. Il se trouve en effet que Jean Amouroux, qui réside à Perpignan, est coauteur d’une "Histoire du mouvement espérantiste en Roussillon" (Prades : Éd. Conflent, 1985 ; 114p) écrite avec Marie-Thérèse et Robert Lloancy. Rien à voir avec la Vendée, certes, mais il a rassemblé une documentation impressionnante sur l’espéranto, et il tient une remarquable rubrique sur cette langue dans "La Philatélie française". Il a eu l’amabilité d’envoyer plusieurs photocopies qui permettent d’en découvrir des traces anciennes en Vendée. Ensuite, M. Yves Le Quellec, de Lairoux, a fourni pour sa part ce qui semble prouver que l’année 1903 est celle dont il convient de se souvenir : 1903-2003, ça fait un centenaire !

Premiers pas de l’espéranto en Vendée à Luçon

Le dossier transmis par Yves Le Quellec fait apparaître que le pionnier de l’espéranto en Vendée a été l’architecte luçonnais Léon Ballereau.
Dans une lettre en espéranto, adressée au Dr Zamenhof le 5 décembre 1903, Léon Ballereau demandait à l’inventeur de la Langue Internationale de lui envoyer le recueil d’adresses des espérantistes. Il affirmait apprendre la langue depuis très peu de jours avec son épouse et leurs cinq enfants. Son espéranto appara"t assez correct compte tenu du temps consacré à son étude. On imagine mal une lettre aussi compréhensible en si peu de temps d’étude dans n’importe quelle autre langue. Il ajoutait (traduction) : "Nous sommes les premiers à Luçon. Cette petite ville a à peine 7000 habitants et les Luçonnais n’aiment pas qu’un peu le progrès ; mais je peux sans doute semer la communication par l’exemple et je n’y manquerai pas. Ma fille et mes fils ont leurs amis qui s’intéressent déjà à la langue, et ça les amuse. Mais je formerai des adeptes lorsque je saurai moi-même bien le parler."
Parmi les copies d’autres lettres de M. Ballereau on trouve aussi des commande d’ouvrages d’espéranto chez Hachette (14 novembre et 2 décembre 1903) qui, à cette époque, jusqu’à la première guerre mondiale, a édité des livres en espéranto ainsi qu’une revue littéraire.

Le 20 avril 1909, il écrivait à Samuel Meyer, président du groupe espéranto de la Rochelle . (traduction de quelques passages) : "Je partage entièrement votre avis sur une grande Fédération et, dans tous les cas, il semble qu’on ne peut pas dissocier Poitou-Aunis-Saintonge. (...) Dimanche dernier, j’ai fait un beau discours sur l’adhésion de notre groupe de Luçon à une Fédération qui comprendra La Rochelle, et tous ont accepté à l’unanimité."
En 1910, dans une lettre à M. Marly, secrétaire général du groupe de Bordeaux, il annonçait que le groupe de Luçon avait 40 membres.

A travers ces quelques correspondances, il apparaît que Léon Ballereau, fondateur et président du groupe luçonnais, a sans aucun doute mené un travail d’organisation important, notamment pour des conférences et une réunion annuelle, véritable fête de l’espéranto, qui se terminait par un bal .
Édité en 1910 par Arthème Fayard et préfacé par le célèbre avionneur Henri Farman, le livre "Pourquoi je suis devenu espérantiste ?" d’Ernest Archdeacon, mécène et pionnier de l’aviation, fondateur du Prix Deutsch-Archdeacon, donne la liste des associations espérantistes en France. Le groupe d’espéranto de Luçon est seul à y figurer avec L. Ballereau comme secrétaire (il y a une coquille : rue de Fontenoy au lieu de Fontenay). Dans l’annuaire de la Société Française pour la Propagation de l’Espéranto (SFPE), le Groupe de Luçon n’apparaît qu’en 1911, comme ayant été fondé le 25 avril 1909, un an avant celui de La Roche-sur-Yon. Il a 44 membres. Le Comité se compose de M.L. Ballereau (12, rue de Fontenay, président) ; Mme Piet (rue de l’Hôtel de Ville, vice-présidente) ; M. Antoine (fils, rue de La Roche, secrétaire) ; M.M. Burgaud (place des Acacias, secrétaire-adjoint) ; Mlle Coumailleau (place du Commerce, trésorière).

Aux Sables d’Olonne : l’espéranto se dore sur la plage

Les documents transmis par Jean Amouroux concernent plus particulièrement Les Sables d’Olonne.
Durant l’été 1908, Mme C. Deslaurier, qui habite Bordeaux, fait connaître l’espéranto sur le sable fin de la plage des Sables d’Olonne. M. Amouroux pense qu’il serait intéressant de consulter la presse locale des Sables-d’Olonne pour les mois d’août 1908 et 1909. Très juste, mais qui pourrait s’en charger, et où trouver des archives ?

En vacances aux Sables-d’Olonne (14, rue Trudaine), Mme L.C. Deslaurier écrit, sur une carte postale datée du 1er septembre 1909 et adressée à Mlle Cécile Royer, vice-présidente de la section d’espéranto « Quartier Latin », à Paris, et secrétaire de la Société Espérantiste de Presse de 1906 à 1914 : "Ici je m’occupe activement de l’Espéranto. Je vous envois cette carte représentant une construction en sable qui nous a valu le premier prix : « Le génie de l’Espéranto escaladant la tour de Babel pour y planter l’Etoile Espérantiste. » Nous avons eu un monde extraordinaire, nous avons vendu 121 petits livrets rouges et nous en avons manqué. L’année dernière nous avions eu un premier prix avec l’étoile en sable coloris vert."

Un article de "Franca Esperantisto" signale, en décembre 1909, que comme l’année précédente, un concours de constructions en sable a lieu sur la plage. C’est M. Diguet, du groupe de Luçon, qui a gagné le premier prix. La description diffère un peu de celle de la carte de Mme L.C. Deslaurier puisque ce qu’elle présente comme "le génie de l’espéranto" n’est autre que Zamenhof qui pose l’étoile à cinq branches (emblème de l’espéranto) sur la tour de Babel. Le numéro de janvier 1910 rend justice à Mme Deslaurier dont le nom avait été oublié dans le compte-rendu alors qu’elle s’était beaucoup démenée pour la réussite de cette fête.

Autre information de même source. : M. Arlot, régisseur de "La Grande Ménagerie", dont les programmes sont imprimés en espéranto et en français, a profité de l’occasion pour parler publiquement de l’espéranto et distribué de nombreuses brochures aux spectateurs. Qui pourrait aujourd’hui apporter des précisions ou témoignages sur cette "Grande Ménagerie ?"

