Le dieu qui lave plus blanc

Publié le lundi 19 septembre 2005 par admin_sat

Croire ou ne pas croire...

Voltaire avait écrit : “ Si Dieu nous a faits à son image, nous le lui avons bien rendu ”.
Une enquête sur les ravages comparés des croyances et de la drogue à travers l’histoire de l’humanité ne manquerait pas d’intérêt.

Dieu en surdose, une croyance en surdose, une doctrine en surdose, ça fait aussi des dégâts... Bertrand Russell avait écrit, dans “Pourquoi je ne suis pas chrétien [1] (1927) :
La croyance communiste en la dictature d’une minorité de vrais croyants a provoqué des abominations sans nombre. ” De la même façon, le chercheur et islamologue étasunien
Ibn Warraq en est venu à écrire un livre intitulé “Pourquoi je ne suis pas musulman [2]

Les religieux “purs et durs”, même s’ils représentent une frange très minoritaire, ont souvent donné raison à l’anarchiste Bakounine qui avait ainsi décrit “ le groupe terrible des croyants fanatiques et colères” : “Plus purs parce qu’ils sont infiniment plus sincères, ils sont en même temps et plus malfaisants, et beaucoup plus féroces et hypocrites. L’humanité leur est inconnue, brûlant d’un zèle ardent pour leur Dieu, ils la méprisent, ils la haïssent et ne demandent pas mieux que d’exterminer les hommes par milliers, par dizaines, par centaines de millier s”.

Lors du congrès universel d’espéranto de Genève, en 1906, le Dr Zamenhof avait relaté les massacres qui s’étaient produits l’année précédente à Bialystok, sa ville natale : “ De toute évidence, la responsabilité en retombe sur ces abominables criminels qui, par les moyens les plus vils et les plus fourbes, par des calomnies et des mensonges massivement répandus, ont créé artificieusement une haine terrible entre les peuples. Mais les plus grands mensonges et calomnies pourraient-ils donner de tels fruits si les peuples se connaissaient bien les uns les autres, si entre eux ne se dressaient des murs épais et élevés qui les empêchent de communiquer librement et de voir que les membres des autres peuples sont des hommes tout à fait semblables à ceux de notre propre peuple, que leur littérature ne prêche pas de terribles crimes mais la même éthique et les mêmes idéaux que la nôtre ? ”.

Certes, l’abolition de la barrière des langues ne peut à elle seule résoudre tous les problèmes, en particulier les conflits d’intérêts.

George W. Bush, l’élu du complexe militaro-industriel étasunien, donne de Dieu une vision aussi caricaturale, grotesque et diabolique que Ben Laden, pur produit de calculs d’apprentis-sorciers de stratèges étasuniens.

L’Argentin Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la Paix 1980, ne se laisse pas abuser par la désignation de coupables d’un seul côté : “ Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de signaler à nouveau que cette folie et cette violence, déchaînées dans le monde, ont quand même beaucoup à voir avec les politiques imposées par le terrorisme d’Etat des gouvernements qui méconnaissent les Résolutions des Nations Unies, le Droit International, les Pactes et les Protocoles et qui commettent les violations systématiques des droits humains, les tortures, les disparitions et les assassinats.  [3]

Les deux pôles du décervelage

Albert Einstein a dit que “ les États-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation  [4].

Dans “Décervelage à l’américaine” [5], Herbert I. Schiller, qui fut professeur de communication à l’université de Californie, à San Diego, a décrit les procédés utilisés pour mener un peuple par le bout du nez. Il y a un véritable détournement de la science pour étudier les comportements et les conformer aux exigences d’un pouvoir qui ne connaît qu’un seul dieu : l’Argent.

Dans un article dénonçant la dérive publicitaire de Radio Canada, le philosophe Jacques Sénécal écrivait dans le quotidien québécois “Le Devoir [6]. “ Avec cette tyrannie du « profit à tout prix », c’est toute une conception non seulement de l’art mais de la vie humaine elle-même qui est en cause. La logique de la maximalisation des profits est devenue si coercitive et si répandue dans la vie sociale et individuelle que je me demande parfois si le sens de la vie n’est pas, finalement, d’enrichir les actionnaires ”.

Auteur de “Gandhi in indian village”, M. Desai avait écrit, à propos de Gandhi : “ Il ne s’élève pas contre les machines allégeant vraiment le travail de l’homme, mais contre un machinisme abusif dont le ressort est l’avidité des profits. Bref, il voulait voir l’Inde échapper à la consommation forcée qu’imposent les régimes orientés vers ce qui cause les rivalités entraînant la misère et la guerre.

Hitler écrivait lui-même dans “Mein Kampf” : “ Grâce à des mensonges adroits, répétés sans relâche, il est possible de faire croire aux gens que le ciel est l’enfer, et l’enfer le ciel... Plus grand est le mensonge, plus promptement il est accepté.  [7]

C’est bien ce qui se passe. Pour le soi-disant chrétien Bush, qui a lancé la guerre d’Irak à partir de mensonges, le sort de la planète et de l’humanité est bien moins préoccupant que le profit et le mode de vie des Étasuniens. Le dieu de Bush lave-t-il plus blanc que celui de Ben Laden ? Les deux ont un point commun : tout ce qui est humain leur est étranger.

Lorsqu’il est question de “terreur”, d’”horreur”, quand la méfiance et la haine s’installent et provoquent des incidents entre les peuples, entre les races, entre les croyants et les “impies”, les terroristes peuvent penser qu’ils ont atteint leur objectif. C’est le but recherché.

C’est leur fonds de commerce. L’horreur absolue, pour eux, c’est la bonne entente, la fraternité entre les peuples, les relations constructives et ce qui y conduit.

L’espéranto ne les intéresse pas Les manifestations fanatiques et aveugles de leur foi poussent à la non-croyance. Zamenhof, qui se définissait “libre croyant”, a connu cette situation.

Henri Masson