2005 en vue

Publié le mercredi 12 janvier 2005 par admin_sat , mis a jour le samedi 12 mars 2005

Bien avant l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée en 1948, 688 citoyens [1] d’une vingtaine de pays, avaient déjà vécu l’application pratique des principes de “liberté et d’égalité en dignité et en
droit” (Article 1 de la DUDH) sur le terrain de la communication linguistique.

Ce fait s’est confirmé d’année en année depuis un siècle. Les États n’en ont pas tenu compte, et ce sont les peuples qui ont fait et font toujours les frais du chaos linguistique. La langue du plus fort véhicule la loi du plus fort.

La langue liée à l’esprit de justice et d’équité est écartée, y compris dans l’enseignement, par ceux-là mêmes qui condamnent en discours le racisme, l’anti-sémitisme et autres formes d’intolérance génératrice de violence.

Sorte de main linguistique tendue vers l’autre, cette langue, qui aide à comprendre et accepter la diversité, à voir des complémentarités dans la différence, c’est l’espéranto. Il demande de part et d’autre un effort à peu près équivalent, en tous cas bien moindre et nettement moins discriminant que ce à quoi conduit l’usage d’une
langue dominante, avant tout nationale et improprement nommée internationale.

Paru en 1887 d’abord en édition destinée aux russophones, le premier manuel portait un titre traduit par “Langue Internationale” et un pseudonyme d’auteur : “Doktoro Esperanto”.

D’apparence misérable, ce manuel était ce que la bouture d’un grand arbre est par rapport à l’arbre adulte.
L’arbre “espéranto”, qui aura 118 ans en 2005,
a survécu aux pires ouragans de 1914-1918, de 1939-1945 et
bien d’autres, sans compter bon nombre de tentatives
d’éradication et autres actes de malveillance.

Librement et facilement accessibles, ses fleurs et ses fruits sont maintenant à la portée de toute la population mondiale.

Aujourd’hui, il y a 731 députés au Parlementeuropéen. Faute d’avoir réellement aboli la barrière des langues, malgré des moyens humains, techniques et financiers considérables, le dialogue direct entre des élus des divers États-membres
est quasiment impossible à tout moment et en tout lieu autrement que par le moyen de la langue d’un État-membre qui se place ainsi en situation de force. Et que dire des eurocitoyens !

Le projet de constitution européenne escamote totalement ces aspects, menant ainsi à la fracture et au ségrégationnisme linguistiques.

Henri Masson