NON-COOPÉRATION

Publié le mardi 8 avril 2003 par admin_sat , mis a jour le dimanche 8 août 2004

En certaines occasions, la non-coopération devient un devoir aussi impérieux que la coopération en d’autres temps. Personne n’est astreint à coopérer à sa propre perte ou à son asservissement.” (Gandhi : “Tous les hommes sont frères”)

La machine à décerveler

Les craintes du président Eisenhower étaient justifiées : la Maison Blanche est bel et bien tombée dans des “mains dangereuses” (voir l’extrait de discours du président Eisenhower). Ce mal, contre lequel il avait mis en garde, qui a vu un crime — dont personne n’est mort — dans la douce peccadille de Bill et Monica, va même jusqu’à appeler Dieu à la rescousse pour faire croire qu’il incarne le bien et pour justifier le carnage. L’obscurantisme a su s’adapter à la modernité. Pour Goebbels, un mensonge dit une fois restait un mensonge, répété mille fois, il devenait une vérité. Tout est bien orchestré pour que les soldats des armées d’invasion en Irak croient, comme ceux d’en face, servir le bien. “Si nos soldats commençaient à penser, disait Frédéric II, le roi de Prusse, aucun d’eux ne resterait sur les rangs.
Habitué à vivre au-dessus de ses moyens par le pillage et le gaspillage des richesses et des ressources d’autrui, avec un déficit budgétaire scandaleux qui ferait honte à une ménagère, se faisant passer pour défenseur de la liberté, ce pays protège en fait les autres comme le proxénète “protège” celle(s) qu’il fait “travailler”.


Discours de fin de mandat

du président Dwight D. Eisenhower [1], 17 janvier 1961

“(...) La présence simultanée d’un énorme secteur militaire et d’une vaste industrie de l’armement est un fait nouveau dans notre histoire. Cette combinaison de facteurs a des répercussions — d’ordre politique, économique et même spirituel – perceptibles dans chacune de nos villes, dans les chambres législatives de chacun des États qui constituent notre pays, dans chaque bureau de l’administration fédérale. Certes, cette évolution répond à un besoin impérieux. Mais nous nous devons de comprendre ce qu’elle implique, car ses conséquences sont graves. Notre travail, nos ressources, nos moyens d’existence sont en jeu, et jusqu’à la structure même de notre société.

Dans les organes politiques, nous devons veiller à empêcher le complexe militaro-industriel d’acquérir une influence injustifiée, qu’il l’ait ou non consciemment cherchée. Nous nous trouvons devant un risque réel, qui se maintiendra à l’avenir : qu’une concentration désastreuse de pouvoir en des mains dangereuses aille en s’affermissant. [2]

Nous devons veiller à ne jamais laisser le poids de cette association de pouvoirs mettre en danger nos libertés ou nos procédures démocratiques. Nous devons nous garder contre le risque de considérer que tout va bien parce que c’est dans la nature même des choses. Seul un ensemble uni de citoyens vigilants et conscients réussira à obtenir que l’immense machine industrielle et militaire qu’est notre secteur de la défense nationale s’ajuste sans grincement à nos méthodes et à nos objectifs pacifiques, pour que la sécurité et la liberté puissent prospérer ensemble.
(...)”


Le texte original et intégral de ce dicours en anglais se trouve sur :
http://members.tripod.com/ edyl/jfk/ikefw.html Le présent extrait, avec traductions de Claude Piron en espéranto et en français, peut être lu en section “Divers” de www.esperanto-sat.info.