En 1913, Mme Deslaurier publie "L’espéranto méthodique, un manuel d’apprentissage de l’espéranto" pour lequel elle reçoit les compliments d’Émile Boirac, recteur de l’Académie de Dijon, président de l’Académie d’Espéranto et l’un des grands noms de l’espéranto avant la Première Guerre mondiale.

Les efforts de Mme Deslaurier ont-ils porté leurs fruits ? L’annuaire de 1911 de la SFPE indique que la Société fondée en avril 1910 à La Roche-sur-Yon a 20 membres. Apparaissent les noms de Cléry, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et professeur diplômé, (29, rue Chanzy), comme consul (la dénomination est aujourd’hui "délégué") et président du groupe de La Roche-sur-Yon (adresse : 5 bis, rue Haxo), du pharmacien Goussery (place d’Armes ; vice-président), de MM Vachet, Girodou, Préfecture (secrétaire-adjoint ; coquille : son nom est orthographié Giraudon dans l’annuaire mondial espérantiste de 1910) ; J. Vachet - soldat au 39ème régiment, 9ème Cie (secrétaire) ; Fort (5 bis, rue Haxo ; trésorier).

Les réunions se tiennent dans une salle particulière du Grand Café, place d’Armes, les premier et troisième vendredis de chaque mois.

Des périodes restent obscures car nous passons de 1911 à 1915, l’année ou un certain de Gavardie, de La Roche-sur-Yon, est tué au front. L’"Historio de Esperanto" en trois volumes de Léon Courtinat indique seulement que l’on a trouvé toute une provision de brochures "Espéranto et Croix-Rouge" dans ses poches. M. Jean-René Corbineau, de La Roche-sur-Yon, a pu apporter quelques précisions sur Pierre Dufaur de Gavardie dont le nom, figure sur le monument aux morts de la guerre de 14-18, à La Roche-sur-Yon. L’acte d’État Civil indique en fait que Pierre de Gavardie de Monclar, capitaine au 293ème Régiment d’Infanterie en garnison à La Roche-sur-Yon, est décédé la Fère Champenoise le 7 septembre à deux heures du matin des suites de ses blessures. Le document porte la mention "Mort pour la France". Pierre de Gavardie de Monclar était petit-fils d’Edmond, député, puis sénateur des Landes, et père ou oncle (une incertitude demeure quant à ce point) de Jean Bertrand, officier de la Marine Marchande et brillant pilote automobile (Bol d’Or 1933, 24 h du Mans, Spa, six records à Monthléry...). Jean-Bertrand Dufaur de Gavardie de Monclar est né au n° 34 de la rue Victor Hugo à La Roche-sur-Yon le 10 mai 1909, de Pierre, Michel, Gustave, Edouard Dufaur de Gavardie de Monclar et de Louise, Sophie David. Le père avait 40 ans, la mère 35.

Éditée en 1906 en français et espéranto, puis traduit en sept langues, la brochure "Espéranto et Croix-Rouge" a été rédigée par le capitaine Bayol qui, en 1906, a fondé en outre la société "Espéranto Croix-Rouge". Triste coïncidence, il est tué lui aussi la même année. Son épouse décédera quelques jours après.

Recherche des disparus

Même si ce n’est pas en leur qualité d’espérantistes, des espérantistes vendéens ont été honorés par l’attribution de leur nom à des rues ou des lieux publics : Rue Alfred Roux (instituteur, résistant, fusillé par l’occupant nazi aux Sables d’Olonne), Salle Obalski (institutrice, qui s’est beaucoup dévouée pour les personnes âgées à Luçon), Rue Léon Ballereau (architecte à Luçon).

La Vendée ne semble avoir eu aucun pionnier de la stature du recteur Boirac, des professeurs Richet, Bergonié, d’Archdeacon, du général Sebert, etc. . Des initiatives vendéennes semblent malgré tout avoir inspiré d’autres actions hors du département.
M. Jean Amouroux (Perpignan) a fait parvenir divers renseignements et documents, entre autres des extraits du "Bulletin d’Information espérantiste", publié par un "Comité d’Amis de l’Espéranto" indépendant de toute organisation espérantiste. Le numéro de décembre 1915 signale que, sous le titre "Un succès de l’espéranto", "La Petite Gironde" du 9 août fait remarquer l’effort des espérantistes concernant la recherche des disparus et les résultats obtenus. "La France de Bordeaux" dit au sujet de la recherche des disparus : "Le Groupe de La Roche-sur-Yon a obtenu de tels résultats, que le groupe de Nantes va organiser un service semblable". "Le Temps" du 18 août du même bulletin informe que M. Duviard, auparavant à La Roche-sur-Yon, est maintenant à Coulommiers, qu’il poursuit ses activités en faveur de notre idée et que les résultats de sa propagande apparaîtront bientôt.
L’"Enciklopedio de Esperanto" indique que Ferdinand Duviard, né en 1889, est devenu espérantiste en 1905 (l’année du congrès de Boulogne-sur-Mer, donc à 16 ans). Il était inscrit sous le numéro 658 comme participant au Xeme congrès universel d’espéranto qui devait avoir lieu à Paris et dont l’ouverture était prévue au Gaumont-Palace pour le 2 août 1914. Ce qui n’était pas prévu, c’est que la première guerre mondiale allait être déclarée ce jour-même.

Duviard habitait alors au n° 6 de la rue Molière à La Roche-sur-Yon. Professeur de lycée, écrivain, romancier, il écrivit de nombreux articles et s’occupa beaucoup des jeunes. Avec le journaliste Charles Pichon, de Saumur, il fonda la Fédération Française des Jeunes Espérantistes. M. Amouroux ajoute qu’il séjourna à La Roche-sur-Yon jusqu’en novembre 1915. Il était beau-frère de Carlo Bourlet, décédé à 47 ans, celui dont Zamenhof reconnut les mérites immenses. Les épouses de Bourlet et Duviard étaient soeurs.

Le numéro de janvier-mars 1916 indique dans une rubrique intitulée "La presse française" : "Nous trouvons des communiqués sur l’Espéranto et les services rendus par les Espérantistes depuis la guerre à divers points de vue, dans les journaux dont nous donnons les noms ci-dessous. Nous remercions sincèrement lesdits journaux ainsi que les amis espérantistes qui ont fait insérer ces articles."
" Le Messager de Vendée " du 28 novembre 1915, annonce la nomination de M.F. Duviard au Lycée de Coulommiers et l’ouverture de cours d’espéranto. L’article est terminé par le mot d’ordre "Pour la France par l’Espéranto". Le même article se trouve dans " Démocratie vendéenne " de la même date."

