LaProvence.com - 13 juillet 2012 - Deux militants insoumis que l’espéranto fait vivre

LaProvence.com publie le 13 juillet un article intitulé Deux militants insoumis que l’espéranto fait vivre.

Deux militants insoumis que l’espéranto fait vivre

José Grammatico et Patrick Lagrange militent pour une langue simple et commune
L’espéranto est une langue performante en terme de vitesse d’apprentissage. Avec 120 heures de cours, un élève arrive au même niveau de savoir qu’un autre ayant passé 1 200 heures à étudier l’anglais.
Photo Nicolas Vallauri

Un monde sans verbes irréguliers, sans doubles consonnes, sans exceptions improbables censées confirmer des règles que personne ne comprend… "Non l’Espéranto n’est pas une utopie !" rétorquent José Grammatico et Patrick Lagrange. C’est un projet de langue internationale créé en 1887 dans lequel baignent ces deux adhérents de l’association manosquine Ekem, "pour une langue équitable".

"Une question de justice sociale", lance le militant insoumis, avant de donner plus de poids à son argument : "L’espéranto est une langue commune, mais pas unique. Ce n’est pas la langue d’un pays qui s’impose aux autres. Elle protège les langues locales et n’implique aucune hégémonie politique. Elle est à la fois simple, accessible, précise et riche."

Au premier abord, les deux bénévoles ressemblent à un duo de savants un peu exaltés, mais pas si fous. Après deux heures de dialogue, leurs arguments font mouche. Car, au final, il n’est pas plus illusoire pour eux de se battre pour une langue limpide et collective capable d’améliorer la communication entre les hommes que pour la survie du français aux quatre coins du monde.

Pour Patrick Lagrange, le sage barbu, cet engagement pour plus de liberté n’est pas qu’une histoire de conviction. Il représente le prolongement d’un parcours insolite, la suite logique d’une histoire écrite en espéranto, avec ses 70 éléments linguistiques ouverts sur 800 mots.

"Je ne sais pas comment on l’apprend", révèle avec un large sourire le spécialiste, "car c’est ma langue familiale." Après la guerre, sa mère allemande et son père français fréquentaient les cabarets parisiens à la mode dans lesquels les jeunes venus du monde entier utilisaient l’espéranto pour communiquer.

La fin de l’anglais en 2025

Patrick Lagrange est le fruit de cette rencontre poétique, au lendemain du second conflit mondial. Jusqu’à 15 ans, il fréquente les milieux espérantistes puis vit sa vie d’adulte, devient astronome et retrouve, bien plus tard à Manosque, ses premières amours linguistiques.

Une parole survivante, âgée de 125 ans, plus rattachée à la planète Terre qu’à une seule nation, comprise par des plusieurs millions de personnes…

"Comme le français ou l’espagnol en leur temps, les spécialistes prédisent la fin de l’anglais comme langue dominante en 2025. Cette langue écrasante est de plus en plus isolée. Il suffirait d’une pointe de volonté politique pour généraliser l’espéranto, ce langage égalitaire déjà reconnu à l’Unesco. Pour moi ce combat manifeste une volonté d’humanisme et d’ouverture d’esprit."

Patrick Lagrange et son association interviennent dans les écoles pour raconter leur projet mondial et expliquer les rouages cristallins de l’espéranto. Quinze groupes identiques militent de la même manière en Paca derrière ce slogan : "En Europa [1] ni uzas unu monon ni uzu komunan ligvon [2].*"

"*En Europe nous utilisons déjà une monnaie unique donc utilisons une langue commune." Information : 04 92 72 39 89.

TCOHEN

Source : http://www.laprovence.com/article/m...