Yalta 2012 : plage, excursions et éducation populaire

Publié le merkredo 26a septembro 2012 par Vito , mis a jour le dimanĉo 28a oktobro 2012

Cette année SAT (Sennacieca Asocio Tutmonda, association mondiale de travailleurs espérantistes) a tenu son congrès au bord de la Mer Noire. Le programme regorgeait d’éléments touristiques, ce qui a ravi la centaine de personnes y ayant adhéré et qui a l’habitude de se retrouver pour des réunions de travail associatives et des conférences-débats fructueux.

Hé oui ! Tout peut arriver ! SAT - association ouvrière d’éducation populaire - a donné rendez-vous à ses membres, et aux intéressés, à Yalta, la plus prestigieuse destination balnéaire d’Ukraine, où se rend la bourgeoisie des pays alentours pour la bronzette et la baignade. Bien sûr la soixantaine de travailleurs venue au congrès a profité des nombreux sites incontournables (le château de Livadia où s’est déroulée la Conférence de Yalta en 1945 ; une présentation touristique de la bataille de Sébastopol en 1855, qui a été l’occasion de prendre conscience à quel point les présentations de faits historiques à un public non-averti peuvent incidemment se mêler à des manipulations nationalistes ; etc).

La qualité du programme de conférence-débats sur le nationalisme qui s’est concentré sur la région du monde où avait lieu le congrès, mérite d’être soulignée. Nikolaï Goudskov a présenté sa thèse sur la manière dont la mondialisation économique et les nationalismes se développant actuellement, et les politiques nationalistes locales ne sont pas contradictoires, mais au contraire entre elles tout à fait complémentaires. La présentation du Festival de Langues de Moscou était particulièrement enthousiasmante, et a permis de comprendre, grâce aux explications de Irina Gontcharova, comment on peut faire fonctionner et développer un festival de langues indépendant sans tomber dans le piège nationaliste. Il a aussi été question du Kazakhstan, ce qui a été, fait intéressant, l’occasion de constater que la conférencière Svetlana Biroukova n’a aucune possibilité d’accès par les médias de masse du pays aux informations sur les très importantes grèves de mineurs locales cruellement réprimées par le gouvernement. Ces informations lui ont été révélées par des congressistes d’autres pays pendant le débat. Cet événement a mis en évidence le rôle informatif extrêmement important que rempli déjà l’organe de SAT, Sennaciulo (L’Anational), et qu’il pourrait encore plus largement réaliser. Petko Denev a décrit l’action syndicale en Bulgarie face à la politique capitaliste : les travailleurs touchant là-bas les salaires les plus bas de toute l’Europe, les syndicalistes apprenant peu à peu à agir et évoluer dans un contexte toujours plus étouffant, une forte émigration de bulgares vers l’Europe occidentale pour y travailler contre des bas salaires, et une immigration aussi forte de travailleurs de divers horizons cherchant des conditions de vies meilleures que dans leur pays d’origine.

La partie culturelle du programme était un peu moins riche que dans les congrès précédents, cependant il n’a pas été omis de mentionner le rôle de Borovko, Ostrovski, Langlet et Guiheneuf — tous ayant habité à Yalta et ayant eu une grande influence dans la vie et la pratique de l’espéranto. Yalta est aussi la ville d’Anton Tchekhov, dont la villa a été visitée et dans le jardin duquel les participants ont pu assisté à la présentation de diverses petites pièces de théâtre par la Troupe Espérantiste de Yalta "Improvisation".

Dans les congrès de SAT, il se passe souvent des choses inattendues, et l’une d’elle a été un débat important et approfondi sur les droits linguistiques et le nationalisme dans le contexte ukrainien — au moment où une loi était en discussion au parlement pour faire du russe la deuxième langue officielle en Ukraine, où de grandes parties du territoire sont habitées par un grand nombre de russophones. Ce projet de loi a suscité l’approbation d’une partie de la population et des russes habitants en Russie (qui n’était pas toujours exempte de restes d’un certain impérialisme) et le rejet d’autres ukrainiens (parmi lesquels beaucoup de nationalistes profitant d’une si belle occasion pour faire progresser leur auditoire).

Traduit de l’espéranto par SAT-Amikaro, Union des travailleurs espérantistes des pays de langue française.

Source : http://satesperanto.org/Gazetartiko...