Qu’est-ce qu’un bourgeois ?

Ce texte date de 1926, quand SAT, association-mère de SAT-Amikaro, avait 5 ans d’existence. En 2011, 85 ans plus tard, le contenu est toujours d’actualité, c’est pourquoi nous publions ici sa traduction en français...

Gustave Flaubert, auteur de langue française et parfait styliste, a définit la signification du mot “bourgeois” de la manière suivante : “Un bourgeois est un homme qui pense de façon abjecte”.

Penser de façon abjecte, cela signifie penser égoïstement, viser exclusivement le profit personnel, désirer seulement le bonheur individuel, même si cela doit être acquit par le malheur d’autrui.

Si on est d’accord sur cette définition, il est possible de constater que dans la classe prolétarienne se trouvent beaucoup de tels “bourgeois”. Il existe en effet des travailleurs, dont la seule aspiration est de devenir à leur tour des exploiteurs. Ils ne souhaitent pas du tout le changement de l’actuel système social injuste dont ils sont les victimes, mais seulement leur évolution de classe.

Ces sortes de prolétaires sont toujours prêts à trahir les intérêts de leur classe. Au milieu d’eux, la bourgeoisie recrute laquais, policiers et briseurs de grèves...

Heureusement dans la bourgeoisie se trouvent aussi des gens qui trahissent leur classe. Marx, Kropotkin, Lénine et autres appartenaient à la classe bourgeoise selon leur origine et leur position sociale. Mais il n’ont pas défendu leur classe ; au contraire, ils l’ont âprement combattue. Mentalement, ils ont changé de classe, sont devenus prolétaires et devenus les plus redoutables opposants du capitalisme.

C’est pourquoi la bourgeoisie a détesté et persécuté les trahisseurs de classe...

On ne choisit pas de naître soit dans la classe bourgeoise, soit dans la classe prolétarienne. Mais il dépend de notre volonté de soutenir ou de combattre la classe à laquelle, par notre naissance, nous appartenons.

C’est aussi le résultat du hasard si nous sommes nés soit en Chine, soit au Portugal soit dans un pays autre. Mais par notre volonté nous pouvons devenir locuteurs d’une langue mondiale : nous pouvons volontairement délaisser l’idéologie nationale et par la pensée et mentalement devenir un individu sans nation. Nous pouvons être des trahisseurs de nation, de la même manière qu’il existe des trahisseurs de classe.

C’est pourquoi les membres de SAT ne sont ni dans l’utopie ni dans la fantaisie. Au contraire, ils agissent en tant que réalistes qui se tiennent à la pointe du profond et incessant courant qui porte l’humanité vers l’unité mondiale, vers un système social anational.

Source (version originale en espéranto sur le site de SAT) :
 Kio estas burĝo ?, texte de Lanti paru dans Vortoj de Kamarado E.Lanti (Propos du camarade E.Lanti) (24-VI-1926).{}