L’idée de langue internationale à travers les noms de voies de circulation de La Roche-sur-Yon

Publié le jeudi 10 février 2005 par admin_sat

Adenauer (1876-1967)
En 1932, alors qu’il était maire de Cologne (Köln), le futur chancelier allemand Konrad Adenauer invita le 25ème Congrès Universel d’Espéranto à se tenir l’année suivante dans sa ville. Il n’eut pas le loisir de le saluer en personne. Ceux qui allaient mener le peuple allemand vers l’abîme et l’infamie, vers les pages les plus sombres et les plus tragiques de son histoire, étaient déjà là. Son arrestation par les nazis jeta la communauté espérantophone allemande dans le désarroi. Fait assez significatif et assez évocateur de la situation : le congrès qui s’était tenu à Nuremberg (Nürnberg) en 1923 avait accueilli 4963 participants, celui de Cologne seulement 950.

Alain (1868-1951)
Le philosophe et essayiste Alain avait écrit, le 5 septembre 1906 : “Apprenez-vous l’espéranto ? C’est une langue aussi simple et aussi régulière que possible, qui s’écrit comme elle se prononce, dont la syntaxe ne renferme pas de pièges, et dont les règles, d’ailleurs peu nombreuses, ne souffrent aucune exception. Un Français, un Anglais, un Italien, un Russe, l’apprennent avec la même facilité. Et, quoiqu’elle soit simple, comme elle a prévu et défini toutes les relations possibles entre les idées, elle sait tout dire ; elle parle théologie et elle parle sentiment, elle traduit les images fortes de Shakespeare et les regrets de Lamartine au bord de son lac ; elle exprimera tout aussi bien les subtilités de la casuistique et du droit ; elle est capable de tout, puisque, si l’on en croit des gens compétents, elle n’a nullement déformé la “Monadologie” de Leibnitz qui est, comme chacun sait, un prodige d’acrobatie.”

Alain avait par ailleurs son avis sur le français, sa langue maternelle : “Apprendre le français, cela n’est point facile. Il ne m’arrive pas une fois sur dix de dire exactement ce que je veux dire...”

Ampère (1775-1836)
Autodidacte, doué d’une mémoire prodigieuse, le physicien, mathématicien, chimiste et philosophe André Marie Ampère n’avait que dix-huit ans lorsqu’il élabora, en 1793, un projet de langue philosophique dans laquelle il rédigea quelques poèmes. Cette oeuvre ne fut jamais publiée, et celui qui allait devenir un grand physicien ne s’occupa plus par la suite de questions de langues universelle [1]. Curieusement, en 1802, il s’était fait connaître par un essai intitulé La théorie mathématique des jeux du hasard. Or, c’est pour ses travaux sur ce sujet que l’Allemand Reinhard Selten, qui avait appris l’espéranto durant son adolescence, a reçu le Prix Nobel de sciences économiques 1994 partagé avec deux Étasuniens.

Arago (1786-1853)
Physicien, astronome et homme politique, Jean-François-Dominique Arago avait participé à une commission scientifique qui étudia le "Solresol" et rendit une conclusion favorable. Mais la suite démontra qu’une telle langue ne pouvait vivre. Le "Solresol" est un projet de langue musicale inventé par Jean-François Sudre (1817-1866), instituteur à Sorèze (Tarn). Il s’agissait d’une langue basée sur des notes de musique et qui s’écrivait sur la gamme. Bien que supérieur à la plupart des projets imaginés par des philosophes, plus facile aussi, le solrésol s’avéra finalement peu pratique et déclina très vite après la mort de son auteur.

Auriol (1884-1966)
Premier président de la IVème République, de 1947 à 1954, Vincent Auriol patronna, en 1959, la célébration du centenaire de la naissance du Dr Zamenhof qui, en 1960 fut célébré par l’Unesco comme "personnalité importante universellement reconnue dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture."

Bastié (1898-1952)
La célèbre aviatrice Maryse Bastié prit conscience de l’utilité de l’espéranto lorsque, en 1935, elle se trouva en Russie face à des gens eux-mêmes surpris de voir sortir une pilote en talons hauts et bas de soie. Les quelques mots de russe qu’elle avait appris et le dictionnaire ne lui furent d’aucun secours. “L’utilité de l’espéranto pour les aviateurs n’est pas discutable, et s’accroîtra sans cesse avec les progrès de l’aviation et l’interpénétration des peuples.” Elle confirma son avis en 1947, se disant “depuis de longues années convaincue de l’utilité de cette langue” et ajoutant : “Dans de nombreux voyages, j’ai toujours souhaité l’emploi d’une langue internationale commune. L’espéranto, simple et facile, devrait être obligatoire.”

Belin (1876-1963)
Inventeur, en 1922, d’un procédé électromécanique de télétransmission des images, Édouard Belin déclara, après avoir découvert l’espéranto : "Après avoir constaté la rapidité et la facilité de nos travaux obtenus par l’intermédiaire de l’ Espéranto, je suis formellement résolu à apprendre cette langue."

Bergson (1859-1941)
Bien que sympathisant de l’espéranto, le philosophe Henri Bergson fut dans l’obligation, en 1922, en tant que président de la Commission de Coopération Intellectuelle de la Société des Nations, à Genève, d’appliquer la consigne du gouvernement français qui lui demanda de faire barrage à l’enseignement de l’espéranto et à son usage sur la scène internationale. Le gouvernement d’alors était hostile à cette langue dans laquelle il voyait un concurrent alors qu’elle représentait au contraire une planche de salut contre l’invasion d’une langue dominante. La France paie aujourd’hui le prix de cette erreur. L’écrivain Romain Rolland écrivit à ce sujet, et la suite lui donna raison, que l’espéranto vivrait plus longtemps que cette commission et que la SDN elle-même...

Blum (1872-1950)
Homme politique et écrivain, Léon Blum voyait dans le socialisme une exigence de justice et de morale ; opposé au courant bolchevik, profondément humaniste, il ne pouvait ignorer l’apport d’une langue telle que l’espéranto dans une telle démarche :“Je voudrais que, dans tous les villages et dans toutes les villes, on enseigne l’espéranto, qui serait un facteur pour l’entente des peuples et le plus sûr moyen pour maintenir la paix universelle.”

