Rencontre de deux idées géniales

Publié le mardi 2 décembre 2003 par admin_sat , mis a jour le mardi 2 novembre 2004

Linux, espéranto ? Quoi de commun ? D’un côté comme de l’autre, il y a un incontestable caractère génial. C’est peut-être ce qui explique qu’un très net intérêt s’est subitement manifesté pour l’organisation d’une réunion publique ou d’un groupe de travail sur le thème “Linux-Espéranto” dans le cadre du congrès de SAT-Amikaro qui se tiendra à La Roche-sur-Yon du 10 au 12 avril (Pâques) 2004. L’association Espéranto-Vendée existe depuis 1996, par contre, il n’existe pas encore, en Vendée, de Groupes d’utilisateurs de Linux et de logiciels libres alors qu’il y en a dans de nombreux départements et pays. Une langue libre, un logiciel libre, deux idées géniales, beaucoup d’affinités : un beau mariage en perspective !

Linux est un système d’exploitation pour ordinateurs, c’est-à-dire la partie immatérielle sans laquelle un ordinateur ne peut fonctionner, un ensemble de formules illisibles pour le commun des mortels mais qui indique à l’ordinateur comment il doit réagir à des commandes. Et il pige !

C’est aussi le programme-maître sans lequel les programmes spécialisés — logiciels de traitement de texte, de publication assistée par ordinateur (PAO), de dessin, base de données, etc., ne peuvent eux-mêmes fonctionner. Linux se caractérise par une grande robustesse, une très grande stabilité. Il est moins exposé que les autres systèmes par rapport aux virus, en particulier un sac à virus très connu qui cherche à imposer son monopole partout dans le monde. Mieux encore, Linux et les nombreux logiciels compatibles sont des logiciels libres : liberté d’utilisation, de redistribution et de modification. Ces logiciels touchent tous les domaines : bureautique, internet, jeux, etc.. Un peu comme l’espéranto, du fait que son usage était celui d’une minuscule minorité essentiellement composée de passionnés, et que le domaine d’utilisation était limité par rapport à l’offre logicielle de sociétés commerciales qui se sont considérablement enrichies, Linux a longtemps été regardé de haut, presque avec commisération. Mais aujourd’hui, l’environnement Linux a de moins en moins à envier à des produits des plus grandes marques telles que Microsoft, Quark, Adobe, etc. Quand on voit le coût des logiciels et de leurs remises à jour, les bogues qui nous font tourner en bourrique, comme par hasard toujours au moment où l’on est pressé, ça mérite réflexion.

L’émergence de Linux et de l’espéranto arrive à peu près au même moment, bien que l’espéranto soit apparu en 1887, grâce aux travaux du jeune Dr Zamenhof, alors que l’écriture de ce qui allait devenir Linux, par l’étudiant finlandais Linus Torvald, n’a commencé qu’en 1991. Le cheminement historique de l’espéranto, de 116 ans en 2003, serait trop long à exposer ici (voir le site www.esperanto-sat.info). Aujourd’hui, de plus en plus de pays, notamment en Asie du Sud-Est, et en particulier la Chine et le Vietnam, abandonnent Windows et autres produits de Microsoft au profit de Linux et des logiciels libres. C’est aussi en Chine que l’espéranto est considéré avec le plus de sérieux : il est officiellement enseigné dans 18 écoles supérieures et universités.

Tout dernièrement, la rédaction d’espéranto de Radio Chine Internationale s’est vu attribuer un temps supplémentaire d’antenne d’une demi-heure. Pour l’espéranto comme pour Linux, ce n’est qu’un début. Linux et ses applications existent maintenant en diverses langues. De grands efforts sont accomplis pour qu’ils soient utilisables aussi dans la langue la plus accessible qui soit par quelque peuple que ce soit et où que ce soit dans le monde entier. Et cette langue, c’est l’espéranto. Notre espoir est donc d’avoir une bonne nouvelle à annoncer pour le congrès de SAT-Amikaro à La Roche-sur-Yon.

La conjonction de ces deux “planètes” que sont Linux et l’Espéranto ne sera évidemment pas annoncée par les voyantes qui occuperont les médias pour annoncer leurs prédictions de 2004 !

Savez-vous cependant qu’il existe deux astéroïdes nommés “Esperanto” et “Zamenhof”, découverts respectivement en 1936 et 1938 par l’éminent physicien et astronome finlandais Y. Väisälä qui était président de l’Association Scientifique Espérantiste Internationale (ISAE) ?

Le génie de l’espéranto C’est aussi un Finlandais, linguiste et espérantophone, qui avait écrit : “L’espéranto est même plus utile que le latin, parce qu’il présente les catégories grammaticales dans une incomparable pureté, il convient donc pour expliquer la grammaire générale.

Comme en écho, un autre linguiste, écrivain et pédagogue, anglophone celui-là, Mario Pei (États-Unis), avait écrit en 1964 : “L’expérimentation montre que l’espéranto est un bon point de départ pour l’étude d’autres langues parce que, en raison de la simplicité de la structure et de la construction des mots et des phrases, il brise la résistance de l’élève ordinaire unilingue, et en constituant en même temps la connaissance de mots étranger, il donne de l’assurance à l’élève et l’incite à apprendre d’autres langues.

L’espéranto a été conçu de telle façon que, après quelques heures d’étude (ce qu’avait fait Tolstoï), quiconque puisse déchiffrer un texte avec un dictionnaire, ce qui est impossible avec la quasi totalitédes langues et en particulier l’anglais et le français.

Ainsi, dans un dictionnaire de français, il est vain de chercher, dans l’ordre alphabétique, des formes conjuguées de verbes telles que “iront”. Ce mot sera même introuvable à “aller” ! En espéranto, chaque élément est invariable (comme en chinois) et se trouve intact dans le dictionnaire avec ses combinaisons. “Du point de vue linguistique, l’espéranto suit des critères d’économie et d’efficacité qui sont admirables”, avait très justement dit Umberto Eco, professeur au Collège de France (à Paul Amar sur Paris Première, le 27 février 1996). En 1924, 42 savants de l’Académie des Sciences avaient reconnu le génie de l’espéranto. Ils l’avaient qualifié de “chef d’oeuvre de logique et de simplicité” et émis un vœu en faveur de son enseignement.

Mais l’Éducation nationale n’en a pas tenu compte, ni de la popularité de l’espéranto. A sa manière, indirectement, en 1958, le président Eisenhower en avait fourni une explication : “Les gouvernements sont plus stupides que leurs peuples.”

Henri Masson