Enfin le numéro d’avril-juillet 1916 annonce que "Le Messager de Vendée" (7 mai 1916) a publié un long article de propagande pour et par l’espéranto à l’occasion de la visite de notre "samideano" (= personne partageant la même idée) F. Duviard à son ancien lieu de séjour où il a fait un discours.

Entre les deux guerres mondiales

Notre histoire ressemble à un puzzle auquel il manque encore beaucoup de pièces puisqu’il faut attendre 1925 pour trouver, dans l’annuaire de l’Association Mondiale Anationale (SAT), deux adresses en Vendée : celle d’Andrée Favreau, institutrice au Poiré-sur-Vie, et Denis Robert, habitant les Pineaux-Saint-Ouen (ortographié par erreurs Les Pineaux St-Queen) par Bournezeau. Précisons que SAT est une association mondiale à caractère anational, social, culturel et éducatif fondée en 1921 à Prague. Elle a aujourd’hui des adhérents dans une cinquantaine de pays, et sa langue de travail est l’espéranto.

Nouveau saut à travers le temps avec l’article publié par "Le Travailleur espérantiste" (n° 178), sur Marcel Boubou. : "En plus des cours oraux qu’il organisait, il dirigeait un cours gratuit, par correspondance, pour de nombreux instituteurs. Il offrit même son temps libre pour la tenue de l’École d’été espérantiste, fondée en 1932 sur l’initiative d’Honoré Bourguignon. Plusieurs années, Marcel Boubou en dirigea les cours en particulier à La Tranche-sur-Mer. Boubou fut déporté à Birkenau d’où il ne revint pas."
Justement à La Tranche-sur-Mer, M. Gérard Meus se souvient que des cours avaient lieu dans les années 30.

André Martineau témoigne qu’il a lui-même appris l’espéranto aux Sables d’Olonne en 1936, lorsqu’il avait 18 ans. Le cours était dirigé par Alfred Roux, un instituteur. Hélas, la guerre disloqua le groupe, et Alfred Roux fut fusillé par l’occupant nazi.

Après la seconde guerre mondiale

Une autre trace d’activité en Vendée apparaît ensuite dans le bulletin "Espéranto-Lernejo" (École d’espéranto) d’octobre 1951 où Mlle Robino figure à St Philbert-Pont-Charrault (orthographié par erreur St-Philbert-du-Pont-Château, commune qui n’apparaît pas sur les plans actuels de la Vendée) sur la liste des délégués départementaux pour la Vendée.
Un autre témoignage intéressant est celui d’Yves Le Quellec, de Lairoux :
"Dans mes années de collège (vers 1965-68), j’ai en effet bénéficié de l’enseignement bénévole d’espéranto que dispensait à Luçon, en son domicile, Mlle Elise Obalski.
D’origine polonaise, Mlle Obalski était espérantiste convaincue. Elle entretenait dans cette langue une correspondance nombreuse à travers le monde. Je ne me souviens plus de l’occasion qui avait porté l’existence de cet enseignement à la connaissance de ma famille, mais mon frère Jean-Loïc et moi-même fûment plusieurs années durant les seuls à le suivre, nous rendant chaque semaine dans son appartement de la rue des Gentilshommes. Mlle Obalski tirait de sa correspondance de nombreux timbres étrangers qu’elle nous proposait, une façon comme une autre de motiver deux jeunes collectionneurs en herbe ! Assez vite, ce furent aussi diverses publications, ainsi que des possibilités de correspondance avec d’autres jeunes Européens.

C’était une personnalité luçonnaise bien connue, un temps adjointe au maire, responsable locale de l’Union des Vieux de France. Son nom a d’ailleurs été donné à une salle municipale de réunion destinée aux retraités, ainsi qu’à une résidence à caractère social de la ville.

Bien que ses cours soient organisés hors temps et encadrement scolaire, elle avait obtenu que des "prix spéciaux d’Espéranto" soient portés au palmarès annuel du collège public, nous permettant ainsi d’accrocher une mention supplémentaire.
J’ai depuis bien longtemps perdu tout contact avec l’Espéranto, mais j’ai pensé que ce témoignage pouvait vous intéresser, et surtout que les activités et la personnalité de Mlle Obalski méritaient de ne pas être totalement oubliées."

Frère d’Yves, Jean-Loïc Le Quellec est aujourd’hui un spécialiste mondialement reconnu de l’art rupestre au Sahara, auteur d’une quinzaine d’ouvrages touchant divers domaines comme la toponymie ou la légendaire de Vendée, Docteur de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne en Anthropologie, diplômé de l’École des Hautes Études en Paléoécologie du Quaternaire, Vice-président de la Société de Mythologie Française, expert auprès des Musées, Collectivités locales et organismes internationaux dans le cadre de "Traces", société Conseil en Ethnologie et Préhistoire. Quelques uns de ses ouvrages :
 "L’Art du Fezzan septentrional", Oxford, BAR International Series,1997
 "Le Marais Poitevin, de l’eau et des hommes", Mougon, Gestes Editions, 1991
 "Symbolisme et Art rupestre au Sahara", Paris L’Harmattan, 1993
 "Petit Dictionnaire de zoologie mythique", Paris, Entente, 1995
 "Proverbes de Vendée", Mougon, Gestes Éditions, 1995,
 "Dictionnaire des noms de lieux de la Vendée" Geste éditions
 "La Vendée mythologique et légendaire" Mougon, Geste Éditions.

Des traces par-ci par-là

"La Revue du Bas-Poitou" (1956) informe que : "Le Directeur du Centre National Esperanto-Office a diffusé à la radio, sur la chaîne nationale, les résultats du Xe Concours National d’Espéranto, dont les 50 premiers lauréats gagnent un séjour gratuit en Hollande. Nos compatriotes à l’écoute ont eu le plaisir d’entendre le nom de Gustave Deslandes, agent de constatation des Contributions indirectes à Fontenay-le-Comte. Le sujet à traiter était le suivant : "L’amitié est une vertu rare".
La mort de Pierre Delaire, voici quelques années, a entraîné la disparition du Centre National Esperanto-Office (C.N.E.O.) dont il était le fondateur et animateur. Il avait tenu une émission régulière sur la radio nationale (alors la RTF) et put recueillir des avis favorables à l’espéranto de personnalités éminentes comme Maurice Genevoix, secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Surprise lors de la réunion du Conseil d’Administration d’Espéranto-Vendée, le 22 décembre 2001 : Marie-Christine Kosoñ rapporte qu’elle a eu l’occasion, lors d’une rencontre au centre d’espéranto de Bouresse (Haute-Vienne) de parler avec Michel Duc-Goninaz, qui a enseigné le russe à l’Université d’Aix-en-Provence et qui, en 1970, y a introduit l’espéranto comme unité de valeur dans le cursus universitaire. Il est par ailleurs l’auteur du "Vocabulaire Espéranto" édité par Ophrys (Gap) et rédacteur en chef de la réédition du "Plena Ilustrita Vortaro de Esperanto" (parution prévue en 2002) qui est le dictionnaire de référence pour le monde entier. Duc-Goninaz se souvient en effet d’avoir participé à un stage d’été d’espéranto à La Tranche en 1958, période sur laquelle nos recherches n’ont rien donné jusqu’à présent. Mme Kosoñ avait en outre découvert auparavant, dans un ouvrage de Michel Moiral, Jacques Fage et Philippe Lamy publié en 2001 sous le titre "Autrefois La Tranche — un village vendéen dans les années trente — 1930-1939" un article illustré par une photo représentant des participants de l’École espérantiste qui fut animée durant plusieurs années à La Tranche-sur-Mer par Honoré Bourguignon (qui périt en déportation au camp de Dachau), comme indiqué plus haut.