Brandt (1913-1992)
Prix Nobel de la Paix 1971, chancelier de la République Fédérale Allemande (RFA) Willy Brandt appartient à la famile des hommes politiques d’envergure internationale qui ont apporté un soutien moral à l’espéranto : “La diversité linguistique est l’un des obstacles les plus importants sur la voie de l’amitié et de la compréhension entre les peuples.
La langue internationale espéranto s’efforce depuis longtemps et avec succès d’éliminer cette barrière. Les succès de l’espéranto sont reconnus par l’UNESCO. Que les Nations Unies veuillent insister efficacement, pour que l’on poursuive l’oeuvre commencée par le Dr Zamenhof. La coopération pour l’amélioration des relations internationales doit être le grand devoir de tout homme politiquement actif. La compréhension amicale entre les hommes de diverses nations facilite à la politique l’accomplissement d’un grand devoir : faire avancer la paix.”
 [2]
A l’occasion du congrès de SAT qui se tint à Augsburg du 25 au 31 juillet 1970, il adressa ce télégramme aux participants :“Aux participants du 43ème congrès mondial des travailleurs espérantistes, j’adresse mes cordiales salutations. Je me réjouis que ce congrès, à Augsburg, rassemble de nombreux invités de pays européens et non-européens. Le but de la compréhension pacifique à travers un concept mondial et les frontières mérite le soutien de toutes les forces spirituelles et politiques.”

Branly (1844-1940)
Professeur au Collège de France, le physicien Édouard Branly fut l’un des 42 savants qui, en 1924, émirent un voeu en faveur de l’enseignement de l’espéranto, qualifié de “chef d’oeuvre de logique et de simplicité”, et de son utilisation dans la communication internationale. Voir en section "Documents" 1924 : 42 membres de l’Académie des Sciences reconnaissent et recommandent l’espéranto

Clemenceau (1841-1929)
La mort du Dr Zamenhof , le 14 avril 1917, reçut un certain écho à travers le monde. En France, Le Figaro, Le Temps, L’Éclair, etc., lui consacrèrent des articles. Dans L’Homme Enchaîné (18 avril), dont il était fondateur et rédacteur en chef, Clemenceau écrivit :
“Ne laissons pas partir sans un adieu cet homme de bonne foi, de volonté et d’apostolat... Il passa sa vie à bâtir de toutes pièces une langue internationale, l’Esperanto, qui a peut-être des chances, même après la mort de son créateur, de rester une oeuvre vraiment vivante. Je m’empresse de dire que je n’ai point lu le fameux Fundamento de Esperanto du Dr Zamenhof, ni les traductions qu’il a faites des oeuvres de Molière, Shakespeare, Goethe ou Gogol. Mais je suis prêt à reconnaître que l’Esperanto a des qualités de logique, de clarté, de simplicité et surtout de facilité, qui donnent de la valeur et de la force... Son vocabulaire, bien que restreint, est assez riche et assez nuancé pour s’assouplir à la rude discipline de la traduction des chefs-d’oeuvre de toutes les littératures étrangères ; il est assez souple pour exprimer toutes les pensées humaines.”

Colette (1873-1954)
Sidonie Gabrielle Colette partageait avec Alain son avis sur la difficulté du français : “C’est une langue bien difficile que le français. A peine écrit-on depuis quarante-cinq ans qu’on commence à s’en apercevoir”, ce qui montre qu’une langue maternelle aussi difficile ne convient pas pour jouer le rôle de langue internationale pour l’ensemble des populations.

Condorcet (1743-1794)
Philosophe, mathématicien, économiste, membre de l’Académie Française, Antoine Caritat, Marquis de Condorcet se pencha sur le problème d’une langue philosophique en 1774. Il exprima ses idées à ce sujet dans Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain : “Un des moyens qui devait puissamment aider à l’avancement des sciences était l’institution d’une langue universelle, laquelle, en exprimant toutes les nuances de la pensée avec une exactitude parfaite, prêtera une rigoureuse précision à la connaissance des faits et rendra la connaissance de la vérité facile, et l’erreur presque impossible.” Comme tous les projets dits “philosophiques” de type “a priori”, donc créés de toutes pièces, totalement artificiels, son idée n’aboutit à rien.

Defferre (1910-1986)
Maire de Marseille, député, homme politique, Gaston Defferre fut signataire, avec le groupe socialiste, des radicaux de gauche et apparentés, de deux propositions de loi en faveur de l’enseignement de l’espéranto dans l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur supérieur comme langue facultative (1975), puis comme langue à option (1979). Voir en section "Documents" Propositions de lois présentées en faveur de l’enseignement de la Langue Internationale Espéranto

de Gaulle (1890-1970)
Le Président de Gaulle n’eut pas eu le temps de reconsidérer un jugement superficiel formulé le 15 mai 1962, lors d’une de ses conférences de presse : “Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l’Europe dans la mesure où ils étaient respectivement italien, allemand et français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient été des apatrides ou s’ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapük intégré”.
C’est oublier que bien des grands hommes ont servi l’Europe en utilisant la langue internationale, et même anationale, que fut le latin, sans renier la leur, et que l’espéranto n’a jamais eu pour vocation de remplacer les langues nationales sur leur terrain. Se donner l’air de connaître une chose et en parler péremptoirement ne réussit pas toujours. Aveu d’ignorance ignorée et façon de reconnaître “Je ne sais pas ce que c’est, mais j’en cause !”, en France et dans d’autres pays, les arguments opposés à l’espéranto sont du même tonneau et toujours formulés, sans démonstration ni preuves, dans des phrases lapidaires ou des boutades.

Dante est à l’origine de l’italien moderne créé à partir de dialectes d’Italie c’est-à-dire selon un processus comparable à celui qui a donné naissance à l’espéranto. Dans son traité philosophique inachevé Il Convivio ("le Banquet"), il pressentit la possibilité d’une langue commune à toute l’Italie, donc, en quelque sorte, destinée à jouer dans son pays un rôle qui est comparable à celui de l’espéranto au niveau de l’Europe et même du monde : "ll y a une langue qui n’est la propriété de personne, qui est audible dans chaque ville, dans chaque région mais qui n’appartient à aucune ville ou région définie. C’est un nouveau soleil qui brillera là où était l’obscurité. (...) Et on la critique cependant par méconnaissance, par le doute qu’elle conviendrait pour la littérature, seulement par fierté personnelle parce que l’on connaît plusieurs langues étrangères." (chap. 11 et 15) . Quant à Goethe, il avait dit “Qui ne connaît pas de langues étrangères ne connaît pas la sienne“, et aussi :“La littérature nationale, cela n’a plus aujourd’hui grand sens ; le temps de la littérature universelle est venu, et chacun doit aujourd’hui travailler à hâter ce temps.” (Conversations, 1827).

