Sud Ouest Béarn - 14 juillet 2010 : L’espéranto, une langue pour tous les peuples

L’atelier d’espéranto vient d’achever sa première année au centre social.

« Bonan tagon. » C’est par ces mots qu’ils se saluent. Puis ils discutent dans une langue plutôt surprenante teintée d’accents latins…

Non, il ne s’agit pas de créatures venues d’une autre planète, mais des élèves du cours d’espéranto du centre social La-Haüt. Créé cette année, l’atelier a réussi à fidéliser six élèves, qui apprennent tous les vendredis soir la « langue universelle » en compagnie du créateur de l’atelier, Guy Camy. Les cours reprendront à l’automne prochain.

Mais au fait, c’est quoi, l’espéranto ? « C’est une langue ’’pont’’ entre les nations, explique-t-il. Elle n’a pas pour vocation de remplacer mais de sauvegarder les langues nationales, mises à mal par l’anglicisation. C’est un outil simple et équitable qui appartient à tous. »

« Le Brésil et le Chili envisagent d’enseigner l’espéranto à l’école », assure Guy Camy. photo s. LB.

Facile et économique

Pourtant, la langue des échanges mondialisés, c’est l’anglais… « Oui, mais son apprentissage est difficile et coûteux, répond Guy Camy. De fait, la communication internationale est réservée à une élite. L’espéranto, c’est une langue pour tous les peuples ! »

Et il n’est pas le premier à avoir eu cette conviction : Jean Jaurès, Robert Kennedy, Gandhi, Jules Vernes… Nombreux sont ceux qui ont été séduits par cette langue internationale. Inventée par un médecin polonais, la langue a d’abord une vocation politique. Le docteur Zamenhof veut apaiser les tensions dans son village en facilitant la compréhension entre les communautés. En 1887, il publie « Langue internationale » sous le pseudonyme de Doktoro Esperanto, le docteur qui espère… Une nouvelle langue est née, qui permettrait aujourd’hui « à beaucoup de personnes de ne pas rester sur le bas-côté de la communication mondiale ».

Là où 1 500 heures d’apprentissage seraient nécessaires en anglais, il en faudrait seulement 150 pour l’espéranto ! « En plus, on peut travailler gratuitement sur internet ou sur DVD. » On estime aujourd’hui qu’entre 1 et 3 millions de personnes la parlent couramment dans le monde.

« Coopération et fraternité »

C’est au cours d’un de ses nombreux voyages que Guy Camy s’est rendu compte du problème. « Je me suis souvent heurté à des difficultés de compréhension. C’était frustrant. »

Jusqu’au jour où un collègue de travail lui parle de l’espéranto. « Au début, je n’y ai pas cru, se souvient-il. Et à l’arrivée, je ne lui trouve que des vertus, humaines, sociales ou économiques ! »

Pour sa première année, l’atelier a donc attiré dix élèves au total. Certains pour son côté militant. « Je suis là pour donner vie aux utopies de coopération et de fraternité », lance l’une d’entre elles. Françoise, quant à elle, a été séduite par la facilité d’apprentissage : « J’ai fait dix ans d’allemand et je suis toujours aussi nulle ! Alors que je pense que l’an prochain je parlerai couramment l’espéranto. Des langues qu’on apprend vite en s’amusant, il n’y en a pas beaucoup ! »

Par simon le baron