La Finlande en folie

Publié le dimanche 11 novembre 2007

Il est vraisemblable que nulle part au monde on ne dépense autant d’énergie et de temps pour les langues étrangères qu’en Finlande. On y a déjà atteint le record de l’extravagance et le sommet de l’absurdité dans l’enseignement des langues.

Cet horaire d’une école typique vaut mieux qu’une illustration :

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
allemand anglais français arts gymnastique
suédois mathématiques allemand français gymnastique
anglais histoire finnois anglais histoire
français suédois biologie finnois suédois
finnois allemand mathématiques physique allemand
physique gymnastique mathématiques biologie
physique physique


Pour supporter une telle surcharge, il faut évidemment surestimer l’importance des langues étrangères, ce qui conduit à l’abaissement de la formation sociale et scientifique permettant d’affronter la vie réelle, au déclin de la pensée créatrice et de la communication vraie, car la connaissance élémentaire de plusieurs langues étrangères ne permet certes aucune participation. N’est possible que la réception à sens unique des informations, et encore si elle a lieu !

Les résultats d’un tel égarement sont maintenant récoltés en surabondance : record du chômage chez les jeunes, record de la criminalité juvénile, la jeunesse insatisfaite se noie dans l’excès de boisson ; des suicides collectifs ont eu lieu dernièrement. La nation entière a dégénéré à l’état d’une valetaille non rétribuée qui rivalise de passivité et attend des miracles de l’étranger. L’utilisation de la langue maternelle diminue par manque de motivations au fur et à mesure que l’orgie des langues est imposée, car cette étude accapare tout letemps. II n’en résulte que confusion extrême et obnubilation de la pensée et des idées.

Seul l’espéranto peut sauver le pays, d’une part en laissant le temps et l’énergie pour apprendre des matières utiles, d’autre part en permettant une communication réciproque et une information à l’échelle mondiale, car l’espéranto est la langue dont l’étude exige le moins de temps.

S.P. Hurtta (Finlande).

Et aujourd’hui ?

Dans un commentaire à l’article de “Clad” déjà mentionné (“Défendons l’anglais ! “ publié sur AgoraVox), “Fanfan la Tulipe“ — autre pseudonyme — a rapporté le témoignage d’un ami qui se déplace beaucoup en Scandinavie, principalement en Finlande. “ Rien que dans son entreprise internationale, 25% seulement du personnel savent parler l’anglais de manière courante alors que c’est une entreprise specialisée en international, et, dans la population finlandaise, le niveau d’anglais moyen est pire que celui des Francais. En Suède, où on nous vante leur capacité à apprendre beaucoup mieux l’anglais que les Francais, il s’avère que oui, ils le maîtrisent mieux que les Français, mais à peine ; par contre il est vrai que les Néerlandais et les Danois, eux, le connaissent mieux que l’ensemble de la population européenne.http://www.agoravox.fr/article.php3?id_arti cle=29606#commentaire1517789

C’est beau, la culture !

Le dessin ci-dessus a été publié le 9 février 1979 dans le journal “Helsingin Sanomat“ (le plus fort tirage de Finlande). Nous l’avons reproduit avec l’autorisation de la rédaction et de l’auteur, Kari Suomalainen (Kari). Il illustre avec justesse l’aspect “culturel“ de la politique linguistique de ce pays — une politique qui ressemble étrangement à celle qui était alors préconisée par la C.E.E.

Le thème de cette caricature est indiqué en haut, à gauche “La ligne principale de la commission (linguistique) a pour but de garantir la diversité de la connaissance des langues des Finlandais“ :

Le personnage de gauche engage le “dialogue“ en russe, continue en allemand et termine en anglais :
“Bonjour Camarade ! Bonjour Monsieur Kutiainen. Comment allez-vous ?
Ce à quoi son interlocuteur répond moitié en français, moitié en suédois :
— “Ça va Monsieur Rompë. Le temps est terriblement beau aujourd’hui“.