De Gavardie (?-1915)
De nombreux espérantistes périrent sur le front durant la première guerre mondiale. L’Historio de Esperanto en trois volumes de Louis Courtinat cite un certain De Gavardie, de La Roche-sur-Yon, qui mourut en 1915. Elle indique seulement que l’on trouva dans ses poches toute une provision de livrets Esperanto et Croix-Rouge. L’espéranto fut effectivement utilisé par la Croix-Rouge durant la première guerre mondiale. Des expériences réalisées lors du Congrès Universel d’Espéranto de Dresde, en 1908, avaient montré que des sauveteurs de diverses origines linguistiques pouvaient en un temps record comprendre et exécuter des ordres précis en espéranto, chose inconcevable avec d’autres langues. D’après des précisions et des photocopies de documents d’État-civil transmises par M. Jean-René Corbineau, de La Roche-sur-Yon, il apparaît qu’il est né le 13 mai 1878 à St Sever. Capitaine au 293ème régiment d’infanterie, en garnison à La Roche-sur-Yon, il est décédé des suites de ses blesssures à la Fère Champenoise le 7 septembre 1914, à deux heures du matin, donc quelques semaines seulement après le début des hostilités. Il a été déclaré "Mort pour la France" dans un document signé par l’officier d’État-civil le 20 juillet 1915. Le nom de Pierre Dufaur de Gavardie de Monclar figure sur le monument aux morts de la guerre de 14-18 de La Roche.

Descartes (1596-1650)
Dans une lettre au père Mersenne, René Descartes avait écrit, le 20 novembre 1629 : “J’oserais espérer une langue universelle, fort aisée à apprendre, à prononcer et à écrire, et ce qui est le principal, qui aiderait au jugement. Or je tiens que cette langue est possible.” Le latin était alors la langue universelle mais, trop complexe pour la majorité des peuples et accessible seulement à l’élite intellectuelle, il suscita des critiques linguistiques de contemporains de Descartes que furent l’évêque anglais John Wilkins et l’humaniste morave Jan Amos Komensky (non latin : Comenius ; 1592-1670), père de la pédagogie moderne, qui prêta une grande attention à l’idée de création d’une langue commune, ce qu’ignorent superbement les eurocrates dans la présentation du programme "Comenius". Wilkins et Komensky envisagèrent tous deux la possibilité d’une langue inventée.

Diderot (1713-1784)
L’idée de langue a posteriori, construite à partir de langues existantes, apparaît dans L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1765) qui comporte un article intitulé “Langue nouvelle” de M. Faiguet. Ce n’est qu’une esquisse de grammaire régulière et simplifiée qui, sous cet aspect, préfigure l’espéranto. Le philosophe, mathématicien et encyclopédiste Jean le Rond d’Alembert (1717-1783) aborda lui-même le problème d’une langue philosophique universelle.

Diesel (1858-1913)
Inventeur du moteur à combustion interne qui porte son nom, Rudolf Diesel a exprimé un avis qui n’a rien perdu de son actualité : “Je considère cette langue du point de vue de l’ingénieur dont les efforts s’orientent vers l’économie d’énergie... Le but de l’espéranto est d’économiser du temps, de l’énergie, du travail, de l’argent et d’accélérer, simplifier les relations internationales. De ce point de vue, il est difficile de comprendre les oppositions, telles qu’elles apparaissent encore contre l’adoption d’une chose si utile pour l’humanité. Je considère l’espéranto comme une nécessité pour la paix et la culture.”

Doumer (1857-1932)
Président du Sénat, puis de la république, Paul Doumer déclara, en 1910 : "On n’a pas le droit de ne pas savoir ce qu’est la langue artificielle du Docteur Zamenhof. Je ne me convertirai peut-être jamais à la foi espérantiste, mais, du moins, je la connaîtrai et je donnerai quelques heures à l’étude de la langue elle-même."

Du Bellay (1522 - 1560)
Connu, entre autres, pour son ouvrage Défense et illustration de la langue française (1549), Joachim du Bellay avait, bien avant Alain et Colette, perçu la difficulté d’apprendre une langue "Oh hélas ! Comme il serait mieux s’il existait dans le monde seulement une langue naturelle au lieu d’employer tant d’années pour apprendre les mots ! Et cela nous le faisons jusqu’à l’âge très souvent où nous n’avons plus la capacité ni le temps de nous occuper de plus grandes choses."

Duviard (1889- ?)
Professeur de lycée, écrivain, romancier, Ferdinand Duviard occupe une place tout à fait à part dans la présente recherche puisqu’il a été l’un des pionniers de l’espéranto en Vendée. Né en 1889, il apprit l’espéranto à 16 ans, en 1905, l’année du premier congrès universel d’espéranto (Boulogne-sur-Mer). Il résida jusqu’en novembre 1915 au n° 6 de la rue Molière, à La Roche-sur-Yon, avant de s’installer en région parisienne, à Coulommiers. Il écrivit de nombreux articles et s’occupa beaucoup des jeunes. Avec le journaliste Charles Pichon, de Saumur, il fonda la Fédération Française des Jeunes Espérantistes. Son nom figure dans l’Enciklopedio de Esperanto éditée à Budapest en 1933. Il était beau-frère de Carlo Bourlet, décédé à 47 ans, celui dont Zamenhof, le père de l’espéranto, reconnut les immenses mérites. Les épouses de Bourlet et de Duviard étaient soeurs.

Ferdinand Duviard était inscrit sous le n° 658 comme participant au Xe congrès universel d’espéranto qui devait se tenir à Paris en 1914. Le succès de ce congrès magistralement organisé par Carlo Bourlet, et pour lequel s’étaient inscrits 3759 espérantistes de 50 pays, devait avoir un impact considérable. Il ne put avoir lieu puisque la guerre fut déclarée précisément le 2 août, le jour où il devait s’ouvrir au Gaumont-Palace.

Durant la première guerre mondiale, les espérantistes ont consacré leur efforts à la recherche des disparus et des prisonniers. Dans une rubrique intitulée La presse française, le numéro de janvier-mars 1916 indique :“Nous trouvons des communiqués sur l’Espéranto et les services rendus par les Esperantistes depuis la guerre à divers points de vue, dans les journaux dont nous donnons les noms ci-dessous. Nous remercions sincèrement lesdits journaux ainsi que les amis esperantistes qui ont fait insérer ces articles.” Sous le titre “Un succès de l’Espéranto”, le journal La Petite Gironde du 9 août 1915, fit remarquer l’effort des espérantistes concernant la recherche des disparus et les résultats obtenus. La France de Bordeaux écrivit : “Le Groupe de La Roche-sur-Yon a obtenu de tels résultats, que le Groupe de Nantes va organiser un service semblable”. Le Temps du 18 août inséra le communiqué du groupe espérantiste de La Roche sur la question des disparus et un autre du Mans.