Nouvelles tentatives

"Ouest-France" des 4 et 5 avril 1981 publie un long article, illustré par une photo, intitulé "Un Vendéen responsable de la diffusion de l’espéranto dans les pays de langue française". Né à Moutiers-les-Mauxfaits, ce Vendéen, qui travaillait alors à Paris, n’était autre que l’auteur du présent historique de l’espéranto en Vendée.

Nouvel article un peu moins long, sous le titre "Un autre parler pour voyager sans entraves" dans "Ouest-France" du 2 septembre 1981. Il est illustré par une photo de Pierre Messmer ("non, pas l’ancien ministre", précise le journaliste !) qui envisage la fondation d’un groupe d’espéranto aux Sables d’Olonne.

"Ouest-France" du 14 octobre 1981 annonce pour le 16 une conférence d’Henri Masson intitulée "Vers une communication transnationale" à la salle du Musée de l’Abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonne. Un compte-rendu paraît dans le numéro du 22 octobre. Le même exposé est présenté l’année suivante au Collège Corentin Rioux de Moutiers-les-Mauxfaits.

A ce coup de pouce donné au groupe des Sables s’en ajoute un autre en 1983. "Presse-Océan" des 18-19 juin titre :"On parle aussi l’Esperanto aux Sables !" et signale une visite d’Henri Masson, alors à Paris, au groupe des Sables animé par Pierre Messmer. L’article est illustré d’une photo des deux personnes citées dans l’atelier de Pierre Messmer, artiste peintre, situé au n° 5 de la rue Lafayette.
"Ouest-France" du 21 juin rapporte à son tour cette visite, de même que le "Journal des Sables" du 26 juin et le magazine gratuit "Radio 102 Stéréo" conclut à propos de l’émission : "Pour beaucoup, ce fut une découverte qui n’a pas manqué d’intérêt".

Dans une lettre du 23 janvier 1984 à H. Masson, Pierre Messmer écrit : "Nous allons passer bientôt au Journal Officiel comme groupe constitué pour l’espéranto". Le président est Michel Bernard, nouveau venu de l’émission de juin 1983 ; secrétaire : Hervé Prouteau, un jeune ; trésorière : Mme Suzanne David (qui a assisté aussi à l’émission) ; vice-président : Jacques Simon. M. Pierre Messmer a refusé la présidence. Composé de onze personnes très motivées, avec Michel Bernard, le groupe entretient des contacts avec Nantes. Animé par Michel Bernard qui apprend la langue vite et bien, le groupe progresse jusqu’au jour où, pour des raisons professionnelles, il est contraint de quitter la Vendée.

Après les conférences de 1981 et 1984, Henri Masson en présente une nouvelle en 1985, dans une salle du Musée de l’Abbaye Sainte-Croix. L’un des participants est Pierre Lataste, enseignant en retraite. Pierre Lataste a été instituteur en Gironde, puis inspecteur de l’Éducation nationale outre-mer puis à Troyes et à Bordeaux. Pour avoir vécu l’expérience "espéranto" dans ses divers postes, y compris à Madagascar, il exprime dans une lettre sa satisfaction pour cette présentation. A signaler au passage qu’il a obtenu le "Prix de la Nouvelle" des Écrivains de Vendée 1997 et qu’il est auteur d’ouvrages pédagogiques destinés aux maîtres francophones et d’un roman : "L’enfant des monts de cristal" ce à quoi s’ajoute un livre intitulé "Histoire des Sables et du Pays d’Olonne" (Éditions Siloë, Laval, Nantes).

Dans une lettre en espéranto du 4 mars 1984, Thérèse Lefeuvre, institutrice à la Barre-de-Monts, s’excuse de ne donner que tardivement réponse à un courrier que lui a adressé l’auteur de ces lignes. Elle affirme se sentir isolée quant à l’espéranto dans le nord vendéen mais poursuit diverses activités : lecture, échange de lecturesavecdes collègues, enseignement de quelques bases d’espéranto à ses élèves. Elle l’apprend depuis quatre ans par des stages de dix jours par an et éprouve le besoin d’apprendre et de progresser sans cesse. : "Je souhaiterais ne plus être la seule espérantiste dans ma région, écrit-elle, mais je devrais avoir plus de temps libre pour agir. Cependant, peut-être pourrai-je rencontrer d’autres espérantistes vendéens ?"

Dans son numéro des 2, 3 et 4 juin 1990 "Ouest-France" publie un article annonçant que, depuis 1989, un club d’espéranto fonctionne chaque mardi soir dans la salle de la bibliothèque de l’école publique de La Barre-de-Monts : "Tout au long de l’année, les enfants ont correspondu avec des enfants hongrois, correspondance qui permet aux uns et aux autres d’apprendre à se connaître au-delà des frontières. Des dessins,accompagnésdelégendessurl’écologie,sontmaintenantprêtsàpartir pour un club d’espéranto en Californie (USA) et pour un club de Samarkand en Russie."
Le journaliste ajoute que l’espéranto facilite en outre l’apprentissage de toute autre langue dans une progression de 20 à 50% selon la langue.
Les aspirations de Thérèse semblent en voie de réalisation. Autrement que par ouï-dire, elle a tenu à se donner les moyens de juger ce que l’espéranto pouvait apporter aux enfants.

