Constitution européenne : pour un OUI au NON, ou un NON au OUI ?

Publié le lundi 1er novembre 2004 par admin_sat , mis a jour le vendredi 29 octobre 2004

Il convient de se souvenir que le maître d’oeuvre de ce projet de constitution est le président de la Convention européenne, Valéry Giscard d’Estaing, à qui l’on doit l’application d’un leurre d’été nommé “l’heure d’été”.
VGE a donné aussi dans l’ubuesque. Il s’est illustré par des liens moins limpides que le diamant avec un ancien capitaine de l’armée française devenu empereur de Centrafrique. Ça sonne comme “centre à fric” mais, en Afrique, plus qu’ailleurs, il y a des hommes à fric et des hommes sans fric. En Centrafrique, 70% de femmes
et 40% d’hommes sont analphabètes.

Lors de sa victoire à l’élection à la présidence de la République, en 1974, avec 50,81% des voix, VGE s’empressa d’oublier celles et ceux à qui il devait d’être élu : il ne trouva rien de mieux que de faire sa première allocution en direct... en anglais. Le corps électoral, ça passe après. Ça pourrait s’appeler “la Voix de son maître” : la reconnaissance envers les maîtres à qui la servilité des princes qui nous gouvernent permet de vivre au-dessus de leurs moyens et d’entraîner le monde dans ses dérives !

En tant que Président de la République française, lors d’un voyage officiel en Louisiane, au mépris des Louisianais francophones qui essaient de restaurer le français dans cet État, VGE s’exprima... en anglais.

Dans son livre Les Français — Réflexions sur le destin d’un peuple (Plon, 2000), VGE appuie avec lourdeur, fatalisme et esprit de soumission le “choix” de l’anglais “devenu la langue commerciale internationale”.

Ce “choix” de l’anglais a été fait voici déjà plus de quarante ans par le “Centre”, c’est-à-dire cinq États adhérant, comme par hasard, au réseau d’espionnage “Echelon” : USA, GB, CA, AU, NZ, à l’encontre de la totalité des autres pays désignés sous le nom de “Périphérie”. Hormis la Grande-Bretagne, tous les pays d’Europe font partie de la “Périphérie”. Depuis lors, conformément aux visées d’un accord occulte — l’Anglo-
American Conference Report 1961 —, son intrusion n’a cessé d’être favorisée de façon insidieuse.

Bonne illustration du choix ô combien “démocratique” de ne pas permettre le choix ! Dans ce projet de constitution, il n’existe absolument aucune garantie contre l’intrusion systématique de l’anglais, déjà bien engagée, dans tous les rouages de la lourde machine européenne.

Tout est fait pour la rendre inexorable et irréversible pour plus d’efficacité au service des maîtres et au détriment des peuples.

Le 15 juin 1989, lors des élections européennes, dans le cadre du “Comité de l’Union” réunissant l’UDF et le RPR, l’Atlantiste VGE avait signé, avec Alain Juppé, cette réponse très édifiante au Secrétaire Général de SAT-Amikaro :

Cher Monsieur,

La démarche des partisans de l’espéranto a toujours été sympathique puisqu’elle tente d’apporter une réponse positive aux difficultés de la construction européenne face à la diversité des langues.

Notre position sur ce sujet est désormais bien connue : nous sommes favorables à l’enseignement de deux langues européennes, l’une dans le primaire et l’autre durant le
cycle secondaire. C’est, à notre avis, la seule possibilité pour le français de continuer à être enseigné à l’étranger.

La solution que vous préconisez a un double inconvénient

 elle fait l’impasse sur l’anglais qui n’est pas, en réalité, une langue européenne, mais mondiale, indispensable pour nos relations avec les Etats-Unis ou le Japon,
 elle condamne à terme l’enseignement du français à l’étranger, au profit de l’espéranto.

Nous vous remercions de votre contribution à la construction de l’Europe unie que nous souhaitons tous, et vous prions de croire, cher Monsieur, en l’expression de nos sentiments très cordiaux.

A. Juppé V. Giscard d’Estaing

Nous connaissons la suite : toujours plus pour la langue des maîtres, la débâcle pour toutes les autres, y compris le français (voir les rapports Legendre de 1995-1996 et 2003-2004, et le rapport Herbillon de 2003). Sauf l’espéranto, langue en voie d’apparition, qui, malgré des entraves, réalise de grandes choses avec peu de moyens.

Pour dire OUI à l’Europe, y a-t-il un autre choix que de dire NON à une constitution giscardienne, à l’expression caricaturale de la démocratie ? Ou/et de consacrer la journée du référendum à une action pour rappeler que la
démocratie, ça passe par l’égalité des chances dans la communication, par l’équité linguistique pour tous les peuples de l’Europe et du monde ?

Henri Masson