Eiffel (1832 1923)
L’ingénieur Gustave Eiffel fut à l’origine d’une tour dont la construction fut très controversée. Une autre controverse existe à son sujet : certains lui attribuent l’invention du porte-jarretelles, d’autres seulement celle de sa fixation. Quoi qu’il en soit, si l’on passe du haut des bas à un haut débat, il est certain que les travaux de construction ont commencé l’année même où parut le premier manuel d’espéranto, en 1887. En 1910, Eiffel déclara : "Sans avoir eu le courage de m’y mettre une bonne fois, ce que mon grand âge rend excusable, je ne manque jamais de le recommander aux jeunes, comme l’une des connaissances les plus faciles et les plus utiles que l’on puisse acquérir."

Einstein (1879-1955)
Prix Nobel de Physique en 1921, Albert Einstein accepta la présidence d’honneur du 3ème congrès de SAT (Sennacieca Asocio Tutmonda) qui se tint à Cassel (Allemagne) en 1923, et dont la langue de travail est l’espéranto. Cette attitude peut s’expliquer par des affinités entre lui, qui, à contre-courant par rapport aux autres scientifiques allemands, s’opposa au nazisme et à la barbarie, et SAT qui est une organisation socio-culturelle à caractère anational (non national) dont l’indépendance d’esprit lui a valu d’être interdite et persécutée sous les régimes totalitaires. [3]
En 1929, il s’était déclaré prêt à entrer au Comité d’honneur de la Ligue pour l’introduction d’une langue internationale auxiliaire pour la stimulation de la compréhension, de la paix et de la coopération entre les peuples.

Farman (1874-1958)
Constructeur d’avions, premier pilote à avoir gagné le Prix Deutsch-Archdeacon par un vol circulaire fermé de 1 km en 1908, Henri Farman était fermement convaincu de la nécessité de l’espéranto. C’est en train, lors d’un voyage à Vichy, que son ami Ernest Archdeacon, pionnier de l’automobile et de l’aviation, passionné par la découverte de nouveaux horizons ouverts par les sciences et les techniques (c’est l’époque de Jules Verne), lui avait expliqué le mécanisme de l’espéranto. En préface à un ouvrage d’Archdeacon [4], il écrivit : “Pour moi, les occupations effroyablement absorbantes de mon métier de constructeur d’aéroplanes, de pilote et de “professeur“, ne m’ont malheureusement pas encore laissé libres les quelques heures nécessaires pour “parler couramment l’espéranto“ ; mais je le lis à livre ouvert, et je l’écris assez facilement ; j’ai même déjà eu, une fois, l’occasion de l’utiliser dans ma correspondance commerciale.” Farman reconnaissait déjà le caractère indispensable d’une langue internationale.

Dans une lettre de janvier 1928, la direction des lignes Farman informa le Secrétaire Général de la Ligue Internationale du personnel espérantiste des PTT qu’elle avait décidé de faire apprendre l’espéranto à son personnel navigant. Depuis, l’anglais s’est imposé dans l’aviation pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ses aspects linguistiques et, aujourd’hui, des rapports montrent que ce choix imposé est à l’origine de nombreuses catastrophes aériennes.

Flammarion (1842-1925)
Auteur d’ouvrages de vulgarisation scientifique, l’astronome Camille Flammarion exprima plusieurs fois le besoin d’une langue auxiliaire. Il rejoignait en cela certains de ses contemporains qui furent de grands amis de l’espéranto tels que Jules Verne et l’éminent géographe Élisée Reclus.

Fourier (1772-1837)
Le philosophe Charles Fourier avait déjà prévu, dans son ouvrage Théorie de l’unité universelle, que les relations entre les peuples atteindraient un tel degré et une telle activité qu’elles emprunteraient les unes aux autres des radicaux, des tournures de phrase et qu’une langue empruntant le meilleur de ce qu’elles ont finirait par apparaître. Il pensait que ce serait une langue riche et très belle, la seule digne d’une humanité unifiée parce qu’elle contiendra le génie de tous les peuples. On pourrait dire en cela qu’il annonçait l’espéranto, qui apparut cinquante ans après sa mort, et qui est la quintessence de ce que les langues ont de plus logique.

France (1844-1924)
“Je crois que le premier peuple du monde est celui qui a la meilleure syntaxe”, a écrit Anatole France (voir Petit Robert au mot syntaxe), l’un des meilleurs stylistes de la littérature française. Ce serait plutôt flatteur pour la communauté espérantophone puisque l’espéranto se caractérise par une syntaxe très souple et d’une grande limpidité.

Gandhi (1869-1948)
Mohandas Karamchand Gandhi, qui amena l’Inde à l’indépendance par la non-violence, avait dit en 1931 :“Je suis pour un calendrier identique pour le monde entier, comme je le suis pour une même monnaie pour tous les pays et pour une langue auxiliaire mondiale comme l’espéranto pour tous les peuples.” Il avait en outre déclaré avoir lu la grammaire de l’espéranto et l’avait trouvée si simple qu’il avait estimé pouvoir l’apprendre en vingt-quatre heures s’il avait fait un effort. Bien qu’il le maîtrisait fort bien l’anglais, Gandhi avait par ailleurs un avis négatif quant à la contrainte de l’apprendre (voir Tous les hommes sont frères. Paris : Gallimard NRF, coll. Idées. 1969 ; p. 258 à 262) ou en section "Documents", Gandhi et l’anglais

Herriot (1872-1957)
Un collège de La Roche porte le nom d’Édouard Herriot, président de l’Assemblée nationale et membre de l’Académie française. En 1952, dans un message au congrès universel d’espéranto qui, en 1937, s’était tenu à Oslo, en Norvège, il avait écrit :
"A l’occasion du 37ème congrès universel d’espéranto, je suis heureux d’exprimer à nouveau ma sympathie envers le mouvement pour l’espéranto. Je souhaite que l’attention des scientifiques soit attirée sur les travaux de ce congrès et sur les services pratiques que peut présenter l’espéranto. Je félicite les espérantistes pour leurs efforts en vue d’atteindre une meilleure compréhension entre tous les hommes de bonne volonté." C’est sous son gouvernement, en 1924, que le décret infâme du ministre de l’instruction publique Léon Bérard fut abrogé.