Espéranto 85

Par une lettre du 15 mars 1991, Thérèse Lefeuvre remercie pour le courrier et les documents reçus de SAT-Amikaro. Elle dit continuer à "travailler modestement" pour l’espéranto, qu’elle est alors en retraite et s’occupe du club au sein de l’Amicale Laïque. Elle a donné de la documentation au conseil d’administration : "Je sais qu’on me croit un peu utopique... mais cependant, on réfléchit", écrit-elle. Tous les utopistes dont nous profitons aujourd’hui des idées et inventions ont connu cela. Elle ajoute : "On accepte une affiche sur l’espéranto à la Poste de mon village" et poursuit : "Dans mon groupe, il y a 6 élèves, des fillettes de 9 à 11 ans et une adulte ; les garçons font du foot ! Je pense que nous devons principalemnt travailler avec les enfants, même dans les écoles pré-élémentaires. Après, les hommes disent : "Nous n’avons pas le temps", ou "C’est l’anglais qui est nécessaire". J’ai espéré réussir dans notre village, mais à la fin l’institutrice de l’école pré-élémentaire m’a dit "Maintenant, en CM2, les élèves apprennent l’anglais ; je ne peux pas introduire l’espéranto à l’école."
Bientôt dans les "Publications de l’École Moderne" paraîtra le document "Communiquer : la barrière linguistique" sur lequel j’ai travaillé ; dix pages sont réservées à l’espéranto. Encore une fois quelques pages d’espéranto préparées par notre Commission ICEM-Esperanto [ICEM : Institut Coopératif de l’École Moderne] paraissent dans ces belles revues. Il semble que nous voyons cela dans d’autres revues françaises pour les enfants. C’est important. A St Jean-de-Monts, Challans, les personnes m’ont parlé de l’espéranto... peut-être le cercle d’espéranto s’agrandira-t-il. J’ai appris l’espéranto trop tard, je ne le maîtrise donc pas suffisamment et ne peux faire plus. Je distribue des documents sur l’espéranto à des collègues lors de rencontres pédagogiques de l’ICEM."
Nous pouvions espérer la collaboration de Thérèse pour le nord-ouest vendéen et sa participation à la naissance d’Espéranto-Vendée. Hélas, il n’en fut pas ainsi. Une grave maladie nous l’a enlevée en 1994.

Naissance d’Espéranto-Vendée

En février 1995, en supplément de la revue "SAT-Amikaro" (éditée à Paris), organe de l’association du même nom, paraît le premier numéro d’une feuille d’information sur l’espéranto qui porte le nom "Espéranto 85". La question de la création d’une association est déjà abordée. Peu à peu, il apparaît que des usagers de l’espéranto, dont certains ne se connaissaient pas, ont enfin la possibilité de se rencontrer.

A La Roche-sur-Yon, Albert Crié se propose pour donner des leçons d’espéranto. Il a lui-même commencé à l’apprendre depuis peu. Bien qu’un professeur exérimenté soit préférable, les aspects linguistiques de cette langue permettent en effet de pouvoir l’enseigner avec seulement quelques leçons d’avance, voire une seule, ce qui est inimaginable avec les autres langues vivantes à cause des innombrables exceptions que comporte leur grammaire, ce qui remet en question des règles apprises auparavant. L’animation d’un groupe d’étude commence donc à la Cité de Bretagne le 31 janvier 1996. Le nombre d’élèves augmente d’une fois à l’autre.

Le numéro de juin 1996 d’"Espéranto 85" porte le titre "Le temps est venu de s’organiser". Venu de Paris, le Comité de SAT-Amikaro tient une réunion à Moutiers-les-Mauxfaits le 11 juin.
Le cours d’espéranto animé alors par Albert Crié à La Roche-sur-Yon fonctionne bien avec 11 élèves. Le soutien de SAT-Amikaro sera déterminant dans la réalisation d’un vieux rêve : la fondation d’une association d’espéranto en Vendée. Après un tour d’horizon sur la situation de la langue, deux de ses adhérents, Fabrice Morandeau et Henri Masson , cherchent des partenaires, y compris des débutants, pour créer les bases d’une structure associative comme, semble-t-il, il n’en a jamais existé en Vendée, hormis des clubs locaux.

Le "Journal Officiel" du 16 octobre annonce en page 4598, article 1486 : "Déclaration à la Préfecture de la Vendée. ESPERANTO VENDEE. Objet : organiser à des fins éducatives, culturelles et sociales, la diffusion de la langue internationale espéranto par l’information, l’enseignement et diverses forme d’action. Siège Social : maison de quartier Liberté, 17, rue Laennec, 85000 La Roche-sur-Yon. Date de la déclaration : 2 octobre 1996."

"Espéranto 85" cède donc la place à "Espéranto-Vendée", le nom étant plus évocateur pour la plupart des Français et des étrangers que le numéro minéralogique.
Le Conseil d’Administration se compose de huit personnes : Albert Crié, Marie-Christine Kosoñ (trésorière-adjointe), Henri Masson (vice-président), Jacky Michaud (trésorier), Fabrice Morandeau (président), Paul Moncanis (secrétaire), Yvette Thomas (secrétaire adjointe) et Robert Verdon.
Albert Crié exprime le souhait d’être remplacé pour l’animation des cours. C’est Marie-Christine Kosoñ, qui a déjà une longue pratique de la langue et qui l’a déjà enseignée, qui assure le cours de premier niveau. Il sera donné à la maison de quartier Liberté.

En collaboration avec Espéranto 44 , Fabrice Morandeau organise un stage les 26 et 27 octobre1996 dans sa commune de St Philbert-de-Bouaine où le maire et la municipalité réservent le meilleur accueil à cette initiative. Le succès est au rendez-vous : 90 participants, c’est-à-dire bien plus que prévu. Les stagiaires bénéficient de l’hospitalité des habitants.

A l’occasion du stage de St Philbert-de-Bouaine, une présentation de l’espéranto a lieu au Collège St Sauveur et à l’École Publique de Rocheservière, ainsi qu’à l’École St Jean-Baptiste de St Philbert-de-Bouaine.
Les panneaux du Centre Culturel Nantes-Espéranto sont exposés du 19 au 27 au Centre Culturel de St Philbert-de-Bouaine dans le cadre de la semaine culturelle.

Maryvonne et Bruno Robineau présentent un superbe diaporama sur leur voyage de huit années autour du monde à La Mothe-Achard, le 12 novembre.
Fabrice Morandeau organise ensuite un spectacle à St Philbert-de-Bouaine avec le groupe néerlandais "Kat yn ’t Seil" qui chante en plusieurs langues dont l’espéranto et qui est connu dans le monde espérantophone sous le nom "Kajto" (cerf-volant).
Le succès des stages de fin de semaine se confirme les 4 et 5 octobre 1997 avec plus de cent stagiaires. Hélas, Fabrice Morandeau quitte la Vendée pour aller étudier à Paris. Avec son départ disparaît cette possibilité d’accueil à St Philbert-de-Bouaine, de collaboration étroite avec Espéranto 44, le Centre Culturel Nantes Espéranto et Espéranto-SAT Saint-Nazaire. Il faudra donc trouver un nouveau président. Les regards se tournent vers... Henri Masson. Quelque chose doit laisser supposer qu’il n’a pas assez de travail !... Malgré tout, Espéranto 44 continuer d’organiser trois stages par an en Loire-Atlantique auxquels participent parfois des Vendéens.

