Quelques faits historiques

Publié le vendredo 3a novembro 2006

Quelques faits historiques

Le monde syndical est resté sourd à un appel lancé à Amsterdam en 1925 par Nathan Nathans, secrétaire de la Fédération Internationale des Travailleurs des Transports :
"Préparez-vous à la lutte à l’échelle mondiale, accroissez votre connaissance des relations sociales actuelles — en ne cessant de travailler pour votre organisation et aussi en apprenant la Langue Internationale espéranto”(1).
Nathan Nathans, qui parlait l’espéranto, avait lui-même écrit, la même année, la lettre suivante à Lanti (ici : Lanty), le fondateur de l’Association Mondiale Anationale (SAT), dont la langue de travail est l’espéranto.

La Poste hongroise a consacré un timbre-poste à György Kilian, militant ouvrier, espérantiste, martyr du fascisme durant la seconde guerre mondiale. Militante du mouvement ouvrier, espérantiste, Kató Háman, mourut dans les années 30 dans les prisons du régime Horty. Autres victimes en Hongrie : Gyula Kulich, Sandor Fürst (2). Beaucoup de militants ouvriers espérantistes ont péri dans la lutte contre le franquisme, le fascisme et le nazisme, mais aussi sous les régimes totalitaires de l’autre bord.
Membre du Comité politique du Parti Socialiste ouvrier, secrétaire général du Conseil hongrois des Syndicats de Hongrie, Sándor Gáspár pensait lui aussi au rôle possible de la Langue Internationale : “À mon avis, l’espéranto pourrait avoir un rôle significatif pour une meilleure connaissance de la vie et du mouvement syndical de syndicats de langues diverses. Il pourrait beaucoup aider en ce que le problème linguistique soit moins embarrassant, et enfin résolu. C’est, de toutes façons, l’intérêt de tous les syndicats du monde, quel que soit le syndicat national pour lequel l’espéranto faciliterait le rapprochement, la compréhension des divers syndicats et syndicalistes de divers pays." (3)

TUCEG

Au début des années 1980, avec l’appui de parlementaires travaillistes dont la liste apparaît à gauche du tract ci-dessous, des syndicalistes britanniques fondèrent le Trade Union and Co-operative Esperanto Group (TUCEG) qui se fit connaître surtout... en Grande-Bretagne. Il était écrit, entre autres :
Le choix de l’anglais contraindrait plus de 92% de la population mondiale à apprendre une langue difficile. Il donnerait un privilège de fait aux pays anglophones et aiderait à imposer la culture et la manière de voir américano-anglaise au monde entier.
En fait, selon des statistiques de la CIA, le nombre de natifs anglophones (aujourd’hui en régression, en raison de l’évolution démographique mondiale) est de 4,84% de la population planétaire, donc 95,16% de non-natifs et de non-anglophones.
L’initiative de TUCEG n’eut pas l’écho qu’elle méritait auprès des organisations politiques et syndicales des pays non-anglophones qui étaient pourtant directement concernées mais guère sensibilisées à la question et aux conséquences politiques, sociales, économiques et culturelles de la domination linguistique. Il a été souvent dit et répété qu’il y avait “plus urgent que l’espéranto”. Aujourd’hui, ce raisonnement a conduit à placer l’apprentissage de l’anglais à un niveau d’urgence égal ou supérieur à celui de la formation professionnelle, au détriment de celle-ci et au profit des pays dominants de l’anglophonie. "The International Herald Tribune" pouvait titrer triomphalement, déjà en 1978 : “English is a Profitable Export !

1. "Pri Internacia Lingvo dum jarcentoj", Isaj Dratwer, Tel-Aviv, 1977.
2. "Zamenhof", par Marjorie Boulton, éd. Stafeto, La Laguna de Tenerife, 1962. p. 246 + http://histoiresde timbres.free.fr/ PagesUnionEurope/Hongrie.htm
3. “Eszperantó Magazin" n° 9, 1974, et "Hungara Vivo", n° 5, 1974.