Hugo (1802-1885)
Victor Hugo n’a pu connaître l’espéranto, dont le premier manuel n’a été publié que le 26 juillet 1887, deux ans après sa mort. Mais il exprima un avis favorable, comme Lamartine et des autorités scientifiques telles que le physicien Arago, au “Solrésol” (voir Ampère).

Jaurès (1859-1914)
Homme politique et écrivain, député de Carmaux, brillant orateur, Jean Jaurès fonda le Parti socialiste français en1901, le journal L’Humanité en 1904. Avec Jules Guesde et Édouard Vaillant, il dirigea la Section Française de l’Internationale Ouvrière (S.F.I.O.) créée en 1905. Son hostilité à la politique coloniale et à la guerre, lui valut d’être assassiné en 1914 par le nationaliste Raoul Villain.

Lors du Congrès de 1907 de l’Internationale Socialiste, à Stuttgart, avec Édouard Vaillant, il avait soumis lapropositiond’utiliserl’espéranto dansles informations officielles de l’Office Bruxellois de l’Internationalesocialiste. C’est l’opposition d’un social-démocrate allemand, Paul Singer, qui fit échouer leur démarche. Aujourd’hui, pendant qu’Allemands, Français et autressacrifient de l’argent, un temps et des forces considérables à l’apprentissage de l’anglais, c’est à Londres, dans le berceau de la langue anglaise, qu’un site d’information syndicale, donc sociale, utilise l’espéranto : www.labourstart.org/eo.

Jean XXIII (1881-1963)
Sans être allé jusqu’à parler l’espéranto, ce que fait aujourd’huile pape Jean-Paul II , le pape Jean XXIII (1881-1963) avait déclaré “L’espéranto est la langue universelle de notre époque.” Plusieurs papes se sont exprimés en faveur de cettelangue, dont Pie X, Bénédicte XV, Pie XI, Pie XII et Paul VI.

Joffre (1852-1931)
Maréchal de France, Joseph Joffre fut membre du patronage du groupe espérantiste d’Amiens.

Kastler (1902-1944)
Un collège de La Roche porte le nom d’Alfred Kastler qui avait accepté la présidence d’honneur du Centre Culturel d’Espéranto de Guebwiller, sa ville natale. Physicien, prix Nobel 1966, il avait connu l’espéranto grâce à son maître, Aimé Cotton, physicien de renommée mondiale et espérantiste confirmé, qui fut président de l’Académie des Sciences en 1913 et 1914.

Lamartine (1790-1869)
Comme Victor Hugo, l’écrivain Alphonse de Lamartine avait approuvé le “Solrésol”, projet de langue universelle de type “a priori”, donc totalement artificielle, sans aucun lien avec quelque langue vivante que ce soit. L’échec du Solrésol, comme celui du Volapük, poussa le monde scientifique, politique et culturel à plus de circonspection par rapport à l’idée de langue internationale construite, et l’espéranto, qui s’est montré parfaitement viable, en a souffert.

Langevin (1872-1946)
Physicien, mais aussi militant politique, pacifiste et antifasciste, Paul Langevin mit au point, avec Henri Wallon, un projet de réforme de l’enseignement. A l’inverse de nos ministres de l’éducation nationale qui, de quelque bord que ce soit, avec le ouï-dire pour seule référence, affichent un parfait dédain à l’égard de cette langue depuis des décennies, il avait tenu à examiner la question de plus près : "Il importe avant tout de s’en tenir à une langue. L’essai de l’ espéranto a été concluant. Il vit, il prospère, il répond à tous les besoins auxquels doit répondre une langue auxiliaire. Assurons le développement de l’ espéranto, et de lui seul."

Lumière (1864-1948)
Inventeur du cinématographe, Louis Lumière fut l’un des 42 savants signataires d’un voeu émis en 1924 par l’Académie des Sciences en faveur de l’enseignement de l’espéranto et de son application pratique : “Je suis convaincu que la généralisation de l’emploi de l’espéranto pourrait avoir les plus heureuses conséquences en ce qui touche les relations internationales et l’établissement de la paix universelle. Mais il conviendrait d’inscrire l’obligation de son enseignement dans les programmes scolaires, semble-t-il. L’effort qui serait demandé aux jeunes gens après l’instruction primaire qui doit, à mon avis, se limiter à l’étude de la langue maternelle, serait peu de chose et préparerait ainsi très facilement la jeunesse à l’échange international des idées et des transactions de toutes sortes. Ce n’est que par l’obligation qu’une telle instruction pourrait être effective et efficace." Voir en section "Documents", 1924 : 42 membres de l’Académie des Sciences reconnaissent et recommandent l’espéranto

Lyautey (1854-1934)
Louis Hubert Gonzalve Lyautey, Maréchal de France, appartint en 1937 au Comité d’Honneur de la Conférence Internationale Esperanto en Moderna Vivo qui se tint à Paris dans le cadre de l’Exposition Internationale des Arts et des Techniques dans la Vie Moderne. Les rapports et conclusions de cette conférence ont été publiés en espéranto dans un ouvrage de 142 pages. Lyautey avait en tous cas pu se rendre compte des difficultés du français pour des personnes dont les langues étaient fort différentes de la nôtre : “Le plus grand obstacle à notre colonisation est la grammaire française”. Comme celui du latin, l’usage du français n’était accessible qu’aux couches privilégiées de la population.

Martin du Gard (1881-1958)
Dans son roman Les Thibault, qui lui valut, en 1937, le prix Nobel de littérature, l’écrivain Roger Martin du Gard mit en scène trois fervents espérantistes et fit dire à l’un d’eux, le professeur Charpentier, de Lausanne, que l’un des besoins urgents pour l’humanité était de lui donner une langue universelle parce que l’adoption de l’espéranto, comme auxiliaire de toutes les langues nationales, aiderait beaucoup dans les relations humaines spirituelles et matérielles. Il plaisait à ce professeur de s’appuyer sur la haute autorité de René Descartes qui, dans une lettre avait exprimé dans des formes précises son souhait de créer une langue universelle qui aurait été facile à apprendre, à prononcer, et ce qui aurait été plus important, aurait aidé à penser.