Des démarches auprès de M. Louis Guédon, député-maire des Sables d’Olonne, pour qu’il intervienne en faveur de l’espéranto auprès du ministre de l’éducation nationale reçoivent un accueil bienveillant.

Fête du Dr Zamenhof à Nantes

Chaque année, un peu partout dans le monde, aux alentours du 15 décembre et plutôt en fin de semaine, les usagers de l’espéranto fêtent l’anniversaire de la naissance du Dr Zamenhof. C’est l’occasion de rencontres, de spectacles. C’est aussi la fête du livre d’espéranto. Les espérantistes vendéens se joignent donc cette année-là à ceux de Nantes qui organisent , le samedi 14 décembre, un programme de festivités avec, entre autres, une conférence de René Centassi, coauteur de "L’homme qui a défié Babel", ancien rédacteur en chef de l’AFP, qui vient parler de Jules Verne. Très lié à l’espéranto, Jules Verne fut en effet président d’honneur du club d’espéranto d’Amiens. Dans le dernier roman sur lequel il travaillait avant sa mort , "Voyage d’études", il faisait dire à l’un de ses héros, Nicolas Vanoff : "L’espéranto, c’est le plus sûr, le plus rapide véhicule de la civilisation". Ce manuscrit inachevé a été publié en 1993 chez Le Cherche midi éditeur sous le titre "San Carlos et autres récits inédits". A cette occasion, les participants assistent aussi à la projection du film "Le dictateur", de Charlie Chaplin, dans lequel l’espéranto joue un rôle occasionnel.

Fête du Livre Jeunesse d’Aizenay

La Fête du Livre Jeunesse d’Aizenay est une remarquable réalisation dont les initiateurs et les organisateurs peuvent être fiers. Il est heureux que ce soit une telle école, qui fait aimer l’école, qui ait donné la possibilité, pour la première fois en 1996, grâce à Joël Blanchard, de présenter l’espéranto dans le cadre de cette fête et justement sur le thème "Les cinq continents". L’ambiance est sympathique et il est toujours agréable de voir des enfants découvrir le génie de la plus ludique des langues. Un enseignement d’espéranto serait très apprécié. Le seul obstacle à sa réalisation est le manque d’enseignants qualifiés et disponibles sur place.

Printemps du Livre de Montaigu

La même année, en collaboration avec le Centre Culturel Nantes-Espéranto, le "Printemps du Livre de Montaigu" permet aussi un travail d’information sur l’espéranto encore trop peu fréquent dans le département. Beaucoup de jeunes sont agréablement surpris, étonnés et enthousiasmés par l’existence d’une langue dont l’apprentissage est presque un jeu et dont l’esprit correspond par ailleurs à leur manière de voir le monde.

Enfantaisies

Enfantaisies, c’est "le festival des enfants qui sortent leurs parents". La participation a été proposée pour la première fois en 1998 par Thierry Bouhier. Aux "Enfantaisies 2000" la possibilité a été donnée d’expérimenter une méthode de découverte de l’espéranto pour les enfants.
Côté ludique, l’espéranto est en effet imbattable, car il a été conçu de manière à suivre le cheminement logique de la pensée (voir à ce sujet le livre de Claude Piron "Le défi des langues", éd. L’Harmattan, chapitre VI). Psycholinguiste, l’auteur a enseigné la psychologie à la faculté des sciences de l’éducation de l’université de Genève après avoir été traducteur de l’Onu et de l’OMS pour l’anglais, l’espagnol, le russe et le chinois.
Côté pratique, il en est de même : pour l’éveil aux langues, pour la stimulation des facultés d’imagination, la créativité, et ce, dès le premier contact.

L’espéranto offre la possibilité de faire beaucoup, même avec très peu de moyens.

Enfantaisies 2000. Photo Henri Masson

Autour de l’Europe

En 1996-97, Gudule Le Pichon, vétérinaire, Laurent Cuenot, artisan-paysagiste, avec leur bébé Lola, se préparent pour un tour d’Europe en roulotte. Comme ils ne peuvent pas apprendre toutes les langues des pays et régions traversés, l’apprentissage de l’espéranto fait partie de leurs préparatifs. Ils se perfectionneront en cours de route par la pratique. Le départ a lieu le lundi 5 mai 1997 depuis la place de la mairie du Poiroux. Lola a six mois.
Camille, leur solide jument, tirera la roulotte peinte en vert et orange dans laquelle ils envisagent de vivre durant quatre années. Elle les mènera autour de l’Europe, en évitant les grandes villes et les axes routiers trop fréquentés.

Gudule (avec Lola dans ses bras) et Laurent lors du départ avec les enfants des écoles du Poiroux.
Photos Henri Masson
Gudule (avec Lola dans ses bras) et Laurent lors du départ avec les enfants des écoles du Poiroux.

L’idée leur est venue lors d’une conférence de Maryvonne et Bruno Robineau qui ont fait un voyage de huit années autour du monde. Maryvonne et Bruno avaient pu apprécier les atouts supplémentaires apportés par l’espéranto qu’ils avaient appris en cours de route.

Leur pratique de l’espéranto s’améliore très vite sur le parcours français, puis en Belgique. Il devient ensuite la principale langue sur laquelle ils peuvent compter avec l’anglais, alors que les locuteurs du français se raréfiaient au fur et à mesure qu’ils s’éloignent : Allemagne, Danemark, Suède. Ils commencent très vite à publier un bulletin en espéranto. Ils passent deux hivers chez des espérantistes, le premier aux Pays-Bas, le second en Suède.

Ils avaient choisi de vivre et voyager dans une roulotte. À 5 km à l’heure, à raison de 20 à 30 km par jour, rien de tel pour admirer le paysage ! Hélas, il apparaît que celle qu’ils avaient aménagée était trop grande pour traverser certains ponts ou embarquer sur des bacs, et trop lourde pour que leur jument puisse affronter de fortes déclivités. Laurent construit donc, en Suède, une roulotte plus petite dont le poids est inférieur de 500 kg. Après avoir séjourné en Pologne, ils passent leur troisième hiver en Tchéquie. La nouvelle roulotte sera encore trop grande et trop lourde pour la traversée des Carpathes ! Alors, Laurent construit un petit chariot dans lequel il n’y aura de place que pour Lola et les bagages.

