Les affaires Jospin

Publié le mardi 11 octobre 2005 par admin_sat , mis a jour le mardi 11 juillet 2006

J’ai bien reçu votre lettre du 17 mai dernier appelant mon attention sur la question linguistique dans la Communauté Européenne.

Vous soulignez à ce titre l’importance de l’esperanto. Défenseurs traditionnels de tout ce qui peut contribuer au rapprochement des peuples, les socialistes mesurent toute la valeur de l’esperanto, qu’ils concidèrent [sic !] comme un outil original de communication entre les hommes et les femmes de toutes origines. (...)

Dans ce courrier adressé à Jean Amouroux (Perpignan) le 12 juin 1984, Lionel Jospin ajoutait que le député André Delehedde, du Pas-de-Calais, animait “un groupe de travail chargé d’élaborer une nouvelle proposition de loi.” Or, s’il est vrai que le PS a déposé deux propositions de loi à la présidence de l’Assemblée nationale (voir ci-après) avant 1981, cet élan prometteur s’est arrêté là. Lors d’un voyage à Hong Kong, devant des étudiants chinois, face à la Chine et au monde, Lionel Jospin avait dit, le 26 septembre 1998 : "Nous avons finalement besoin d’une langue pour la communication universelle, et comme ça ne sera pas l’espéranto, un langage que certains avaient voulu inventer, à partir de toutes les langues, ce sera sans doute l’anglais." Le coup de pied de l’âne !... Mais l’espéranto n’est pas un vieux lion mourant.
Ignorait-il vraiment que l’espéranto est l’une des langues utilisées par Radio Chine Internationale et que cette langue jouit d’un certain prestige dans ce pays depuis la première décennie du siècle dernier ?

C’est précisément en Chine que, pour la première fois au monde, en 1912, Tsaï Yuanpei, ministre de l’éducation nationale dans le gouvernement de Sun Yatsen, décréta l’introduction de l’espéranto dans les écoles normales.

Dessin publié dans "Le Travailleur espérantiste", mars 1989

Jeu de lois

Proposition de loi n° 1667 "tendant à inclure la langue internationale Espéranto dans l’enseignement secondaire comme langue facultative" (enregistrée le 16 mai 1975 à la présidence de l’Assemblée nationale). Présentée par MM. Mexandeau, Bayou, Bastide, Frêche, Sénès, Vivien et les membres du Parti socialiste et les Radicaux de gauche et apparentés.

Proposition de loi n° 1550 "tendant à inclure la langue internationale Espéranto dans l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur comme langue à option" (enregistrée le 19 décembre 1979 à la présidence de l’Assemblée nationale), présentée par MM. Laurain, Boucheron, Marchand, Madrelle, Pourchon, Rocard, Vivien et les membres du groupe socialiste et apparentés.

Une faculté d’oubli certaine

“(...) Son introduction dans l’enseignement public a fait l’objet de nombreux voeux exprimés par des membres de l’Institut de France, des savants et des linguistes, des hommes politiques de presque tous les pays du monde.
L’organisation progressive de son enseignement ne dépend plus présentement que d’une décision politique : il vous appartient, Mesdames et Messieurs, de prendre cette décision qui assure à la fois la sauvegarde et le rayonnement des différents patrimoines culturels de l’humanité dans une compréhension et coopération générales de tous les peuples.
N’est-ce pas à la France, dont le rôle humanitaire ne peut être contesté, de donner l’exemple en propageant l’étude d’une langue auxiliaire neutre, tant recherchée depuis des siècles, pour rendre faciles et meilleurs les rapports, à travers le monde, entre les hommes de toutes origines ?

Extrait de l’exposé des motifs de la proposition de loi n° 1550 (1979). Ça sonne si bien !