Une rencontre mondiale de travailleurs sans la barrière de la langue

Publié le lundi 6 octobre 2008 par Vinko , mis a jour le samedi 1er novembre 2008

Du 9 au 16 août 2008, 80 travailleurs
de 14 pays et 3 continents se sont rencontrés,
une fois de plus, pour tenir
l’assemblée générale de leur association,
échanger des informations et des
témoignages sur la situation sociopolitique
du monde, nouer des liens amicaux
et mettre sur pied de nouveaux
projets. Le programme était dense.

Des forums sociaux

Ils traitaient de thèmes tels que la faim
dans le monde, l’activité syndicale et
l’aide à l’insertion des immigrés, les
solutions possibles à la crise socio-environnementale
actuelle, la situation
socio-politique dans les pays post-socialistes,
et les conditions d’exploitation
dans le « paradis capitaliste ». La
déclaration du congrès (voir encadré)
reflète les principaux traits et conclusions
provisoires de ces débats.

Une assemblée générale associative

SAT est une association d’éducation
populaire gérée par ses adhérents.

C’est pourquoi les questions organisationnelles
ont occupé une part importante
du programme, comme il se
doit dans une association où tous les
membres doivent autant que possible
pouvoir être associés à la prise de décision.
Les moyens mis en oeuvre pour
atteindre cet objectif sont le renforcement
du réseau de groupes locaux, qui
permet de garder le contact avec les
membres qui ont des difficultés à accéder
aux nouvelles technologies de
télécommunication, ou ne peuvent pas
se rendre aux congrès pour des raisons
financières et/ou de santé. De plus, la
mise en place de formations pratiques
(maintenance du site de l’association, à
l’aide de SPIP, ou initiation à la lecture
d’un bilan financier) est à l’étude pour
renforcer la démocratie interne, en
mettant à la disposition du plus grand
nombre les compétences nécessaires à
la pleine compréhension de la gestion
associative.

Parmi les réalisations de l’année, on
peut noter la poursuite de la campagne
pour l’élimination des mines antipersonnel,
dans le cadre de la coalition
contre les bombes à fragmentation, et
le lancement d’une nouvelle collection
d’ouvrages, intitulée « mémoire de travailleurs » par la coopérative d’édition
de l’association (en collaboration avec
l’association des Amis de la Commune
de Paris 1871
et la section espérantiste
de l’association culturelle italienne
Arci). D’autres projets d’ouvrages dans
la série « faits et documents », qui traitent
de problèmes actuels (logiciels libres
ou crise socio-environnementale)
sont en cours d’élaboration.

Un programme culturel de qualité

En plus de toutes ces réunions « sérieuses
 », les congressistes ont eu droit à un
programme culturel de qualité. Celui-ci
comprenait plusieurs conférences, sur
des thèmes historiques ou littéraires :
 Un résumé de l’histoire de la Bulgarie
et de la ville de Kazanlak
 Le mouvement des femmes en Bulgarie
 Présentation du livre « La salve du buffle
noir », de Nandor Gion
 L’écrivain ouvrier espérantiste Khristo
Gorov
 Tchoudomir, peintre et auteur bulgare
Enfin, comme il se doit dans une association
où la critique du nationalisme
et du communautarisme n’empêche
pas la curiosité vis-à-vis des différentes
cultures, les soirées ont été animées
par des associations locales de danses
folkloriques, ou consacrées à des présentations
culturelles (lecture d’une
nouvelle par une actrice du théâtre
espérantiste bulgare, chants et pièces
musicales de nombreux pays).

A cela s’ajoutaient plusieurs excursions
(plusieurs musées, des tombes thraces,
le monument de Chipka).

Et surtout, des contacts directs en marge du programme officiel...

Même si le programme officiel était
très dense, ce serait une erreur de réduire
le congrès à cela. Les échanges
allaient bon train entre les réunions,
pendant les repas et jusque tard dans la
nuit pour certains... Il est impossible de
donner une liste exhaustive de tous ces
petits à-côtés qui font aussi le charme
des congrès de travailleurs espérantistes,
et ancrent dans les esprits une
conscience de classe mondiale mieux
que tout discours théorique. Un exemple
parmi d’autres : un plombier retraité
australien a fait part de ses doutes sur
l’utilité de venir à un congrès où la plupart
des participants sont des « intellectuels
 », enseignants ou ingénieurs
par exemple. Son voisin de table, effectivement
chercheur biologiste, n’a
pas eu de mal à trouver des exemples
montrant que cette généralisation était
abusive (d’autant plus que le troisième
convive était ouvrier agricole dans les
Pyrénées...), en rapportant simplement
quelques moments du congrès : discussion
sur la corruption et le racisme dans
le monde syndical avec un ex-tailleur
de diamants ou encore constatation,
lors d’une promenade avec l’un des
organisateurs du congrès, ouvrier dans
une usine d’armement, que les déremboursements
médicaux sont à la mode
en Bulgarie aussi...

Bien sûr, les discussions ne sont pas
toujours aussi sérieuses. Et là encore, à
entendre les éclats de rires simultanés,
on est toujours surpris de constater
qu’un jeu de mots fait par une Croate
est immédiatement compris par ses
voisins, dont la langue maternelle est
le français ou le néerlandais.
Enfin, notons que quelques échanges
sont aussi passés par l’anglais, notamment
lors de la visite de deux responsables
du parti communiste bulgare.

Et là, la différence était nette entre les
échanges de couloir, balbutiés dans un
anglais approximatif et hésitant, et la
discussion en réunion, interprétée par
un espérantiste bulgare. Cela n’a pas
empêché d’autres congressistes polyglottes
de profiter d’autres occasions
pour réviser leur bulgare. L’espéranto
est une solution très pratique, mais ni
exclusive ni obligatoire, aux problèmes
de communication à l’échelle mondiale.

Adapté d’après un communiqué de
la commission des propositions du
81ème congrès de SAT.

Voir l’article en espéranto sur le site de SAT :
http://www.satesperanto.org/Gazetartikolo-2008.html