Sortir du cycle infernal

Ce que Martin Luther King a écrit à propos de la justice raciale s’applique aussi sur le plan mondial : “La violence est aussi inefficace qu’immorale. Elle est inefficace parce qu’elle engendre un cycle infernal conduisant à l’anéantissement général.” (“Combats pour la Liberté” (Paris : Payot. 1968. p. 229),
Le Dr Zamenhof avait exprimé un avis semblable dès 1914 lorsqu’il déclina l’invitation au congrès de la Ligue Mondiale des Espérantistes Juifs qui devait se tenir à Paris : “Si le nationalisme des forts est ignoble, celui des faibles est imprudent... L’un engendre l’autre et le renforce, et tous deux finissent par créer un cercle vicieux de malheurs dont l’humanité ne sortira jamais à moins que chacun de nous ne sacrifie son propre égoïsme de groupe et ne s’efforce de se placer sur un terrain tout à fait neutre.

Des chercheurs et des scientifiques déshonorent la science en créant des armes dites“intelligentes” dont s’emparent ensuite des psychopathes. Des peuples, en Irak, en Corée du Nord, mais aussi aux États-Unis, sont tombés sous la domination ou l’emprise de tels individus.

Le préjugé de supériorité raciale s’associe au préjugé de supériorité nationale et même linguistique : “La hiérarchie des langues correspond rigoureusement à la hiérarchie des races“, affirmait l’un des principaux inspirateurs du national-socialisme, le comte Joseph de Gobineau (1816-1882), dans son “Essai sur l’inégalité des races”. Dans “La force d’aimer” (Paris : Casterman. 1964. p. 19), Martin Luther King écrivait : “La débilité d’esprit est l’une des causes fondamentales du préjugé racial. La personne à l’esprit ferme examine toujours les faits avant d’en tirer des conclusions ; en bref, elle post-juge. La personne à l’esprit débile tire une conclusion avant d’avoir examiné le premier fait ; en bref, elle pré-juge et tombe dans le préjugé”. Un préjugé de même nature existe aussi à l’encontre de l’espéranto.
Notre ministre Luc Ferry le post-juge-t-il ?...

Non-alignement

Pour Martin Luther King,“Toute religion qui prétend se soucier des âmes et qui ne se soucie pas des taudis où elles se damnent, de la misère qui les étouffe, et de la situation sociale dans laquelle elles s’étiolent, n’est qu’une parodie de religion. Elle est exactement ce que les Marxistes voient en toute religion : l’opium du peuple.” (“Combats pour la Liberté”, p. 34). Le véritable dieu de Bush a le visage de Mammon ; il est avide de richesse matérielle. La “guerre-business” qu’il mène s’inscrit dans la continuité : massacre des Indiens, guerre pour le maintien de l’esclavagisme par les États du Sud, dont il est issu, Guerre de l’Opium en Chine, massacre en masse de populations civiles : Dresde, Hiroshima, Nagasaki, My Lay...
Y a-t-il lieu de suivre un pays qui veut aligner le monde sur sa mentalité, sur son modèle socio-économique bancal, malsain et même immoral, alors que, même sans recours au pillage des ressources du monde, sans tirer avantage de la fuite des cerveaux et des capitaux, il serait déjà incapable d’équilibrer son budget ?...
Ce sont des raisons suffisantes pour justifier une politique de non-alignement et, au niveau individuel aussi, de non-coopération humaniste sélective, par exemple par la préférence pour des produits issus de pays et d’entreprises respectant une éthique humaine.
Peu après le départ d’Eisenhower, en 1961, des “mains dangereuses” préparaient déjà un remodelage des structures mentales par le biais d’une langue liée à des intérêts qui ne sont pas ceux de la population mondiale non-anglophone, soit 92% de l’humanité. Une conférence secrète anglo-étasunienne avait alors choisi le moyen pour imposer "une autre vision du monde" : "l’anglais doit devenir la langue dominante".
Est-ce à un pays où l’illettrisme et l’insécurité se portent bien, où au moins 1 100 000 enfants vont en classe avec une arme à feu (réf. “Quid”), de donner au monde des leçons sur le bien ?...

Et l’espéranto, dans tout ça ?

Il a plus que jamais sa raison d’être pour établir un autre type de relations entre les peuples.
Henri Masson