Mitterrand (1916-1996)
Le 13 mai 1974, dans un courrier adressé au président d’une association d’espéranto, François Mitterrand avait écrit :
"J’ai lu votre lettre avec intérêt. Par tradition et par vocation le Parti Socialiste est, vous le savez, résolument internationaliste. Tout ce qui favorise le rappochement des peuples et qui permet une meilleure compréhension internationale ne peut que recevoir mon total soutien. C’est vous dire avec quelle sympathie mes amis et moi suivons depuis longtemps l’action que vous menez en faveur de l’espéranto.
L’enseignement de cette langue correspond à un idéal de communication et d’amitié entre les peuples par delà les barrières des langues et des races. Nous sommes donc tout à fait partisans d’un tel enseignement et d’une aide de l’Éducation nationale permettant sa diffusion.
Il y a encore, je le sais, des habitudes à vaincre et des réticences à surmonter. Mais avec votre appui, je suis sûr que nous y parviendrons.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs."

FRANçOIS MITTERRAND

Monnet (1888-1979)
Considéré comme l’un des pères de l’Europe, Jean Monnet souligna en diverses occasions l’erreur qui avait été commise lors de sa fondation. Ayant eu écho de l’avis du professeur Friedensburg, bourgmestre de Berlin et députés du Bundestag, président de l’Institut allemand de recherche économique, qui avait écrit “l’unification de l’Europe aurait fait des progrès beaucoup plus rapides et plus efficaces si nous avions un moyen commun de nous entretenir directement”, Jean Monnet confirma : “Friedensburg a raison. Il aurait fallu commencer aussi par la langue et par la culture.”

Montesquieu (1689-1755)
Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu perçut depuis dès 1728 ce que bon nombre de têtes pensantes de ce début de troisième millénaire ont été incapables de remarquer alors que l’Union européenne patauge dans les problèmes de communication linguistique dont, en premier lieu, celui de l’inéquité : “La communication des peuples est si grande qu’ils ont absolument besoin d’une langue commune.”

Napoléon (1769-1821)
Le lieutenant qui, à Auxonne, en 1790, avait signé “Buonaparte” cette lettre adressée aux grands pour obtenir de l’avancement était sans doute fâché avec l’orthographe de la langue française : “Si ce travaille avait déjà paru je ne vous importunerais pas. Je sais qu’alors il ne reste qu’à obéir, mais dans l’état des choses je me flatte que vous daignerez vous inttéresser à moi. Je concerverai de votre bonté un souvenir reconnécent.
Avec respect.
Votre très humble et très obéissant serviteur”

L’un des descendants de son frère Louis, le Prince Rolland BONAPARTE (1858-1924), effectua de nombreux voyages scientifiques et devint membre de l’Académie des Sciences. Il fut l’un des 42 signataires du voeu émis en 1924 par l’Académie des Sciences. Son avis sur l’espéranto n’était pas qu’un simple geste de complaisance : “J’ai fait une étude de l’espéranto, et j’ai pu apprécier la valeur de cette langue. L’union de tous les hommes est absolument désirable, c’est un idéal malheureusement difficile à réaliser. Il faut donc accueillir avec une grande joie tous les progrès capables de les rapprocher. Eh bien, pouvoir se comprendre et parler la même langue est un progrès des plus certains. Je crois que tous les efforts que vous [les espérantistes] faites pourront avoir un jour un excellent résultat et nous permettront de dire que nous sommes tous réellement citoyens du monde.”

Cet avis va dans le sens d’un type de relations entre les peuples reconnu trop tardivement par Napoléon, c’est-à-dire le triomphe de l’esprit : "Savez-vous ce que j’admire le plus au monde ? C’est l’impuissance de la force à fonder quelque chose. Il n’y a que deux puissances au monde : le sabre et l’esprit. A la longue, le sabre est toujours vaincu par l’esprit."

Il avait tenu ces propos auprès de l’écrivain Louis de Fontanes (1757-1821) qu’il avait nommé grand maître de l’Université à partir de 1808. Cette reconnaissance venait un peu tard : les guerres napoléoniennes ont fait plus d’un million de morts, exacerbé les nationalismes et attiré l’hostilité de toutes les nations d’Europe contre la France.

Newton (1642-1727)
Mathématicien et physicien anglais, Sir Isaac Newton s’efforça de construire une langue universelle. Des notes à ce sujet se trouvent dans un manuscrit non publié qu’il aurait probablement écrit avant son entrée, en 1661, au Trinity College de Cambridge. Le premier manuscrit, de 40 pages, est une esquisse, le second, de 15 pages, un schéma.

Nietzsche (1844-1900)
Linguiste avant de devenir écrivain et philosophe, Friedrich Nietzsche occupa une chaire de philologie à Bâle en 1869. En 1878, écrivait dans “Humain trop humain” :
"Apprendre plusieurs langues remplit la mémoire de mots, au lieu de faits et d’idées, quand cette faculté ne peut chez tout homme recevoir qu’une certaine quantité déterminée de contenu. Mais comme le commerce des hommes devient de jour en jour plus cosmopolite (...), il faut avouer que l’étude de plusieurs langues est en ce moment un mal nécessaire ; mais aussi il finira, en arrivant à l’extrême, par forcer l’humanité à trouver un remède.
"Et dans un avenir aussi lointain qu’on voudra, il y aura pour tout le monde une langue nouvelle artificielle qui servira d’abord de moyen de communication au trafic, ensuite aux relations intellectuelles, aussi certainement qu’il y aura un jour une navigation aérienne.
"Autrement, à quoi serait-il bon que la linguistique ait étudié, pendant un siècle, les lois du langage et apprécié, dans chacune des langues, ce qu’il y a de nécessaire, d’utile et de réussi ?"
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Palme (1927-1986)
Avant de devenir premier ministre suédois, de 1982 jusqu’à son assassinat en 1989, Olof Palme avait écrit en 1976 à SLEA-Informilo, bulletin de l’association suédoise des travailleurs espérantistes, qu’il était convaincu de l’existence d’un lien entre la soif de connaissances, la participation à la vie internationale et l’apprentissage de l’espéranto parmi les travailleurs suédois des années vingt et trente du XXème siècle. “Il est tout à fait évident qu’il aura à l’avenir une grande mission dans l’accélération de la compréhension et de la coopération internationales“, avait-il écrit. Il ne s’était pas trompé en cela puisque, surtout grâce à Internet dont il constitue le complément linguistique extraordinaire, même pour ceux qui connaissent l’anglais dominant, l’espéranto est de plus en plus utilisé là où l’anglais et le multilinguisme révèlent des insuffisances.

Perrin (1870-1942)
Physicien, prix Nobel de physique 1926, Jean Perrin fut l’un des 42 membres de l’Académie des Sciences qui, en 1924, signèrent un voeu en faveur de l’enseignement de l’espéranto et de son application pratique.