Et puis là, à Haldke Zivotice, Gudule et Laurent se marient. Tout le village se mobilise pour faire une grande fête à cette occasion.
Ils sont invités à présenter des conférences dans plusieurs villes du pays. Elles sont traduites de l’espéranto en tchèque. Leur quatrième hiver se passe en Bulgarie. Les invitations et les gestes d’amitié qui se manifestent en cours de route font que la durée du voyage prévue pour quatre ans dépasse les délais le 5 mai... 2001. Un bébé nait en Grèce, il se nomme Romain. Le cinquième hiver se passe en Italie.

Hommage à Zamenhof

A travers le monde, nombreuses sont les villes qui ont attribué le nom du Dr Zamenhof à une rue, une place, un édifice public, où qui leur ont consacré un monument (liste). Des démarches sont donc effectuées en ce sens à Moutiers-les Mauxfaits, Les Sables d’Olonne et à La Roche-sur-Yon. Grâce aux conseils bienveillants de M. Jean-René Corbineau, suite à un communiqué publié à ce sujet dans "Ouest-France", le dossier évolue favorablement à La Roche-sur-Yon. Un premier espoir est compromis par l’assassinat du dirigeant israélien Yitzhak Rabin (4.11.1995, prix Nobel de la Paix), dont le nom sera donné à une avenue. Par bonheur, c’est un rond-point qui reçoit le nom du Dr Zamenhof. Certes, il n’y a pas d’adresse de domicile autour d’un rond-point, mais combien d’habitants de telle ou telle rue savent qui était celui ou celle dont elle porte le nom ? N’est-ce pas finalement un beau symbole ? Car c’est bien à partir d’un rond-point que l’on peut choisir sa direction. La vocation de l’espéranto n’est-elle pas de permettre précisément à chacun d’avoir d’abord une langue commune, puis de faire son choix en fonction de ses préférences ? L’inauguration a lieu le 18 septembre 1999. Compte-rendu d’Espéranto-Vendée (septembre 1999) :
Malgré un temps peu engageant, environ 70 personnes ont assisté à la cérémonie d’inauguration du "Rond-point du Docteur Zamenhof -1859-1917 - Inventeur de l’Espéranto", maintenant signalé par trois plaques.

Dans son allocution, M. Jacques Auxiette, maire de La Roche-sur-Yon, a exposé les difficultés qui se présentent dans le choix des noms de voies de circulation, puis abordé le thème de la mondialisation, ce en quoi l’espéranto trouve naturellement sa place non point pour s’y opposer ó car il s’agit d’une évolution irréversible ó mais pour l’orienter au mieux de l’intérêt général, pour en éviter les dérives.

Nous tenons à le remercier de sa présence ainsi que tous les participants parmi lesquels deux de ses adjoints - Mme Annick Tarot et M. Jean Burneleau -, M. Armand Papin, président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Vendée, M. Roland Robert, Président de la Ligue des Droits de l’Homme de Vendée, M. Alain Pallatier, directeur du Centre Départemental de Documentation Pédagogique de Vendée, M. Joël Blanchard, directeur du Groupe scolaire Louis Buton d’Aizenay, M. Jean-René Corbineau envers qui nous sommes aussi redevables au sein de la Commission de Dénomination des Voies de Circulation car il avait été le premier à réagir à un appel en ce sens lancé dans "Ouest-France". Pardon aux personnalités éventuellement non mentionnées : le temps menaçant n’a guère facilité les prises de contact ! Merci aussi à tous les espérantistes venus parfois de loin : Deux-Sèvres (St Pompain et Niort), Loire-Atlantique (St Aignan-de-Grandlieu), Charente (Angoulème), Charente Maritime (La Rochelle), Vienne (Poitiers), et à "Ouest-France", "Canal 15" et "Roche Mag" pour la couverture de cet événement qui constituait une première en Vendée.

Photo Henri Masson

Esperanto spoken...

Ayant appris que la municipalité de Moutiers-les-Mauxfaits effectuait des recherches en vue d’un jumelage avec une localité équivalente en Angleterre, Henri Masson envoit, le 1er février 1999, un message électronique en espéranto à trois adresses. L’appel est répercuté et, dès le 8, le siège de l’Association Britannique d’Espéranto propose d’entrer en contact avec Paul Hewitt, à North Thoresby. La réponse vient dès le lendemain. Après avoir indiqué les principales activités, ressources, etc, de North Thoresby, un village d’environ 900 habitants proche de Grimsby, où se trouve un groupe actif d’espéranto, Paul Hewitt précise ensuite :
"Mon épouse et moi sommes les seuls espérantistes dans le village, mais d’autres habitent à Grimsby même et dans d’autres villages.
Depuis deux ans, je suis directeur d’école élémentaire dans un village à côté.
Je suis prêt à proposer mes bons offices au conseil municipal. Je ne sais si ça les intéressera ou non.
Entre parenthèse, je visiterai votre région en avril. Ma fille enseigne dans un collège à Montaigu, et en fait elle loge chez une famille espérantiste (nom). Nous resterons à Montaigu du 8 au 15 avril. Si nécessaire ou si ça convient, je pourrai vous rendre visite pour discuter de ces affaires.
Pour votre information, je suis membre de SATEB [c’est l’équivalent de "SAT-Amikaro" pour les pays de langue française] et responsable de son Service Librairie."

Pour une surprise, elle est bien belle ! Peu importe la décision du Comité de Jumelage de Moutiers-les-Mauxfaits : il est certain que ce contact nous intéresse, l’espéranto laissant la plus grande liberté de partenarité qui soit par rapport aux pays de langues diverses. C’est le branle-bas de combat à Espéranto-Vendée. Que faire pour accueillir nos amis encore inconnus ? L’idée vient de proposer un piquenique à La Tranche-sur-Mer. Cette rencontre est annoncée par les médias, et une quarantaine de personnes y participent.

Une partie des participants du piquenique de La Tranche-sur-Mer. Photo Henri Masson

L’espéranto entre au Lycée Nature

Au Lycée Nature (agricole) de La Roche-sur-Yon, en 1998, à l’initiative de Christine Raiffaud, qui enseigne dans cet établissement, l’espéranto est proposé dans un choix de six Modules d’Initiative Local (MIL) d’une durée de cinq jours.

Le module d’espéranto fait partie des deux qui sont les plus demandés, au point qu’il faut refuser des inscriptions : plus de 50 candidats pour un nombre de places limité à 20.

