Deux aspects de l’espéranto

Publié le mardi 24 mai 2005 par admin_sat

La rapidité de l’apprentissage

Tous les noms se terminent en –o, tous les adjectifs en –a, tous les verbes en –i, et chaque racine peut se parer d’une de ces terminaisons et ainsi changer de catégorie selon
l’intention du locuteur. Cela fait preuve d’une grande simplicité et d’une grande transparence.

L’apprenant avance en confiance et ne perd pas de temps à mémoriser des irrégularités. De ce fait, il progresse rapidement.

Jean-Marc Leresche, francophone à l’aise en allemand, a consacré 60 heures à l’espéranto et est ainsi parvenu à un niveau comparable à celui du bac dans une langue étrangère
(vous trouvez sa biographie ci-après). Fritz Wassmann, journaliste germanophone à l’aise en anglais et en italien, a consacré trois semaines entières à l’apprentissage de l’espéranto ; à l’issue de cette période, il a présenté son
sujet, l’énergie solaire, en espéranto, lors d’une conférence au Centre Culturel Espérantiste à La Chaux-de-Fonds.

Actuellement, divers sites présentent l’espéranto
et proposent des exercices pour l’apprendre.

Les documents ci-joints vous en informent. Sur le site www.lernu.net, on note 9 000 visites par mois et on enregistre 25 nouveaux élèves par jour. Il existe des locuteurs qui lisent et écrivent en espéranto sans
pour autant rallier les groupes locaux, les associations nationales ni les congrès mondiaux.

Pour cette raison, il est difficile d’évaluer le nombre de locuteurs de l’espéranto.

La valeur propédeutique

A l’heure actuelle en Suisse, on se pose beaucoup de questions sur l’enseignement des langues. Au sein du groupe de travail "Eveil au langage, ouverture aux langues" dirigé par Mme Christiane Perregaux de l’Université de
Genève, les chercheurs sont arrivés au coeur du problème : dans son apprentissage d’une langue étrangère, l’apprenant doit, à un certain moment, se distancer de sa langue maternelle.

Tout se joue à ce moment-là. C’est presque devenu un proverbe de dire que la langue étrangère la plus difficile à apprendre, c’est la première. L’espéranto comme première langue étrangère fait des miracles ; il permet cette
décentration dans les meilleures conditions possibles. Pour mettre en évidence la valeur propédeutique de l’espéranto, une vaste expérience a eu lieu à Paderborn. Les rapports à ce sujet se trouvent au Centre de Documentation et d’Etudes sur la Langue Internationale (CDELI) de la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds. Au bout d’une année
d’étude de l’espéranto, on apprend les autres langues étrangères beaucoup plus rapidement et plus facilement. Les enfants de Paderborn devaient apprendre le français et l’anglais et ont été testés dans ces deux langues.

J’ai pu observer moi-même les enfants de la Fondation Talento à Budaörs (Hongrie) ; ils commencent l’école à 6 ans ; après un an et demi d’étude de l’espéranto, ils commencent l’étude du français (à côté des autres disciplines).

L’espéranto reste au programme à raison d’une heure par semaine. Je les ai rencontrés quand ils avaient 11 ans : j’ai pu m’entretenir avec eux librement, ils parlaient parfaitement l’espéranto et couramment le français ; je
dirais que leur niveau de français était meilleur
que celui de la plupart des bacheliers suisses qui ont le français comme langue étrangère...

L’expérience de Paderborn repose sur une réalité pédagogique : l’apprentissage se fait bien si on peut le faire en manipulant un modèle qui a trois propriétés
 : il doit être simple, parfait et démontable. Voyez les modèles de molécules en chimie, l’écorché des étudiants en médecine, le modèle de moteur pour les mécaniciens.

Ces modèles sont simples, voire simplifiés : l’écorché est privé de poils par exemple.

Ces modèles sont parfaits : l’étudiant en médecine apprend tout d’abord à connaître un corps standard avant de se pencher sur un corps malade ou amputé. Et la troisième qualité est peut-être la plus importante : l’apprenant
doit pouvoir monter et démonter le modèle à sa guise. Il va ainsi s’approprier les liens entre les parties, l’ordre de montage, la place de chaque partie. L’espéranto fonctionne
comme cela, pour une langue. Mais vient maintenant une grande différence : les trois modèles sus-mentionnés ne sont que des modèles : ils ne fonctionnent pas ! Un écorché
ne peut manger ni digérer ! Par contre, l’espéranto est à la fois modèle et langue, et sert à la communication ; il permet de communiquer une déclaration d’impôts ou une déclaration d’amour, un poème ou une recette de cuisine,
une salutation de bienvenue ou une engueulée.