Pissarro (1830-1903)
Le nom du célèbre peintre Camille Pissarro n’est pas directement lié à l’idée de langue internationale, mais son quatrième fils, Rodolphe, peintre et sculpteur, dont le pseudonyme était Ludoviko Rodo, était un militant espérantiste. On lui doit entre autres ce portrait d’Albert Einstein et un buste du Dr Zamenhof.

Poincaré (1860-1934)
Raymond Poincaré créa, avec Lucien Poincaré et Paul Brouchot, un projet nommé “Ixessoire” fondé sur le grec classique mais qui resta dans les cartons. Homme politique, plusieurs fois ministre, Poincaré reprocha vivement aux espérantistes, en 1922, leur attitude face au traité de Versailles dont il fut pourtant dit qu’il était “gros d’une guerre”, ce que la suite démontra. C’est précisément à cette époque, où Hitler stigmatisa l’espéranto pour la première fois, lors d’un discours vociféré à Münich, que le gouvernement français s’opposa farouchement à toute discussion sur l’espéranto au sein de la Société des Nations . Le ministre de l’instruction publique, Léon Bérard, alla même jusqu’à interdire l’utilisation des locaux scolaires pour les cours d’espéranto. Cette décision fut abrogée en 1924 par le gouvernement d’Édouard Herriot.

Rabelais (1494-1553)
L’écrivain, médecin et humaniste François Rabelais avait déjà perçu le caractère superficiel de l’opposition entre langues naturelles et artificielles : “C’est erreur de dire que nous ayons langage naturel : les langues sont par institution arbitraire et convention des peuples.” Son avis fut confirmé au XXème siècle par des linguistes aussi éminents qu’Antoine Meillet et Edward Sapir.

Reclus (1830-1905)
Renommé pour la qualité de ses travaux, le grand géographe Élisée Reclus avait déjà observé l’étendue des applications de l’espéranto. Dans son oeuvre magistrale “L’Homme et la Terre”, il avait ainsi confirmé qu’il était bel et bien entré dans la vie :
"Chose curieuse, cette langue nouvelle est amplement utilisée déjà ; elle fonctionne comme un organe de la pensée humaine, tandis que ses critiques et adversaires répètent encore, comme une vérité évidente, que les langues ne furent jamais des créations artificielles, et doivent naître de la vie même des peuples, de leur génie intime. Ce qui est vrai, c’est que les racines de tout langage sont extraites, en effet, du fond primitif, et l’espéranto en est, par tout son vocabulaire, un nouvel et incontestable exemple.
Quoi qu’il en soit, une révolution aussi capitale que le serait l’adoption d’une langue universelle ne pourrait s’accomplir, sans avoir dans la vie des nations les conséquences les plus importantes en faveur de la paix et d’un accord conscient…
L’inventeur de l’espéranto et ceux qui, dans tous les pays du monde, lui ont donné un énergique appui ne professent nullement l’ambition de remplacer les langues actuelles, avec leur long et si beau passé de littérature et de philosophie ; ils proposent leur appareil d’entente commune entre les nations comme un simple auxiliaire des parlers nationaux.”

Roger Martin du Gard (1881-1958)
Écrivain et Prix Nobel de littérature (1937) Roger Martin du Gard estimait que “L’adoption de l’espéranto faciliterait entre les hommes les échanges spirituels et matériels.” Un paragraphe de son livre Les Thibault décrit trois hommes qui parlaient une langue qui n’était ni l’espagnol, ni l’italien et conclut par la citation de Descartes à propos d’une langue universelle.

Roux (1853-1933)
Directeur de l’Institut Pasteur, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine, le Docteur Émile Roux avait répondu à une lettre Louis Poncet, candidat au doctorat : “Rien ne prouve mieux l’utilité d’une langue internationale auxiliaire que l’exemple rapporté dans votre thèse.
Entreprenant une enquête sur la réglementation de la vaccination préventive contre les maladies typhoïdes dans les différents pays, vous avez fait usage de l’espéranto pour demander des renseignements aux personnes autorisées, parlant des langues que vous n’entendez pas. Le nombre des réponses que vous avez reçues montre que l’espéranto est un précieux moyen de correspondance, puisqu’il vous a mis directement en rapport avec des personnes compétentes que vous désiriez consulter et vous a procuré, sans intermédiaires, les renseignements qui vous étaient nécessaires.
Je vous félicite de l’initiative que vous avez prise et je souhaite que votre exemple soit suivi.”
 [5]

Sartre (1905-1980)
Jean-Paul Sartre, qui refusa le Prix Nobel, avait exprimé son approbation de l’idée d’une langue internationale à condition qu’elle ne tuât pas les langues et cultures nationales. C’est précisément ce que peut et veut éviter l’espéranto. Son roman La nausée et ses pièces Huis Clos et La P... respectueuse ont été traduits et publiés en espéranto.

Verne (1828-1905)
Président d’honneur du Club d’Espéranto d’Amiens, Jules Verne fut un grand ami de cette langue. Peu avant sa mort, il avait commencé à écrire un livre intitulé Voyage d’études dans lequel il fit dire à l’un de ses héros : “L’espéranto, c’est le plus sûr, le plus rapide véhicule de la civilisation.” Ce roman inachevé a été publié seulement en 1993 avec quatre autres récits sous le titre San Carlos (Le Cherche Midi Editeur, Paris) à partir de documents acquis par la Ville de Nantes grâce aux participations du Conseil Général des Pays de Loire, du Conseil Général de Loire-Atlantique et de la Fondation de France.
La nièce de Jules Verne, Mme Allotte de la Fuye, écrit dans sa biographie qu’il répétait souvent que "la clé d’une langue commune perdue dans la tour de Babel ne peut être refaite que par l’utilisation de l’espéranto".

Voltaire (1694-1778)
“La diversité des langues est un des plus grands fléaux de la vie”, avait-il écrit. Comme beaucoup de grands classiques, François Marie Arouet, dit Voltaire, a été traduit en espéranto. On doit par exemple à Lanti (Eugène Adam), le fondateur de SAT, la traduction de trois de ses oeuvres : Kandid aŭ la optimismo, Zadig aŭ la destino et Senartifikulo.

Zay (1904-1944)
Esprit novateur, député à 27 ans, ministre de l’Éducation nationale à 31 ans, prisonnier politique à 36 ans sous le régime de Vichy, assassiné à 39 ans par des miliciens, Jean Zay fut le premier ministre de l’éducation en France à introduire l’espéranto dans l’enseignement comme activité socio-éducative. Dans une biographie intitulée Jean Zay (Éditions Corsaire), l’historien Marcel Ruby a écrit “Il veut aussi être le défenseur de la culture universelle. C’est pour ça qu’il soutient l’espéranto, langue de l’espoir…”. Beaucoup de villes, dont Paris, ont donné son nom à des rues ou à des établissements d’enseignement.