L’enseignement est assuré par Ferdinand Vince, de St Nazaire, avec l’aide de Christine Raiffaud. Une approche générale de l’espéranto (histoire, mouvement, applications, buts, etc) est donnée par Pierre Babin ancien professeur d’anglais et inspecteur de l’Éducation nationale, Laurent Vignaud (Angers) et Henri Masson. Bruno Robineau peut présenter, en soirée, un montage audio-visuel sur le tour du monde qu’il a effectué avec sa compagne Maryvonne durant 8 années. Appris en cours de route, dans les premiers temps de leur aventure au contact du monde agricole, l’espéranto leur a été d’une grande utilité.

Une douzaine de lycéens qui poursuivent cette étude établissent des contacts, grâce à Internet, dans divers pays.

L’année suivante, 23 lycéens s’inscrivent. L’un des élèves de l’année précédente, Alexandre Dallaine, exprime l’intention de traduire l’exposition et le site de la Maison du Bas-Poitou en espéranto. Une fois encore, Ferdinand Vince, d’Espéranto-SAT St Nazaire est appelé à la rescousse, aidé par Alain Rochus et Christine Raiffaud.

... et au Lycée Pierre Pierre Mendès-France

Grâce aux bons conseils de M. Robert Boinier, professeur au Lycée Pierre Mendès-France, un contrat de partenariat est signé par Espéranto-Vendée dans le cadre des "Actions Professionnelles Appliquées" (section de techniciens supérieurs) avec le Lycée Pierre Mendès-France. Le projet consiste à organiser un sondage sur lequel travaillent trois lycéennes ó Amélie, Aurélie et Julie ó dans des collèges , des lycées et au site universitaire de La Roche-sur-Yon. Les résultats sont fort intéressants.

... et au site universitaire de La Roche-sur-Yon

Étudiante au département Information et Communication du site universitaire de La Roche-sur-Yon (La Courtaisière), Lyse Bordage réalise, dans le cadre de ses études, un site web fort bien conçu pour Espéranto-Vendée, qui est opérationnel en septembre 2000. Mais la poursuite de ses études dans le Vaucluse entraîne la disparition du site. Le plus étonnant, c’est que cette disparition a été signalée par un espérantiste japonais qui demandait pourquoi l’adresse ne fonctionnait pas ! De ce fait, de nouvelles pages web de SAT-Amikaro sont installée sur le site de SAT-Amikaro depuis le 1er janvier 2002.

Autour du monde

Le 15 juillet 2000, Rachel Prual, institutrice, et David Cholet, surveillant de collège et futur enseignant, partent de La Roche-sur-Yon pour un tour du monde. Ils visiteront 43 pays en stop. Le départ a lieu précisément du rond-point du Dr Zamenhof inauguré l’année précédente.

lors du pique-nique organisé avant le départ. De gauche à droite : Paul Hewitt, Rachel Prual, David Cholet, Veronica Hewitt.
De gauche à droite : M. Jean Burneleau, maire-adjoint, Philippe Bérizzi (tenant la banderole arrière), David Cholet, Rachel Prual, Fabrice Morandeau (jouant de l’accordéon), Xavier Godivier (tenant l’autre extrémité de la banderole). Banderole d’Espéranto-Vendée : Mme Joly, Wieslaw Kosoñ.
Photos Henri Masson

Comme Maryvonne et Bruno, comme Gudule et Laurent, Rachel et David ont ajouté l’espéranto aux langues qu’ils connaissent déjà à tous les deux : français, anglais, espagnol, latin. La première bonne surprise, pour eux, est d’avoir découvert que quelques mois d’étude de l’espéranto leur permettent de mieux s’exprimer qu’après des années d’anglais. Ils ont déjà eu des contacts dans divers pays par Internet avant de partir.

Après un accueil particulièrement chaleureux en Iran, Rachel et David font un bref séjour au Pakistan. Le Lions Club de Multan leur a fait l’honneur d’un programme culturel et d’un dîner. Le visa qu’ils ont reçu pour le Pakistan n’est valide que pour cinq jours. Ils se rendent ensuite en Inde où ils ont déjà des contacts par Internet et l’espéranto.

Quelques semaines plus tard, le 16 septembre , Boris Bouchez et son amie Véronique partent de Fouquières-lez-Lens (Pas-de-Calais) pour un tour du monde d’un an par des moyens plus conventionnels. Lui est né de parents espérantistes (son père est le maire de la commune). Elle commence à le parler lors de leur séjour au Brésil. Sur trois jeunes couples français qui ont ajouté l’espéranto à leur bagage linguistique pour vivre une expérience peu commune durant cette période, deux sont donc partis de Vendée.

Ces voyageurs sont suivis sur le site de l’Amikeca Reto :
[http://www.creaweb.fr/a.reto,
Liste de diffusion pour Rachel et David :

L’histoire ne s’arrête pas là

Les nouvelles pages de l’histoire de l’espéranto, ce sont celles que nous vivons et que nous inscrivons dans la vie. En plus de la collecte de témoignages sur le passé de l’espéranto en Vendée, nous avons besoin aussi de personnes qui ne pensent pas par procuration et qui veulent découvrir par elles-mêmes et faire découvrir à leur tour les ressources offertes par cette langue dont le grand écrivain russe Léon Tosltoï avait écrit en 1894, après en avoir étudié la grammaire : "Il est si facile qu’ayant reçu, il y a six ans, une grammaire, un dictionnaire et des articles de cet idiome, j’ai pu arriver, au bout de deux petites heures, sinon à l’écrire, du moins à lire couramment la langue. (...) Les sacrifices que fera tout homme de notre monde européen, en consacrant quelque temps à son étude sont tellement petits, et les résultats qui peuvent en découler tellement immenses, qu’on ne peut se refuser à faire cet essai."

Les médias et Espéranto-Vendée

La réussite d’Espéranto-Vendée aurait été impossible sans les médias qui ont donné écho de manière plus ou moins régulière à nos informations et communiqués, en premier lieu Ouest-France et Vendée-Matin, Le Pays Yonnais, et aussi Racines, Roche Mag, La Libre Pensée de Vendée, Le Courrier Vendéen, Courrier Paysan Vendéen, Le retraité de Vendée, Radio Sud-Vendée (RSV), FMR-RTL 2 (Fontenay-le-Comte), RCF-Vendée, "Radio Graffiti FM, Radio Alouette FM, Folie FM (Pouzauges) TV : Canal 15 et France 3, et aussi sans la bienveillance de la Mairie de La Roche-sur-Yon, du Conseil Général de la Vendée, de l’Office de Tourisme de La Roche-sur-Yon, la Mairie de St Philbert-de-Bouaine. Un grand merci à tous : ce succès est aussi le leur !

Henri Masson