Un autre monde est-il possible sans une autre langue ?

Publié le vendredi 21 novembre 2003 par admin_sat , mis a jour le jeudi 21 octobre 2004

Très rares ont sans doute été les participants du Forum Social Européen qui n’ont pas vu ou entendu le mot ESPERANTO, ceux qui n’ont pas appris que de grandes possibilités se trouvent dans cette langue pour créer les bases d’un autre monde. La relation à l’idée de l’espéranto a presque toujours été sympathique,
parfois même enthousiaste, rarement moqueuse, désagréable ou hostile.

Les possibilités de s’informer ne manquaient pas puisqu’il y avait deux stands à Saint-Denis avec SAT et SAT-Amikaro d’une part et Europe-Démocratie-Espéranto et Espéranto 95 d’autre part, et un à la Grande Halle de La
Villette, à Paris, avec Espéranto-France, JEFO (les jeunes) et la FET (Fédération Espérantiste du Travail). Il y avait aussi celui des Citoyens du Monde www.recim.org, c’est-à-dire un mouvement qui fait usage de l’espéranto.

L’espéranto a eu du succès surtout auprès d’un public jeune, sans préjugés et très enclin à la découverte. Notre collaboration a été demandée par diverses associations, soit pour l’enseignement de la langue, soit pour la traduction de documents (réticulaires ou sur papier), ou pour travailler sur un terrain défini.
Parmi elles, l’Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre (APRIL) <www.april.org> ; travaille entre autres pour le système d’exploitation libre Linux dont l’esprit est totalement conforme à celui de l’espéranto, la langue anationale, libre et sans monopoles.

Tout à côté se trouvait l’Association des Femmes Iraniennes en France qui s’efforce de faire connaître la situation et le sort peu enviables des femmes en Iran sous le régime actuel. En face, il y avait le stand du Groupe Français d’Éducation Nouvelle www.gfen.asso.fr dont l’action et les buts d’émancipation sans frontières sont en parfaite concordance avec ceux de SAT. Des contacts très intéressants ont été établis aussi avec la Confédération Paysanne.

Un élément important du programme a été le séminaire qui s’est tenu à Bobigny. Il était annoncé dans le programme officiel avec interprétation simultanée pour l’espéranto, l’anglais, le français et l’espagnol. Il a réuni entre 40 et 50 personnes. Président de l’Association Hongroise d’Espéranto, Oszkar Princz a parlé en espéranto des problèmes des langues dans l’Europe et du rôle possible de l’espéranto ; Christian Garino de la nouvelle constitution européenne et des langues, de la Journée européenne à Strasbourg (avec un projet de manifestation sur le Pont de l’Europe le 9 mai 2004) et des plans d’EDE. Le professeur Pantaleo Rizzo, spécialiste en économie, a traité le thème "L’espéranto et la construction d’une identité commune ; proposition pratique dans laquelle l’espéranto jouera un rôle." Des conférences ont eu lieu aussi aux sièges d’Espéranto-France et de SAT-Amikaro, entre
autres sur l’évolution du mensuel Le Monde Diplomatique dont les articles, grâce à Wilhelm Lutterman et une équipe internationale de bénévoles, paraissent aussi en espéranto dans leur version réticulaire sur le site
http://eo.mondediplo.com/.

En ce qui concerne l’écho extérieur au Forum, des allusions à "Babel", indiquent que les problèmes de compréhension linguistique étaient très perceptibles. Dans son journal de 20h, TF1 a fait allusion a une véritable Babel. Dans son journal télévisé de 19h 30, France 3 a montré une foule devant laquelle se trouvait une grande banderole avec le mot ESPERANTO.

Mais cette situation babélique était prévisible depuis longtemps. Dès sa fondation, en 1921, à Prague, comme remède préventif, l’association SAT, qui est en soi un Forum Social avant la lettre, avait adopté comme unique langue travail une langue anationale qui ne privilégie aucune nation, aucune puissance aucun groupe humain : l’espéranto.

Durant sa présence au stand de SAT et de SAT-Amikaro, Ronald Lynn, Londonien, adhérent de SATEB (l’équivalent de SATAmikaro en G.B.), a eu l’occasion de parler à
un journaliste irlandais qui a exprimé le besoin d’une langue internationale que l’anglais, à son avis, remplit de façon insatisfaisante.

Il pouvait en effet être constaté que, alors que très peu de participants du forum s’arrêtaient devant les stands des organisations qui ne se présentaient qu’en anglais, les deux stands d’espéranto de Saint-Denis ont été très visités, y compris par des étrangers, en particulier par beaucoup d’Espagnols. Le prospectus en six langues, dont le texte apparaît en section "Social" de http://www.esperantosat.info, a été particulièrement utile car, parmi ces six langues, (espéranto, anglais, allemand, français, espagnol, néerlandais), tous les visiteurs en connaissaient pratiquement plus ou moins une.

Henri Masson