La mise en place des monopoles du savoir

Publié le sabato 27a julio 2002 par admin_sat , mis a jour le dimanĉo 8a aŭgusto 2004

Spécialiste d’informatique, dont il est professeur à l’université de technologie de Belfort-Montbéliard, Charles Durand présente ainsi son ouvrage qui figure en intitulé : Cet ouvrage a pour but d’inventorier les conséquences, subies depuis une quarantaine d’années par les pays non anglophones, de l’adoption presque généralisée de l’anglais comme outil de communication internationale dans le domaine de la recherche en science et en technologie.
(...) La disparition progressive des langues autres que l’anglais du domaine de la communication scientifique internationale suivait en fait les directives énoncées dans l’« 
Anglo-American Conference Report 1961  ». Ce document de nature confidentielle était destiné au British Council dont l’actuel président Tony Andrews déclare d’ailleurs sans complexe que « l’anglais devrait devenir la seule langue officielle de l’Union européenne » - (rapporté par le « Frankfurter Allgemeine Zeitung » du 27 janvier 2002).

Rien que ça ! Parallèlement, de nombreux laboratoires, instituts, centres de recherche et même certaines divisions d’industries manufacturières ont, dans divers pays non anglophones, adopté l’anglais comme langue « officielle » de leurs activités sous la pression de leurs dirigeants qui prétextaient des nécessités commerciales et des impératifs de communication à l’échelle planétaire.

« La mise en place des monopoles du savoir » présente un examen détaillé de la situation actuelle et démontre que l’adoption officielle ou officieuse de l’anglais comme véhicule de communication internationale dans le seul domaine scientifique entraîne un certain nombre d’effets pervers pesant très lourd par rapport aux bénéfices que cette pratique est censée apporter à ses promoteurs. Plus particulièrement dans le cadre universitaire, elle entraîne la formation de monopoles en opposition absolue aux principes de libre accès au savoir dans des établissements d’enseignement supérieur libres et ouverts.

L’actuel quasi monopole du savoir technico-scientifique moderne détenu par les Anglo-américains — que certains refusent d’admettre — n’est pas lié aux seuls mérites de leurs chercheurs et de leurs ingénieurs. Dans une large part, il est la conséquence directe de l’adoption de la langue anglaise comme langue internationale en science et en technologie, démultipliant ainsi la visibilité du monde anglo-saxon dans ces secteurs au détriment de celle des autres. A terme, l’usage de plus en plus répandu de l’anglais dans les laboratoires de recherche, qu’il soit librement choisi ou imposé, aboutit à une véritable stérilisation du processus créatif, à un réalignement automatique sur les thèmes de recherche anglo-américains et à des contributions presque exclusivement techniques. La pensée scientifique est probablement condamnée à stagner tant que les langues autres que l’anglais n’auront pas reconquis leur statut d’outil d’investigation et de communication à part entière dans tous les secteurs de recherche.

Ce livre cible les universitaires et les ingénieurs qui sont impliqués dans des activités de recherche. Il désacralise un sujet tabou, celui de l’usage de plus en plus répandu de l’anglais comme véhicule de communication dans le monde moderne de la recherche. Il dénonce la naïveté de ceux qui croient que l’usage de cette langue est neutre alors qu’elle entraîne des altérations considérables dans la nature de la démarche scientifique, sans compter les énormes privilèges économiques et politiques (en faveur des nations anglophones) créés dans son sillage. L’ouvrage fait voler en éclats le mythe de la prétendue nécessité d’une lingua franca dans les sciences et les techniques sur la base d’un argumentaire totalement pragmatique et indispensable à tous ceux qui veulent donner un nouveau souffle à la créativité scientifique. Il fournit de nombreuses explications et informations pour comprendre ce qui se passe. En l’absence totale de vision à long terme qui caractérise la plupart des sociétés industrialisées contemporaines, il comble un vide qui sévit dans la pensée actuelle en touchant un problème crucial qu’il convient de laisser de côté, selon certains.

"La mise en place des monopoles du savoir", Éditions l’Harmattan, 120 pages, ISBN : 2747517713. En toute bonne librairie ou sur www.alapage.com , www.chapitre.com ou www.amazon.com.