Zamenhof (1859-1917)

Le Dr Zamenhof est considéré dans de nombreux pays comme l’une des grandes figures de l’humanité. Sa mémoire a été honorée de manières très diverses, comme le montrent les exemples suivants. Jusqu’en avril 2000, les noms du Dr Zamenhof et de l’Espéranto ont été attribués, dans 55 pays, à 1335 voies de circulation, monuments, lieux ou édifices publics, à des arbres, etc. ; des plaques commémoratives ont été consacrées à des pionniers de l’espéranto. Quelques exemples :
 Ponts Esperanto à Karlsruhe (Allemagne) et Szentes (Hongrie),
 Esperanto Park à Wiener Neustadt (Autriche) et à Budapest (Hongrie),
 Zamenhof-Park à Leeuwarden (Pays-Bas),
 Colline Zamenhof (État de Goias, Brésil) et à Kiralykut (Hongrie, près du « Belvédère Zamenhof »),
 Île Espéranto sur le Danube, en Bulgarie,
 Fontaine Espéranto, à 4 km de Piliscsév (Monts Pilis, Hongrie),
 Clinique d’Ophtalmologie à Prilep (Macédoine),
 Centre de soins Zamenhof à Tel Aviv, dans la rue du même nom (Israël),
 Navire Zamenhof (Pologne),
 Avion de ligne Zamenhof (appareil TU-134 de la compagnie LOT, Pologne),
 Train Esperanto (Roumanie, ligne de Bucarest à Sibiu, depuis le 24 mai 1998),
 Salle de concerts Esperanto House à New York,
 Cloche Espéranto du Carillon de la Paix à Stockum (Allemagne) ; autre cloche E à Castres (France)
 Musées d’Espéranto à Vienne (Autriche), Szeged (Hongrie), Sant Pau d’Ordal (ou San Pablo de Ordal, Espagne), Gray (Haute-Saône, France).

Curiosités :

 C’est un navire bananier qui, à Málaga, reçut la première fois le nom “Esperanto” en 1896 ; il a servi jusqu’en 1966.
 La rue de l’Espéranto la plus longue du monde mesure 4 km et se trouve à São Sebastião do Cai (Brésil).
 Le « ZEO » le plus nordique se situe à 1250 km du pôle Nord. Il s’agit de la presqu’île de l’espéranto « Esperantoneset » dans l’île norvégienne du Spitzberg. Ce nom lui a été attribué en 1924 ou 1929
 Découverts respectivement en 1936 et 1938 par l’astronome finlandais Yrjö Väisälä, deux astéroïdes, dont l’orbite se situe entre Mars et Jupiter, ont été nommés respectivement “Esperanto” et “Zamenhof”.
 En botanique (lichénologie), une variété de lichen a reçu le nom “Zamenhofia” et, pour ce qui concerne l’entomologie, une espèce de scarabée chinois a été nommée “Gergithus esperanto”. Il se distingue par cinq points verts disposés en étoile, comme le symbole de l’espéranto.
 A cela s’ajoutent des médailles frappées à l’effigie du Dr Zamenhof (Pologne, Yougoslavie, France), des pièces de monnaie (Croatie), des flammes postales et pas moins de 50 timbres-poste émis par les administrations postales de divers pays, etc.
 Lancée par la Nasa en 1977, la sonde spatiale “Voyager II” comporte des messages de plusieurs pays en diverses langues destinés à des éventuels extra-terrestres. Elle a quitté le système solaire en 1993. L’un des messages a été prononcé en anglais et en espéranto par M. Ralph Harry, alors qu’il était ambassadeur d’Australie à l’ONU.

Une liste complète et tenue à jour se trouve sur le site web de la filiale de Lodz de l’Association Polonaise d’Espéranto : http://www.ikki.com.pl/esperant ou http://www.ikki.com.pl/esperant/zeo/

Voir aussi : “Monumente pri Esperanto“. Hugo Röllinger. Rotterdam : UEA. 1997. 112 p. Documents, statistiques, graphiques, photos, et tableaux sur 1044 « ZEO » de 54 pays recensés jusqu’à cette période. Très utile pour les démarches visant l’attribution de nouveaux « ZEO ».

A La Roche-sur-Yon, le rond-point du Dr Zamenhof a été inauguré le 18 septembre 1999 par M. Jacques Auxiette, maire de La Roche-sur-Yon et conseiller régional des Pays de Loire. Il a été le point de départ ou/et de retour de voyages de longue durée dans lesquels l’espéranto a joué un grand rôle. L’un autour du monde, d’une durée de 23 mois, a été effectué en stop par Rachel Prual et David Cholet du 15 juillet 2000 au 15 juin 2002. Il a été le point de retour de Gudule Le Pichon et Laurent Cuenot, partis pour un tour d’Europe en roulotte de 4 ans le 5 mai 1977 du Poiroux (Vendée) avec un enfant de six mois (Lola) et revenus avec deux (la même et Romain ;-) le 19 octobre 2002, soit au bout de cinq ans et demi.

Autres rues de La Roche-sur-Yon

A noter que des oeuvres de Georges Brassens, Albert Camus, Érasme, Antoine de Saint-Exupéry, et bien d’autres cités ou non dans la présente recherche, et dont des rues de La Roche portent les noms, ont été traduits en de nombreuses langues dont l’espéranto.
Comme Louis Braille et Valentin Haüy, en tant qu’ophtalmologiste, le Dr Zamenhof s’est soucié de la vue des gens, mais aussi de la cécité mentale dont certains font preuve.
Enfin, l’esprit qui anime l’espéranto va tout à fait dans le sens de ces principes dont des rues de La Roche portent aussi le nom : Concorde, Droits de l’Homme, Fraternité, Liberté.

Et dans d’autres villes de Vendée

Les Sables d’Olonne : Une rue porte le nom d’Alfred Roux, instituteur, qui dirigeait un cours d’espéranto aux Sables d’Olonne autour des années 1936. Il mourut fusillé par l’occupant durant la seconde guerre mondiale.

Luçon : L’architecte luçonnais Léon Ballereau fut le tout premier pionnier connu de l’espéranto en Vendée. Une rue porte son nom. Institutrice, Elisa Obalski guida des cours d’espéranto à Luçon avant et après la seconde guerre mondiale. La Ville a consacré à sa mémoire un foyer pour personnes âgées et une salle de réunions proche de la mairie.