N’importe quoi

Publié le mercredi 22 février 2006

Chose curieuse, un long article des pages 56-57 s’appesantit non point sur une langue universelle mais sur le “globish”, un anglais artificiellement vidé de ses ressources et de ses richesses, appauvri, ratatiné, châtré, dépourvu de valeur culturelle, qui ne se prête même pas à l’humour, qui nécessite un complément gestuel (génial dans l’obscurité totale ou derrière un mur !), dans lequel il est conseillé d’éviter les formes complexes de conjugaison et les propositions subordonnées...
Bravo la science !
Et, pour couronner le tout, une allusion curieuse à l’espéranto, aussi brève que fausse et déplacée, apparaît dans ce même article : "entièrement artificielle, cette langue a eu du mal à se propager".
Si l’espéranto était "entièrement artificiel", chacun de ses mots serait d’emblée incompréhensible pour quelque être humain que ce soit. Il suffit de voir un texte pour se rendre compte que l’emprunt aux langues dites naturelles est très fort.
Si les publications scientifiques avaient joué leur rôle, il y a lieu de penser que l’espéranto aurait eu moins de mal, voire peu de mal, à se propager.
Le professeur Umberto Eco, qui a été amené à l’étudier pour la préparation d’un cours au Collège de France, a dit très justement que l’obstacle n’a jamais été linguistique mais politique.
Dans un mémoire adressé en 1899 à l’Académie des sciences morales et politiques, le philosophe Ernest Naville avait écrit : “Une pensée souvent exprimée, mais sur laquelle on ne saurait trop attirer l’attention, est que l’établissement d’une langue internationale est une des nécessités les plus urgentes de la civilisation actuelle.
Le globish est finalement un aveu de l’échec de l’anglais dans le rôle de la langue équitable dont le monde a besoin. Depuis 1899, l’urgence d’une solution équitable est plus que jamais d’actualité.
A propos du globish, un article fort édifiant de Claude Piron apparaît sous le titre “Le globish ? Il y a mieux !” sur <http://www.esperanto-sat.info/article719.html>.